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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 18:26

  L'arrestation au petit matin d'un journaliste, l'insulte subie devant un de ses fils, la double et humiliante « fouille au corps » et sa comparution devant une juge d'instruction, coupable de ces atteintes, pour une plainte en diffamation du fondateur de free (déjà débouté deux fois), a provoqué une (légitime) vague de protestations. Elle pose cependant des questions plus générales.

Au moment où on nous dit que police, gendarmerie, justice sont surchargées, est-il normal que l'on mobilise trois policiers à 6h du matin pour se saisir d'un homme qui, au pire, n'aurait commis qu'un délit non passible d'emprisonnement ; qu'ensuite deux gendarmes soient à leur tour mobilisés pour le conduire chez une juge qui n'a rien de plus urgent à faire que d'instruire une plainte aussi mineure et dont le fondement était au moins fragile ?

 

Ce gaspillage d'un temps, qu'on suppose précieux, n'est pas isolé. Qu'on se souvienne de ce professeur de techno qui avait balancé une baffe à un fils de gendarme : il avait fallu une garde à vue de pas moins de 20 h pour lui faire avouer un geste... qu'il ne niait pas ! Et son collègue dépressif, qui, lui, avait été accusé à tort par un élève, avait aussi subi une assez longue garde à vue, peu avant de mettre fin à ses jours.

 

Le deuxième aspect est la propension des forces dites de l'ordre à insulter gratuitement, à froid, le présumé innocent. Ainsi le journaliste de Libé est qualifié de « pire que la racaille ».

Dans une affaire, qui n'a eu d'échos que dans la presse locale, Le Café Pédagogique et l'émission de D. Mermet sur France Inter, un prof témoigne de l'attitude parfaitement impolie et incorrecte de gendarmes qui, avec chiens, dans une opération anti-drogue, humilient des adolescents d'un C.F.A. : ainsi, sortant d'une classe de BTS l'un clame « Salut les filles », alors que, bien sûr, il n'y a que des garçons.

 

  Et ce sont les mêmes forces de l'ordre qui multiplient les plaintes pour « outrages » qui encombrent les tribunaux. Quand ce n'est pas pour rebellions : il n'est que de voir l'affaire Eunice Barber où sa version d'une arrestation musclée ne tiendra sans doute pas la route au final devant celle de pas moins de sept policiers qui se sont mobilisés pour « maîtriser 72 kilos de muscles », comme ose dire une de leur avocate, et la jeter comme un paquet sur le sol d'un fourgon. Plus récemment, l'affaire Mensah (au moins 90 Kg de muscles) était de la même eau. Les « bavures » sont d'ailleurs presque systématiquement classées sans suite par la prétendue police des polices.

 

Bien sûr, elles frappent d'abord et avant tout les jeunes (contrôles d'identité arbitraires assorties d'insultes et/ou d'humiliations), les minorités dites visibles, mais l'affaire du journaliste Vittorio de Filippis est là pour rappeler à tous et à chacun que nul n'est à l'abri.

 

Un peu au diapason de cette note, pourquoi ne pas écouter "Comme elle est belle ma France" de Monsieur Pyl

 

PS Comme de bien entendu, dans l'affaire de Filippis, Alliot-Marie soutient la police ; Dati, dans ce cas, soutient aussi la juge ; plus surprenant Frédérix Lefebvre, dit le pitbull, aurait comme des états d'âme : gageons que ça lui passera plus vite que ça lui est venu. Les réactions des deux ministres démontrent, si besoin était, que ça n'est pas une bavure isolée, mais le fruit d'un système mis en place par le sarkozysme.

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 16:36

C'est un beau dimanche de mi-septembre, le 14 pour être précis, dans la bonne ville de Lyon. Une BAC (les Brigades Anti Criminalité sont un peu nos « Brigades du Tigre » contemporaines) patrouille. Arrive un monstrueux 4X4 (Q7 de chez Audi à la calandre de camion américain) conduit par un black lui-aussi mahousse. « Contrôlez-moi ce suspect » (c'est promis, je vous épargnerai la calamiteuse devinette Qu'est-ce qui est pire qu'un lèche cul ?) a dû dire le chef.

