Le pays de merde a suspendu Ibrahimovic pour quatre matches. Un sous-ibra de Marseille, Payet, aussi caractériel que lui, mais vingt cm en dessous, en a récolté deux. PSG et OM ont donc décidé de mesures de rétorsion à l’encontre… de leurs joueurs qu’ils vont surpayer à ne rien foutre ? Mais NON, à l’encontre de Canal + dont ils palpent joyeusement une partie des droits versés pour avoir l’honneur de les filmer !
Cassons le thermomètre qui a révélé notre fièvre.
En effet, ce sont les caméras de la chaîne cryptée, comme on dit, qui ont montré le grand tatoué, Zlatan, en train de proférer des propos qui seraient indignes s’ils n’étaient débiles. Et de façon ostentatoire, sachant pertinemment qu’il était filmé tous pectoraux dehors. Pour le petit Payet, il faut être plus nuancé : s’il n’invite pas les arbitres à aller aux WC mais les traite de sodomisés (injure assez courante à Marseille où les chœurs retentissent pour clamer qu’on sodomise le PSG, ce qui n’a pas été tout à fait le cas au dernier OM-PSG), il ne plastronne pas devant la caméra.
Or, le PSG oublie un peu qu’il a lui-même donné à la commission de discipline le film de la caméra de vidéosurveillance des couloirs, ayant permis de condamner Brandao, le Bastiais, coupable d’une sauvage agression, sur Thiago Motta, dit ‘le chambreur’. Et l’OM oublie que Payet ne peut bramer son ire que parce que les caméras de Canal+ ont révélé que le ballon avait passé la ligne de but lyonnaise, ce que personne sur le terrain n’avait pu voir, ni lui, ni les arbitres.
Faut-il ajouter que dans les deux cas, si fautes d’arbitrage il y a, elles sont antérieures à celles qu’ils dénoncent.
A Marseille, l’arbitre eût dû siffler une faute de De Campos sur le gardien au sol (deux pieds en avant, ça ne se fait pas). Et, à Bordeaux, l’arbitre aurait dû revenir à la faute commise par… Ibrahimovic ! Ce qui n’a pas empêché l’abruti de continuer à en faire des tonnes sur cet arbitre qui aurait commis la faute suprême en ne sifflant pas Carasco qui reprenait une passe d’un partenaire à la main. Et d’oser dire, maintenant, que ses mots ne s’adressaient pas à l’arbitre. Comme disait mon grand-père, il vaut mieux entendre cela que d’être sourd.
Et miracle, Zlatan a zlatané trois buts en coupe de France contre Saint-Etienne. Honte donc à tous les ceusses qui doutaient un peu du grand homme. Et de fait deux buts splendides. On ne mégottera pas en arguant qu’en première mi-temps, le géant au rictus pas doux n’avait rien branlé, comme souvent. Et on ne rappellera pas que, devant Chelsea, son seul exploit fut, pour une fois qu’il faisait l’effort d’essayer de récupérer un ballon perdu, de se faire expulser pour une faute stupide. Ni qu’au ratio rémunération/buts et passes décisives confondues, Ibrahimovic doit être loin dans le classement. Il ne doit y avoir que Gourcuff, hélas, pour le battre.
Qu’on arrête de nous seriner sur le grand joueur qui a le droit d’être totalement caractériel à cause de son talent.
Certes Ronaldo, mais un cran au-dessus pour le talent, est parfois irritant. Suarez, dit le cannibale, est souvent cité, mais lui s’en prend aux adversaires pas aux partenaires, ni à l’arbitre. Il se peut que dans le secret du vestiaire barcelonais Messi soit invivable. Sur le terrain et dans les couloirs du Camp Nou il n’en est rien. Et il est rare, dans ce qu’on voit des matches étrangers, d’assister à cet assaut de l’arbitre dès qu’il prend une décision litigieuse.
Une Ligue de foute poutinienne
Le plus grotesque dans l’histoire est la décision con-certée de l’OM et du PSG de boycotter les journalistes de Canal+, avec l’appui d’une Ligue du Foute professionnel, qui a une conception très poutinienne de la liberté de l’information. En effet, pour elle l’attributaire ne doit pas « promouvoir des scènes contraires à l’image du football (attitudes inappropriées des acteurs ou des spectateurs) ». Autrement dit, c’est d’ailleurs ce qui s’est passé, ne pas montrer les images du drame du Heyssel. Un match interrompu à cause de voyous ? on n’explique rien. Un arbitre qui expulse un joueur pour attitude inappropriée à son égard, on filme la pelouse. Un entraîneur, modèle Girard, qui s’en prend à un autre arbitre, même cause, même effet. Car , il ne faut « pas dévaloriser l’image de la Ligue 1, des clubs, de la LFP et du football professionnel » !
Une conception qui, transposée sur d’autres plans, donne un peu froid dans le dos. Ce qui compte donc pour cette LFP, c’est non pas de lutter contre les « attitudes inappropriées », mais de ne pas les montrer !