Mise à jour 17/02/19 : cliquer ici.
Le conseil départemental de la Vendée nous offre une fable fortement inspirée de La Fontaine : « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf » ! Cela devient la grenouille vendéenne qui se croit aussi importante que le coq tricolore et que le taureau d’Europe. Le double cœur entrelacé, surmonté d'une couronne et d'une croix*, flotte donc sur le même plan que le drapeau tricolore et le drapeau étoilé de l'U.E.
Certes, grâce aux lois de décentralisation, la gestion des collèges relève de la compétence des départements, comme les écoles des communes et les lycées des régions. Il n’est donc pas anormal qu’un département marque cette compétence de son logo. C’est ce que fait ostensiblement le conseil général, devenu départemental, de la Vendée. Le collège Beaussire, à Luçon, a donc droit à ce logo sur sa façade, en symétrie avec celui de l’Académie de Nantes. Une sorte de totem dressé derrière l’entrée principale évite que le passant distrait puisse ignorer que c’est bien la Vendée qui a pris possession de ce collège. D’autant que logo et nom du département sont répétés à chaque entrée du collège, y compris l’entrée des livraisons.
Rien ne justifie donc que la bannière vendéenne vienne en plus s’afficher à côté du drapeau de la République et de celui de l’Union Européenne. Faut-il dire que le Conseil départemental interrogé a accusé réception, mais sans répondre, et que l’Inspection académique, saisie sur la légalité de cette imposture, n’a même pas accusé réception ?
* Pour la cour administrative d'appel de Nantes « le logo de la Vendée ne peut être regardé comme un emblème religieux », dès lors qu'il n'a pas été conçu « dans un but de manifestation religieuse et qu'il n'a eu pour objet de promouvoir une religion ».
Il est pourtant directement inspiré d’un blason créé en 1943.
Difficile de ne pas y voir une référence claire au soulèvement de 1793 et l’empreinte de Louis Marie Grignon de Montfort qui promut le culte du Sacré Cœur de Jésus dans un bas-Poitou encore fortement imprégnée par le calvinisme.
N.B. J'ai pris l'exemple du Collège Beaussire, mais l'autre collège de la ville affiche aussi (du coup en haut d'un mât, côtoyant le mât tricolore et le mât étoilé) la bannière du conseil départemental. Il s'agit donc bien d'une mesure édictée par le propriétaire.
En complément
Le Président du Conseil départemental, que j'avais saisi par un message sur le formulaire de contact du département :
Monsieur le Président,
J'ai constaté, avec surprise, la présence d'une bannière portant le sigle du département, sur la façade du collège Beaussire, à Luçon, placée au même niveau que le drapeau Français et Européen, comme si le sigle départemental était de même niveau que les trois couleurs nationales, ou les 12 étoiles de l'Europe.
Ai-je besoin de vous rappeler que ce sigle départemental est déjà présent sur la façade, présent devant l'entrée principale, sous forme d'un espèce de totem dresse derrière cette entrée et qu'il est rappelé devant chaque entrée ?
Donc cette bannière redondante et incongrue à ce niveau n'a aucune raison d'être. Je vous saurais donc gré de bien vouloir la faire retirer.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à la plus vive expression de mes convictions républicaines,
Jean-François Launay Principal honoraire
m'a répondu 1 mois après.
Je lui ai donc répondu :
Monsieur le Président,
Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre le 10/01/2019 à mon courriel du 10/12/2018 où je vous faisais part de mon fort étonnement de voir figurer sur la façade du Collège Beaussire, la bannière du département, alors même que le logo de la Vendée est affiché ostensiblement aussi bien derrière la grille principale qu’à chaque entrée.
Vous m’opposez que « le pavoisement des drapeaux sur les édifices publics est à la libre appréciation des collectivités » et vous mettez sur le même plan l’adjonction du drapeau européen et de celui de la Vendée. Or, l’article 3, de la LOI n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République a spécifié : « La devise de la République, le drapeau tricolore et le drapeau européen sont apposés sur la façade des écoles et des établissements d'enseignement du second degré publics et privés sous contrat. »
Le drapeau tricolore et le drapeau étoilé ont donc une égale légitimité à s’afficher sur la façade de nos collèges. Il y a quelque suffisance à vouloir mettre – fût-ce symboliquement – un département sur le même plan que la République et l’Europe unie.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes convictions républicaines et européennes.
Jean-François Launay
Le cher Ciotti avec son histoire de drapeau dans les classes a relancé mes fouilles curieuses ; bien m'en prit puisque je suis tombé sur un document très instructif du Ministère de l'Intérieur, ce qui m'a amené à réécrire à notre Président du CD (ou plutôt à son nègre "EdM")
commenter cet article …