S’envoler
juste pour la saveur de l’ailleurs
sans l’onde d’un remord
et sous l’aile du levant.
L’Inde , une nouvelle planète
Au retour de l’ailleurs
je pense aux chevaux des frises de Mandawa
le poitrail bombé vers des conquêtes
tandis que du haut des terrasses des havélis
des enfants dirigent leur cerf-volant solitaire.
La route de la soie est devenue muette
délaissée par ceux qui préférèrent la mer
aux pistes de poussières millénaires.
Reste la corrosion du temps.
Je pense à l’ocre jaune de la citadelle de Jaisalmer
masse crénelée abritant des temples de dentelles.
Quand la pierre protège et défend autant qu’elle sait émouvoir.
Plus élevés que l’homme debout
les naseaux pointés vers l’horizon
les dromadaires ont des réserves d’eau de constance et de sagesse.
Je pense à ces épices intenses
enflammant chaque met
à ce plaisir nouveau entre la fulgurance d’un arc électrique
et le dévoilement d’un autre univers.
Foules en déplacement
Tuks-Tuks têtus et tenaces
s’insérant entre des hordes de camions
scooters élaborant des stratégies de contournement
dans une forêt de klaxons dépareillés
et la cohue qui cependant respecte toute vie.
Je pense à la valeur de l’eau
aux marbres taiseux des palais
emprisonnant l’univers des rivalités sanglantes
même lorsque le vent se lève pour espérer la vie.
Amber aux miroirs sertis
dans la toute puissance de sa forteresse
et le goût du raffinement
sous les pas lourds des éléphants.
Dans le tourbillon du trafic
je pense à toutes les nonchalances
celles sacrées des vaches
et des chiens assoupis en bord de route.
Sous les ponts rôdent, grises, les misères.
Un matin, le soleil commençait seulement
à éclairer les remparts du City Palace d’Udaipur
Je voudrais comprendre les pensées des autres
de ceux de l’ailleurs, penser leurs pensées
et me perdre dans le nuage blanc du Taj-Mahal.
Janvier 2019. François Déron
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