C'est là que les versions vont diverger.

John Mensah, ledit suspect, un étranger (Ghanéen d'origine : c'est où le Ghana chef ?), mais peut-être pas en situation irrégulière (son employeur l'olympique lyonnais a dû régulariser ses papiers) prétend que les policiers le soupçonnaient d'avoir volé son propre véhicule. «Quelle incompréhension ? On ne m'a même pas demandé mes papiers. Je n'étais pas en situation d'excès de vitesse, ni rien d'autre. Je rentrais à mon hôtel pour manger. Les policiers m'ont arrêté et m'ont alors demandé de sortir de ma voiture. J'ai été jeté à terre, menotté. Je n'oublierai jamais ce pistolet qu'ils m'ont posé sur la tête. Je ne comprenais pas. Ils m'ont traité comme un criminel avant de me placer en garde puis de me libérer. Depuis que je suis en France c'est le pire moment de ma vie. Les policiers disent qu'ils m'ont parlé et que je n'ai pas compris. Je ne parle peut-être pas très bien français, mais je comprends tout. Après je me suis retrouvé en garde à vue» (toute la nuit jusqu'au lundi 11 h).

«En tant que chrétien je suis supposé pardonner. C'est ce que j'ai fait même si c'est dur. Au début, j'avais envie de porter plainte. Mais le club et mon conseiller m'ont incité à ne pas le faire».

 

A noter le bal des faux-culs qui a suivi la garde à vue : le procureur parle d'incompréhension (Mensah n'aurait pas vu qu'il s'agissait de policiers !) et le club, pour expliquer qu'il n'ait pas joué contre la Fiorentina, a invoqué une gastro-entérite.

 

Le 27 septembre, un des policiers de la Brigade anti criminelle est sorti (anonymement) de l'ombre pour rectifier le tir : "On a voulu contrôler son identité mais il a refusé en prenant la fuite" explique ce policier en ajoutant : "Du coup, on a été obligé de se lancer dans une véritable course-poursuite avec lui. Il a alors grillé plusieurs feux rouges. Mais on a fini par le coincer. Et son arrestation a été très difficile car il s'est rebellé. En plus Mensah est un vrai colosse. Du coup, un de mes collègues a été blessé, ce qui lui a valu plus de dix jours d'arrêt de travail ! Mais finalement, on a réussi à le maîtriser au sol et à lui passer les menottes. Puis on l'a emmené en garde à vue. Mais il répétait sans arrêt qu'il était un joueur de l'Olympique lyonnais et qu'on allait avoir des ennuis ! Effectivement, on a été contacté par l'OL, qui nous a expliqué qu'on ferait mieux de le relâcher car sinon, cette affaire allait faire de sacrées vagues dans la presse. Résultat, on l'a remis en liberté en fin de matinée."

Voyez le topo : refus d'obtempérer, délit de fuite, menues infractions qui valent normalement une suspension immédiate du permis plus quelques euros d'amende, plus une rébellion caractérisée avec agression d'un agent de la force publique, pour beaucoup moins que cela une championne olympique, Eunice Barber, a été poursuivie. Comme quoi, il vaut mieux être un joueur de foot, qu'une championne d'athlétisme.

 

Serait-ce faire preuve de racisme anti-flic que d'émettre un soupçon de doute sur la version policière ? Il y manque au moins une explication préalable : pourquoi cette brigade a arrêté cet impressionnant 4X4 dont le malus doit permettre de s'acheter une Logan neuve ? Le Q7 eût-il été conduit par Toulalan*, nos brigadiers l'eussent-ils interpellé ?

 

 

* Pour un non fouteux : Toulalan, pur produit du FC Nantes du temps où ce club jouait encore au foot, est un joueur de l'Olympique Lyonnais, ni black, ni beur.

 

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