La vie de sexologue est un calvaire : ainsi se sont-ils mis à trois de l’Université de Québec (Montréal) pour se taper les 50 vidéos les plus vues de Pornhub. Pas pour ce que vous croyez bandes de gros dégoûtants, mais pour analyser si les acteurs – hommes et femmes – prennent leur pied ou pas et comment !
Or donc, Léa J. Séguin, Carl Rodrigue et Julie Lavigne, du département de sexologie de L’Université de Québec, se sont intéressés à la représentation de l’orgasme masculin et féminin dans la pornographie. Et surtout à sa présence. Leur matériel d’investigation : les 50 vidéos les plus vues du site Pornhub. La plus courue et de loin est une sextape de Kim Kardashian – eh oui ! – avec son Ray J qui pulvérise les records avec plus de 125 millions de vues, loin, loin devant la suivante – une mature qui se tape le fiancé de sa fille - à 35,6 millions la dernière du classement – une chaude blonde - étant encore à 16,4 Millions.
A l’arrière-plan de cette austère étude, pour Léa J. Séguin qui dirigeait l’équipe, le constat que l’orgasme est très important pour la plupart des gens, pour de multiples raisons et, en particulier pour les hommes, la conviction que l’orgasme de la femme prouve leur talent d’amant ! Croyance aussi que d’être en mesure, pour la femme d’atteindre l’orgasme vaginal est meilleur que de l’obtenir que par stimulation clitoridienne. Et on conçoit que l’absence d’orgasme pendant les rapports sexuels peut-être ressentie comme déplaisant pour beaucoup.
Mais cette nécessité de l’orgasme et sa représentation même est largement façonnée par les médias populaires et en particulier les sites pornographiques facilement accessibles.
L’étude de l’équipe de sexologues, publié dans le Journal of Sex Research, a consisté, à partir de leur corpus des 50 vidéos les plus populaires de PornHub, de recenser les orgasmes féminins et masculins manifestes ou ambigus, ainsi que les actes qui ont induit l’orgasme. 45 des vidéos montrent une rencontre sexuelle entre un homme et une femme. Les 5 restantes dépeignent du sexe en groupe.
1 femme sur 5, 4 hommes sur 5
L’inégalité femme/homme est manifeste puisque nos chercheurs ont constaté que seules 18,3 % des femmes semblaient avoir atteint l’orgasme, contre 78 % des hommes !
Il en ressort que ces vidéos propagent des images des plus irréalistes des performances sexuelles masculines et, à l’inverse, malgré un bruitage sonore trompeur, que, contre toute attente, les femmes, dans le porno, atteignent rarement l’orgasme. Et si orgasme féminin il semble y avoir, il est provoqué par pénétration vaginale, voire anale, sans stimulation clitoridienne.
Léa J. Séguin reconnaît, elle-même, les limites de son étude dont l’échantillon ne reflète pas toute l’étendue de la production pornographique. Les acteurs de ces vidéos étaient très majoritairement blancs. La pornographie réalisée par des femmes hétéro ou homosexuelles doit donner une autre image de l’orgasme féminin.
Reste que l’étude de l’influence réelle du porno de large diffusion sur la représentation que se font ses consommateurs de la sexualité, et notamment de l’idée que se font les hommes de la façon dont les femmes atteignent l’orgasme est à mener. Et que l’étude au titre anglo-saxon ambigu - “Consuming Ecstasy: Representations of Male and Female Orgasm in Mainstream Pornography“ – où on peut supposer que l’ecstasy en question n’est pas la drogue, mais bien l’extase, et dont le résumé en anglais aussi est traduit à la truelle*, relève finalement de l’enfonçage des portes ouvertes.
* Les représentations sociales qui apparaissent dans une variété de médias, peuvent influer sur la façon dont les expériences sexuelles sont perçues et comprises. Alors que la pornographie n'est pas le seul milieu dans lequel l'orgasme est représenté, il est le plus explicite, et il est très répandu et facilement accessible. A ce titre, la pornographie est un moyen idéal pour examiner les représentations de l'orgasme masculin et féminin. 50 vidéos les plus vues de PornHub de tous les temps ont été vus et codés pour la fréquence des hommes et l'orgasme féminin, les actes sexuels induisant l'orgasme (et si l'activité induisant des orgasmes féminins inclus une certaine forme de stimulation clitoridienne) et auditive (verbale, vocale) et visuelle indicateurs (corps) de l'orgasme. L'analyse du contenu a été utilisé pour coder et analyser les données. Les résultats ont été analysés à la lumière de la théorie de script sexuelle et de la recherche de l'orgasme précédent. Seulement 18,3% des femmes, contre 78,0% des hommes, ont été montrés à atteindre l'orgasme. Les différences de sexe dans les représentations de l'orgasme, au-delà de l'apparence de sperme, ont été documentés. Les résultats prennent en charge le script de la performance masculine aussi évidente dans les représentations pornographiques de l'orgasme, ainsi que des impératifs coïtale et l'orgasme. En conséquence, les représentations de l'orgasme masculin et féminin dans la pornographie mainstream peuvent servir à perpétuer les croyances et les attentes irréalistes par rapport à l'orgasme féminin et la performance sexuelle masculine.
L'ABSTRAIT - comme il est écrit pour l'ABSTRACT - c'est-à-dire le résumé est certes tiré d'un journal scientifique de langue anglaise, mais les travaux ont été réalisés par des sexologues d'une Université du Québec : on était en droit d'attendre un texte en langue française et non ce charabia.
Sources :
https://saltimbanquiclicclic.blogspot.fr/2017/08/el-terrible-efecto-que-el-porno-genera.html
En annexe
Asapscience, sur YouTube, qui fabrique des petites vidéos pédagogiques, a tenté de répondre à une des questions les plus importantes de l’histoire de l’humanité : quel orgasme est le meilleur, le masculin ou le féminin ?
Il ressort d’une analyse, on ne peut plus objective, que l’orgasme masculin dure moitié moins que l’orgasme féminin. 10 secondes et… c’est fini ! En revanche, les mâles atteignent cette brève mais intense extase dans 95 % des cas tandis que leurs compagnes que dans 65 % ; ce chiffre étant beaucoup plus élevé dans les relations lesbiennes.
Cette différence serait dû à ce que les couples de lesbiennes passent de 30 à 45 minutes à faire l’amour contre les 15 ou 30 minutes des couples hétéros.
L’étude met aussi en évidence, qu’après un coït, les deux sexes vont se sentir somnolents après avoir atteint l’orgasme, sensation qui serait quatre fois plus forte qu’avec la masturbation !
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