Avec humour pour Le Canard, avec plus de sérieux et une indignation implicite à Libé ou explicite dans Le Café pédagogique - et ça va jusqu’à la mise en cause nominale de la Principale dans un blog de Mediapart – tout le monde a pris fait et cause pour les héroïques profs d’un collège de Gaillac qui, « amoureux du tableau noir, s’étant rendus compte que l’année précédente les tableaux noirs «mourraient» (sic) dans la déchetterie de la ville », ont voulu en sauver de ce triste sort !
Rendez-vous compte, le département du Tarn, dans le cadre d’une rénovation – panneaux photovoltaïques et isolation entre autres – réalisée par tranches, avait décidé de remplacer les tableaux noirs par des tableaux blancs ! Quel scandâle ! Plus de poussière de craie ni de tableaux mal essuyés, aux charmes nostalgiques, mais de froids tableaux blancs facile à nettoyer.
Nos profs avaient donc écrits au conseil départemental, pour vanter les antiques tableaux si pratiques « que ce soit pour une démonstration mathématique ou une construction de frise chronologique » ! Devant une argumentation aussi puérile on reste pantois. Car, bien sûr, un tableau blanc de même dimension permet tout autant démonstrations, frises ou schémas. Et quant au tableau interactif, aucun tableau noir ne peut rivaliser avec lui.
Par un subtil possessif – « craignant que leurs tableaux noirs ne soient envoyés à la casse », nos six professeurs aidés de cinq parents d’élèves, des parents solidaires d’une action qu’ils considèrent légitime d’un point de vue pédagogique (sic), écologique et financier, le mercredi 28 juin, vont entrer dans l’établissement, croiser la Principale, démonter les tableaux, et donc se faire gauler par les gendarmes. Quoi ! la Principale, dont ils devaient savoir qu’elle n’approuvait pas leur démarche débile, n’a pas fait barrage de son corps pour leur signifier son refus de cette irruption !
Et en plus la vilaine, en tant que chef d’établissement, a osé porter plainte pour intrusion et vol. Elle se le voit vertement reproché par le Café Pédagogique !
Immédiatement, la solidarité s’est déclenchée : syndicale – FSU, SUD – et pétionnaire ! Sauf que « On ne peut pas dire que la solidarité du corps professoral joue à fond dans ce qu'on appelle l'affaire des tableaux noirs du collège Albert-Camus à Gaillac » écrit La Dépêche. Certains de leurs collègues ne veulent peut-être pas être associés à une action stupide menée par une minorité ni surtout à l’image de puérilité du corps professoral qu’elle a donnée !
Le Rectorat ayant renoncé à toute sanction, reste la plainte pour vol déposée par la principale, toujours en cours d'instruction. Ce que dénonce le Café pédagogique qui ose écrire que la Rectrice, elle, s’est aperçu du ridicule de cette affaire et le mal qu'elle fait à l'éducation nationale, comme si le ridicule n’était pas dans l’action même des six profs et le mal fait l’image que ces bornés donnent des enseignants.
Et au bout du compte, quelle que soit l’issue – plainte retirée sur pression hiérarchique, classement sans suite, rappel à la loi... – la seule victime de l’affaire sera la chef d’établissement face à ces personnages qui, après lui avoir pourri la vie de longue date, s’afficheront soit en triomphateurs, soit en martyrs.
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