Dessin emprunté à El Jueves, hebdo satirique et néanmoins ibère et qui m'a mis sur la voie de cette improbable recherche scientifique.
La masturbation rend sourd en France et aveugle en Espagne. Une disciple du célèbre Dr Tissot, Simone Kuhn, nous révèle que le visionnage intensif de vidéos et images pornos peut réduire la taille du cerveau.
La Dr Kuhn part d’un constat : avec le développement d’Internet, l’accessibilité anonyme à des sites pornos a attiré des millions et des millions de ’voyeurs’. Elle base son étude sur l’hypothèse que la consommation d’images pornographiques peut devenir addictive, elle amènerait des altérations du réseau fronto-strialtal (région du cerveau qui s’active quand les gens se sentent motivés ou récompensés).
L’Institut Max Planck (Berlin) a donc réuni un échantillon de 64 (69 n’eût-il pas été plus judicieux ?) mâles, en bonne santé, âgés de 21 à 45 ans, avec un large éventail de consommation de pornos. Ils étaient invités à rendre compte des heures passées par semaine à visionner du porno.
Le volume de matière grise était mesurée par un appareil de morphométrie (voxel-based morphometry) et l’état de la connectivité fonctionnelle par scans (3-T magnetic resonance imaging scans).
CQFD serait-on tenté d’écrire. Eh oui ! comme la masturbation rend aveugle en Espagne, et sourd en France, la pornographie rétrécit le cerveau.
"Nous avons constaté un lien négatif significatif entre le fait de regarder de la pornographie pendant plusieurs heures par semaine et le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau. En outre, nous avons constaté qu’une autre région du cerveau, qui réagit quand les gens voient des stimuli sexuels, montre paradoxalement moins d’activation chez les gros consommateurs de porno", dit en substance le Dr Kuhn.
"Ces effets pourraient indiquer des changements dans la plasticité neuronale résultant d'une intense stimulation du centre du plaisir", précise cette étude qui paraît en ligne dans le Journal of the American Medical Association, Psychiatry.
Commentant cette recherche avec grande sagesse, le Dr Gregory Tau, de l'Université de Columbia note que seul l’excès est préjudiciable et que consommer de la pornographie avec modération ne l’était probablement pas.
A consommer avec modération, donc.
Dans la série chronique Improbablologie la dernière - les hommes doivent-ils uriner debout ou assis ? - vaut la lecture.
Les disciples du Dr Tissot sont toujours sur la brèche, du coup c'est une Anne BARR, doctorante en neuroscience, Université Laval (Canada) qui nous alerte :
La pornographie peut modifier le cerveau
"La consommation excessive de pornographie a un impact sur le « câblage neuronal » de notre cerveau. Des scientifiques ont constaté sur le long terme des répercussions désastreuses pour le psychisme et la vie sexuelle : dépression, anxiété, incapacité à atteindre l’érection ou l’orgasme avec un partenaire réel..."
Notre Anne Barr n'hésite d'ailleurs pas à citer l'étude ci-dessus : "Dans une enquête similaire, des chercheurs de l’institut Max-Planck de Berlin, en Allemagne, ont découvert que l’utilisation accrue de la pornographie était corrélée à une activité cérébrale réduite en réponse à des images pornographiques classiques."
Et on atteint le sublime avec les neurones miroirs : « Le mécanisme miroir dans le cerveau suggère également que nous sommes automatiquement influencés par ce que nous observons, proposant ainsi un mécanisme neurobiologique plausible pour la contagion du comportement violent. » Une théorie des plus fumeuses qui ferait que de paisibles jardiniers du dimanche se saisissent de leur coupe-haie pour tenter de découper bobonne après avoir vu "Massacre à la tronçonneuse".
On est une fois de plus dans un gloubi-boulga moralisato-scientifique où la (pseudo)science est au service de l'ordre moral.
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