Ce soir, comme souvent, les hommes de télévision ont déposé Finkielkraut sur l’un de leurs plateaux. Fascinant spectacle. Il s’installe avec ses certitudes et ses tics dans une surprenante agitation qui finit par nous méduser. Ses mains papillonnent au-dessus de fiches stabilotées, de livres dont il a corné quelques pages, de feuilles qu’il remplit rageusement de signes cabalistiques. Quand il n’a pas la parole et qu’il doit, le pauvre, subir les attaques de son adversaire, il roule des yeux hagards, prend des airs effarouchés, multiplie des mines incrédules, des grimaces indignées et, submergé par d’aussi intenses émotions, tout son corps est secoué par d’incoercibles trémulations. Mais qu’on se rassure, il ne tarde pas à reprendre l’initiative et, d’une voix qui tremble jusqu’aux fondements de son être profondément blessé par les monstrueuses allégations qu’il vient d’entendre, il assène ses implacables vérités. Alors, il entraîne son auditoire dans le tourbillon époustouflant d’une pensée vibrionnaire et confortée par une avalanche de citations savantes, de références incontestables, d’anecdotes signifiantes, de preuves irréfragables. Normal, pensera-t-on, notre Finkie est un universitaire, il aborde en conscience les divers aspects de son sujet et convoque, c’est de bonne guerre, les grands esprits – les plus petits aussi – qui étayent son propos et avec lesquels il entretient une confraternelle familiarité. Mais, là où l’universitaire construit patiemment son argumentaire, précise les limites de son étude et balise le champ de ses investigations, Finkielkraut virevolte comme une sorte d’abeille atrabilaire qui butine son vinaigre sur les fleurs vénéneuses de sa rhétorique endiablée.
Occasion de (re)voir Maurice et Patapon (et Finkielkraut)
et M. Finkielkraut : et s’il y avait une boucherie halal à Villers-Cotterets ?