Avec la mise en examen de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, l’affaire de l’arbitrage en faveur de Tapie se poursuit. Occasion pour le Grand Journal de Canal + d’inviter deux avocats de Tapie, Maîtres Témime et Dupont-Moretti. Grand Journal dirigé non par Denisot, mais par Ali Baddou.
Après, comment ils disent au Parti de gauche déjà ? un "salopard" ?, disons un "salaud", évidemment au sens sartrien du mot, Clément Weill-Raynal*, on a eu droit dans l’honni Grand Journal, à un magnifique numéro d’avocats avec, en particulier, Maître Dupont-Moretti.
Dire que l’on s’est désolé de le voir agresser Aphatie serait être un peu faux-cul. Mais si Aphatie ne possédait pas son dossier – il tranche de tout avec faconde sans trop creuser les sujets – Maître Dupont-Moretti maniait la mauvaise foi avec une maestria admirable. Tout-à-fait légitimement d’ailleurs. C’est son boulot d’avocat.
Grand numéro : le gentil Ali Baddou – qui l’avait reçu précédemment dans son émission du midi « La nouvelle édition » - accuse-t-il son confrère et lui de « noyer le poisson », il lâche les vannes. Indignation sursurjouée (« C’est n’importe quoi, avec vos qualificatifs »), accusation « d’avoir été les procureurs » de leur confrère Weill-Raynal, rappel, fort bienvenu au demeurant, de la présomption d’innocence, rapprochement avec le réquisitoire du procureur de Lille pour un non-lieu pour DSK, et victimisation du pôvre Tapie démoli tous les jours dans la presse. Peut-être pas quand même dans La Provence ou Corse-Matin ! Suivi d’une attaque contre « M. Mediapart », accusé au passage d’utiliser des « écoutes téléphoniques illégales » (affaire Cahuzac ? ou Bettencourt-Woerth ? mais là ce ne sont pas des écoutes téléphoniques).
Mais son numéro sublime a été, s’agissant des liens entre un des trois juges-arbitres et l’avocat de Tapie dans l’arbitrage, son « mais moi je plaide devant des juges que je connais et je connais plus de magistrats que vous, M. Aphatie ». Mauvaise foi complète, évidente, qu’Aphatie, plus à l’aise justement dans les accusations péremptoires que dans l’échange, complétement tétanisé, n’a pas relevé. Bien sûr, que les avocats connaissent les juges et les membres du parquet, et inversement. Mais connaissance et connivence ne sont pas synonymes. C’est de cela qu’il est question, cher Maître, et vous le savez.
Grand morceau de bravoure encore, quand Dupont-Moretti a affirmé que dans l’affaire Adidas, le Crédit Lyonnais avait volé, floué Bernard Tapie. « Toutes les juridictions ont donné tort au Crédit Lyonnais ». Là encore, Aphatie, toujours tétanisé, ne lui a pas rétorqué : pourquoi, alors, faire appel à cette procédure arbitrale si la procédure normale, qui arrivait à son terme, donnait raison à Tapie ?
Présomption d’innocence (que j’ai trop évoquée, s’agissant justement de DSK) oblige et respect du rôle de l’avocat qui a le droit absolu d’utiliser tous les moyens de défense qu’il juge utiles pour son client, je ne reprocherai à Maître Dupont-Moretti qu’une agressivité exagérée à l’encontre d’Ali Baddou qui lui mettait sous le nez une déclaration de Tapie au JDD. Ce fut son confrère Temime qui s’en tira par une pirouette, en laissant entendre que l’innocent Tapie s’était fait piéger dans un entretien téléphonique.
Ce « Grand journal », si vilipendé en ce moment, aura au moins fourni ce grand moment où l’avocat remonté comme une pendule atomise un procureur, Aphatie, pas assez au fait du dossier.
* Ce soi-disant journaliste de FR3 avait filmé clandestinement le fameux « mur des cons » pour le refiler à un site de droite Atlantico
Pour ceux qui n'ont pas tout suivi de cette affaire Tapie, un résumé en images animées.
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