“Je me suis assis devant I am not your Negro (Je ne suis pas votre nègre) sans trop savoir à quoi m’attendre, pour me relever, 95 minutes plus tard, sonné par cette autopsie raciale de l’Amérique”
Je reprends à mon compte ce qu'écrivait un journaliste de radio-Canada, après avoir visionné sur Arte, hier soir, ce documentaire cru sur le racisme aux États-Unis.
James Baldwin est né en 1924, à Harlem, le quartier africain-américain de New York. Noir et gay, il est rejeté par sa famille. À l’âge de 10 ans, deux officiers de police abusent de lui. Baldwin pour fuir les discriminations quitte son pays, en 1948, pour s'installer en France, à Paris d’abord, puis, en 1970 à Saint-Paul-de-Vence.
Cependant, l’affaire Dorothy Counts, cette jeune Noire de 15 ans qui se rend en 1957 au lycée Harry Harding, suivie par une foule de jeunes blancs agressifs, pousse James Baldwin, à retourner aux États-Unis ; sa vie se partagera entre son pays natal et la France. Il revient pour “payer ses dettes”, comme il l’écrit.
Synopsis
En juin 1979, l'auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu'il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr, Medgar Evers, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et Malcolm X. En l'espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. En 1987, l'écrivain disparaît avant d'avoir achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, «Remember this House», que son exécuteur testamentaire confie plus tard à Raoul Peck («L'Ecole du pouvoir», «Lumumba»). Avec pour seule voix off la prose de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains...
Télérama
"Une balle tirée d'un buisson répandit le sang de Medgar Evers.
Un doigt appuya sur la gâchette à son nom.
Un poing caché dans l'obscurité
Une main arma le fusil
Deux yeux le prirent comme objectif
Guidés par le cerveau d'un homme
Mais on ne peut pas lui reprocher
Il n'est rien qu'un pion dans leur jeu."
Bob Dylan
Only A Pawn In Their Game
Raoul Peck, cinéaste haïtien, ne donne pas dans la dentelle. Des scènes d’émeutes, celles d’hier comme celles d’aujourd’hui, à Jackson comme à Ferguson, des constats affolants qui s’appuient sur les écrits de Baldwin, l’écho de phrases lourdes de sens qui retentissent : « Ce pays ne sait que faire de sa population noire et rêve à la solution finale. »
« Quoi que vous pensiez des relations entre Blancs et Noirs ou plus exactement entre la toute-puissance blanche et ses opposants aux États-Unis, ce film vous obligera à les repenser et peut-être aussi à changer d’avis
Il vous sera même difficile de trouver un film plus en phase avec l’instant présent, avec autant de force et de lucidité, qui met le doigt sur des vérités qui dérangent en tirant les sévères leçons des ombres du passé.”
Les commentaires en voix off sont tirés des écrits de Baldwin. Mais on le voit aussi dans des émissions répondre à un journaliste à la condescendance agressive et surtout remettre à sa place un philosophe pompeux avec une force argumentaire malgré sa colère contenue. Comme l’écrit le quotidien La Repubblica, “I am not your Negro est un film intransigeant, mais pas un produit de la colère. L’esprit de Baldwin en ressort triomphant, électrique et actuel, éloquent, hyperbolique, désabusé et toujours tourmenté par la représentation des Noirs et la manière dont celle-ci a été manipulée par les Blancs.”
« L’histoire des Noirs en Amérique, c’est l’histoire de l’Amérique, et ce n’est pas une belle histoire »
Sources
“I am not your negro”, les mots de la colère de James Baldwin Courrier international
I Am Not Your Negro, un documentaire cru sur le racisme aux États-Unis Radio Canada
Film documentaire I Am Not Your Negro Télérama
Voir aussi (signalé par Ti suisse)
[Docu.] « Je ne suis pas votre Nègre », je répète.., « I Am Not Your Negro!» ici #TéléArte -…
Quand Joey Starr devient la voix de James Baldwin
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