Un « convent » (dans une association, on dirait Assemblée Générale) du Grand Orient de France, principale obédience Franc-maçonne vient de trancher contre la liberté pour les loges d’initier des femmes ; les cinq loges qui avaient, en 2008, osé initier six femmes sont donc désavouées. La masculinité du GOF est donc sauvegardée !
Il est vrai que l’âge d’or du GOF fut la troisième République : il joua un rôle de laboratoire d’idées notamment sur la laïcité et, en particulier, la loi de 1905. Mais une République
qui, tout en concrétisant la déclaration des droits de l’homme et du citoyen par ses grandes lois sur la liberté d’expression, d’association, etc., contredisait le mythe de l’homme abstrait et
asexué, car la citoyenneté, pas si asexuée que cela, ne s’élargit à la moitié féminine de l’humanité qu’en avril 1945, à l’orée de la quatrième République.
Le Monde fait parler un délégué du convent : « Dans sa loge parisienne, une "immense majorité ne souhaitait pas travailler directement avec des femmes. La loge est un endroit fermé, particulier, et nous souhaitons y travailler en masculinité", indique-t-il, récusant tout "sexisme". » (misogynie, ça serait plus juste ?) "Si nous initions des dames, rien ne dit qu'elles ne postuleront pas au conseil de l'ordre et deviennent, pourquoi pas, grande maîtresse !", rajoute un délégué bordelais de 68 ans. Honte et scandale ! imaginez une grande maîtresse !
Le
grand maître, qui ne déparerait chez les jésuites, d’expliquer benoîtement : "Le travail des loges avec les femmes existe depuis 1974. Dans nos activités maçonniques et
sociétales, nul ne peut dire que nous nous coupons de 50 % de la société. Seules 12 % des loges refusent encore de recevoir les femmes." 1945 vote des femmes, 1974 invitation de femmes dans
ce que dans leur jargon, je crois, ils appellent « tenue blanche » qui n’a rien à voir avec la vraie réunion de loge.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les loges discutaient de séparation des églises et de l’état, en ce début de XXIe siècle, elles s’emparent de l’importantissime problème de la burqa, au nom de la dignité de la femme, indigne de fréquenter pour de vrai leurs loges !