En guise d'épilogue, la CEDH condamne la France pour "négligence" dans la mort d'Ali Ziri
La petite phrase de B. Hortefeux (« un beur, ça va ! beaucoup, bonjour les problèmes !») buzze à plein sur Internet. Et le ministre de l’intérieur, à vouloir faire prendre les vessies pour des lanternes, se brûle !
Mais Michel Monpontet, dans son excellente rubrique « Mon œil » (FR2 samedi 13 h 15), nous conte une histoire mille fois plus scandaleuse.
L’histoire de Tonton Ali.
Ali Ziri, 69 ans, est né en Kabylie, du temps de la colonisation. Comme beaucoup de kabyles, il est parti dans la métropole pour gagner sa vie. Pendant quarante ans, il a marné, vivant dans un foyer à Argenteuil et envoyant de l’argent à sa famille restée en kabylie. Une vie sans histoire.
A la retraite, il y a deux ans, il a rejoint sa Kabylie natale. Mais bien sûr, celui que, pour sa gentillesse, on avait surnommé Tonton Ali, avait gardé des copains à Argenteuil.
Pour fêter le futur mariage d’un fils, il revient donc en France. Le 9 juin 2009, après un apéro, avec son ami Arezki Kerfali (61 ans), sans doute un peu plus que doublé, il se fait raccompagner en voiture par cet ami.
Une patrouille de police les intercepte. Très vite, le contrôle aurait dégénéré. "Les trois agents nous ont menottés en nous brutalisant. Ils m'ont plaqué au sol et appuyé la tête contre le bitume", raconte Arezki Kerfali, en montrant les photos de ses hématomes. Il retrouve son ami Ali menotté comme lui et jeté sur le sol du fourgon de police. Lui et son ami auraient été victimes de coups et d'insultes racistes dans le fourgon. "Les policiers nous ont battus et traités de sales bougnoules".
Areski ne reverra pas Ali quand il sortira du commissariat : son ami a été emmené aux urgences (où il n’aurait été pris en charge qu’au bout de 40 minutes). Sa mort sera annoncée le 11 juin.
Une première autopsie conclura à un décès dû à l’alcool. Mais la famille obtiendra une deuxième autopsie qui relèvera de nombreux hématomes et une mort par asphyxie.
Dans quelques jours, Areski Kerfadi comparaîtra devant un tribunal pour outrage à agents. Les trois policiers n’ont pas été inquiétés. M. Hortefeux, prompt à châtier un préfet aux propos guère plus racistes que les siens, ne les a pas même suspendus par mesure conservatoire.
Et l’assassinat de Tonton Ali n’a pas provoqué de buzz.
http://13h15-le-samedi.france2.fr/index-fr.php?page=accueil
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/vie-et-mort-de-tonton-ali_786131.html
Voir aussi : http://deblog-notes.over-blog.com/article-30779749.html
En guise d'épilogue :
9 ans plus tard, alors qu'un tribunal de Rennes a prononcé un non lieu (deux sexagénaires un peu émêchés, jetés menottés dans le dos dans un fourgon par des policiers, c'est normal dans notre beau pays), la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), tout en avalisant la décision de la Cour d'appel rennaise, pointe quand même une "négligence", ce qu'on appellerait normalement "non assistance à personne en danger". Il en coutera 30 000 € à l'état français : le prix d'une bavure !
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