« L'annulation par le Conseil constitutionnel de l'article sur les «statistiques ethniques» ne clôt pas le débat. Elle le relance. Et obscurcit encore un peu plus un dossier déjà passablement embrouillé par les controverses juridiques, les passions et les procès d'intention.
La censure du Conseil s'appuie sur deux motifs. L'un de procédure : l'amendement parlementaire en cause était hors sujet. L'autre de fond : en autorisant à collecter, pour les besoins d'études sur la diversité et la discrimination, des données faisant apparaître «les origines raciales et ethniques», il contrevenait à l'article 1 de la Constitution, qui «assure l'égalité de tous les citoyens (...) sans distinction d'origine, de race ou de religion».
Cette lecture «républicaniste» de l'article 1 ne tue-t-elle pas l'esprit du texte en fétichisant la lettre ? On peut en discuter. En quoi est-ce attenter au principe d'égalité que de mesurer l'écart qui sépare les principes de la réalité ? Le but n'est ni de «ficher» les Français selon leurs origines, ni de «consolider des stéréotypes racistes» (SOS-Racisme), mais de poser un diagnostic objectif sur les phénomènes discriminatoires. » Claude Weill (Nel Obs 22/XI/07)
Daniel Schneidermann, à l’inverse, étrillant le pauvre Benoît Duquesne pour un complément d’enquête sur les « bandes ethniques » ne veut pas laisser déraper sur le terrain racial l’analyse de tensions qui sont avant tout sociales et économiques. (Libé 23/XI/07)
Donc, les contrôles au faciès pur fantasme, la discrimination à l’embauche invention de communautaristes, la discrimination au logement juste une question de cautions financières et, à l’évidence, vouloir mesurer ces discriminations fictives nous ramène deux siècles en arrière (cf http://deblog-notes.over-blog.com/article-13692545.html). Ce serait même, ultime perversité, inciter les enquêtés à raisonner en terme de discrimination, alors qu’ils n’y auraient pas pensé d’eux-mêmes, si la question n’était pas posée.
SOS Racisme loin de nier les discriminations, en fait un inventaire très large. Mais la seule méthode qu’il propose est le « testing ». Méthode nécessaire mais qui ne permet en aucun cas de tenter de mesurer l’extension de ces discriminations. On pourrait penser que le sympathique « Touche pas à mon pote » a des combats un peu plus urgents que de lancer une pétition jetant l’anathème sur l’INED et l’INSEE, assimilant, avec une assez forte mauvaise foi, leur démarche scientifique avec un comportement anti républicain (alors même que SOS racisme est lui-même l’objet de ces attaques de la part des républicanistes).
Petit souvenir, dédié à D. Schneidermann : dans une ville moyenne de haute Normandie, à la fin des années 70, militant politique de gauche, nous distribuions des tracts dans les boîtes à lettres de la ZUP ; dans chaque cage les patronymes étaient divers. Puis, peu à peu, sont apparues des cages d’escalier beur, black et blanc. L’office d’HLM d’expliquer que c’était pour résoudre des problèmes de cohabitations entre… quel est le terme politiquement correct ?
commenter cet article …