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24 février 2018 6 24 /02 /février /2018 18:58
Les Vénézuéliens tenaillés par la faim

La pénurie alimentaire fait des dégâts sur la santé des habitants, révèle une enquête. La majorité d’entre eux a perdu du poids et vit dans la faim. Près des deux tiers d’entre eux disent avoir perdu onze kilos en 2017. Les rations de nourriture que le gouvernement vend à prix réduit ne bénéficient qu’à 12,6 millions de personnes, soit un peu moins d’un tiers de la population.

Arepas

Arepas

Manioc et riz

Manioc et riz, c’est la base de l’alimentation de la majorité des habitants. La farine de maïs, l'ingrédient de base pour réaliser les "Arepas" typiques, à savoir des pains de maïs qui sont à la base de la tradition culinaire du pays, a pratiquement disparu. Selon les résultats de l’enquête sur les conditions de vie au Vénézuela par des chercheurs de trois des plus importantes Universités du pays - Central de Venezuela, Católica Andrés Bello et Simón Bolívar – la crise alimentaire que traverse le pays a de terribles conséquences. La chute de la consommation de farine de maïs enrichie en fer et en vitamines est dramatique ainsi que celle des légumes et des fruits qui apportent des micronutriments, estime la Docteure Marianella Herrera, membre de l’équipe de chercheurs.

Les Vénézuéliens tenaillés par la faim

Dans l’enquête de 2017 a été reposée la question de perte de poids constatée par les habitants : onze kg ; en 2016, une majorité disait avoir perdu huit kg, ce qui indique une accentuation de la malnutrition des vénézuéliens*, soumis à un régime alimentaire anémique, par cette carence en fer qu’apportent la viande, les légumes verts et la farine de maïs nationale que ne remplacent pas les importations gouvernementales de farines mexicaines non enrichies.

En revanche, un peu plus de 7% des sondés disent eux avoir gagné 7,6 kg, une donnée qui cependant n’est pas signe de bien être puisque qu’une alimentation uniquement à base de féculents peut faire prendre du poids chez certaines personnes mais ne les met pas à l’abri de la malnutrition.

Les Vénézuéliens tenaillés par la faim

Les résultats présentés par les chercheurs quantifient les drames de la faim au Vénézuela et l’accélération croissante de la pauvreté qui touche 87% de la population dont 61% dans une extrême pauvreté. Cette étude donne une radiographie d’un pays sans chiffres, une réalité difficile à cacher dans les rues et dans les estomacs, mais que le régime de Nicolás Maduro s’efforce de masquer en ne publiant plus aucune information statistique depuis cinq ans, voire plus pour certaines. Les données recueillies par les chercheurs de juillet à septembre 2017 ne prennent pas totalement en compte une hyperinflation qui s’est encore accentuée depuis novembre 2017.

Cette enquête basée sur un échantillon de 6 168 personnes, révèle que plus de 8 millions de Vénézuéliens ne mangent que deux fois ou moins par jour. Le petit déjeuner est le plus sacrifié dans des foyers où 61% de l’échantillon dit se coucher la faim au ventre. En croisant les données, on peut dire qu’au Vénézuela 80 % de la population souffre d’insécurité alimentaire.

MIGRATION ET CHÔMAGE

L’enquête a pour la première fois mis en relief le phénomène de l’émigration, phénomène nouveau pour un pays qui, jusque à peu, était une terre d’immigration.

En moyenne, on compte 1,3 émigré par foyer entre 2012 et 2017. L’enquête estime à plus de 800 000 personnes ces émigrés, dont 80% serait parti en 2016 et 2017, phénomène lié à l’aggravation de la crise. Colombie, Panama, Chili, Argentine, Equateur et Pérou sont les lieux de destination.

Pour la première fois depuis quatre ans, le chiffre du chômage augmente. En 2017 il touchait 9% de la population, presque deux points de plus qu’en 2016 : 200 000 personnes ont perdu leur emploi en un an. Et 60 % de la population vit d’emplois dits informels.

L’étude décompte aussi 1 million d’enfants de 3 à 17 ans hors du système scolaire. De plus la crise des services et la faim provoquent un absentéisme massif des élèves, faute de transports et/ou par manque de nourriture.

Le système de santé est en état de choc prolongé. Ainsi, selon le chercheur Marino González le Vénézuela connaît le plus fort taux de mortalité infantile de la région avec une augmentation de 30% depuis 1998 et le pire système de protection sociale d’Amérique puisque 68 % de la population ne dispose d’aucune protection sociale publique ou privée.

Instrument de contrôle

Les programmes sociaux, qui se convertissent en outils de propagande du chavisme et aussi en instrument clientéliste de contrôle politique, ont chuté dramatiquement. En 2017, moins de 200 000 personnes disent avoir bénéficié de la mission Barrio Adentro, fondée en 2003 par Hugo Chávez, avec l’aide de Cuba, pour apporter des dizaines de milliers de médicaments cubains au bénéfice des quartiers ou hameaux les plus pauvres.

Maintenant toute la politique sociale est centrée sur les Comités Locales de Abastecimiento y Producción (CLAP : comités locaux de distribution et de production) et sur des sortes de tickets d’achat qui s’obtiennent sur présentations du « carnet de la patrie ». Sur les 13,4 millions de personnes qui bénéficient d’un programme quelconque, 12,6 millions reçoivent de l’alimentation. Cela correspond à la couverture de ce fameux carnet que le pouvoir a implanté l’an passé pour se faire des obligés et dont il s’est servi lors des récentes élections des gouverneurs et des maires comme outil pour contraindre à aller voter.

La distribution des aliments, par le biais des CLAP, ne résout pas la crise alimentaire et exacerbe les inégalités, selon les enquêteurs. La fréquence de réception des sacs et cageots de nourriture est discrétionnaire et intermittente.

Les Vénézuéliens tenaillés par la faim

87% de pauvres, une grande partie de la population souffrant de malnutrition (et souvent de sous-nutrition), un chômage en hausse et une majorité d’emplois précaires, une augmentation de la mortalité infantile, plus d’un million d’enfants et adolescents déscolarisés… le bilan accablant du chavisme à la Maduro.

* Caracas a mis en place le rationnement des aliments et produits rares il y a trois ans. Les produits dits rares sont ceux qui atteignent en moyenne les 80% de pénurie - parmi eux : le lait, le beurre, le sucre, la viande de bœuf, le poulet, le fromage, l’huile, le savon, le papier toilette et d’autres articles.

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