Environ 500 personnes se sont réunies au pied du monument aux morts cantonal devant la cathédrale ! Une seule pancarte… la mienne ! En revanche, la récupération par les tricolorisés fut menée magistralement comme on peut le constater.
L’oratrice puis l’intervenant très spontané (feuillets de son allocution improvisée à la main) de l’ADSP ont insisté sur l’instauration du numerus clausus – autrement dit la fixation d’un quota de places en 2e année dont l’accès était déjà à l’époque très sélectif – à la rentrée 1971. Prêtant à Boulin, Ministre de la Santé de l’époque un raisonnement incongru qui serait que moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de malades.
Outre que ce quota a été instauré autant sous la pression de lobbies médicaux que par une volonté politique, le nombre de médecins a plus que triplé depuis 1971 ! Donc si le but était de diminuer le nombre de médecins c’est totalement raté ! Ajoutons que le dit quota – lié aussi aux capacités de formation universitaire – est largement atténué par l’inscription dans les ordres de médecins départementaux de praticiens formés à l’étranger. Et que son abolition éventuelle n’aurait d’effet qu’à moyen terme (une dizaine d’années).
Le problème n’est pas le nombre mais la répartition !
« La densité de généralistes observée en France est l’une des plus élevées des pays de l’OCDE, se situant au deuxième rang après la Suisse. Elle masque que le vrai problème en matière d’accès aux soins n’est pas le nombre de médecins, mais leur répartition géographique. »
« Initialement fixé à 8 588 places, le numerus clausus est resté stable à ce niveau relativement élevé pendant plusieurs années. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que les syndicats de médecins prennent massivement conscience qu’un nombre excessif de praticiens peut constituer une menace pour leurs revenus. Leur mobilisation conduit à une réduction du numerus clausus. Ainsi, une véritable politique de restriction n’est effective qu’à partir de 1978. »
L’instauration d’une obligation de servir dans les zones sous-dotées à la sortie de la formation a dû faire frémir d’horreur le Docteur Nogues s’il l’a entendue ! Et une mesure aussi coercitive ne pourrait s’appliquer qu’à ceux qui arrivent en 2e année au moment où on l’instaure. Donc ne faire effet qu’à terme ! Et le reproche fait au recrutement de médecins salariés – ils ne signent que pour trois ans – le serait tout autant pour ces installés d’office.
Plus sérieuse est la proposition du député Hugues Fourage de mettre en place un régime calqué sur celui des infirmiers libéraux : non conventionnement dans les zones sous-dotées, fortes incitations à l’installation – qui existent déjà d’ailleurs – dans les zones sous-dotées.
Parmi ces incitations, il y a ce que le maire a appelé le classement en zone franche. Les médecins peuvent bénéficier des dispositifs d’exonération d’impôt sur le revenu ou sur les sociétés au titre d’une installation dans les zones de redynamisation urbaine (ZRU), et dans les zones de revitalisation rurales (ZRR). L’exonération est totale pendant les cinq premières années, puis dégressive durant neuf ans. Une majoration de 20 % des honoraires est prévu pour des médecins généralistes libéraux exerçant en groupe dans les zones déficitaires. Selon la Cour des Comptes, le bilan de cette mesure met en évidence un effet d’aubaine. Cette mesure, d’un coût élevé de 20 millions d’euros pour 773 bénéficiaires en 2010, ne s’est traduite que par un apport net de l’ordre de 50 médecins dans les zones déficitaires depuis 2007. Rapport d’information du Sénat 2013 (le rapporteur, Hervé Maurey, centriste, est d’ailleurs assez sceptique sur ces mesures).
Le 2e problème c’est que les nouveaux médecins sont de moins en moins tentés par l’exercice libéral de la médecine
En simplifiant, sur 10 sortants, 1 seul accroche sa plaque de libéral, 3 optent pour les remplacements et 6 pour le salariat. Certes, ceux qui ont préféré les remplacements, dans les cinq ans qui suivent, deviendront libéraux, mais ça ne suffit d’autant moins qu’ils ne s’installent pas là où en a le plus besoin.
Reste donc la création d’un centre de santé médical municipal avec médecins salariés. Le Maire semble ne plus rejeter cette hypothèse mais avec de telles réticences – médecins sous contrat de 3 ans, déficit prévisible... – que tout laisse à penser qu’après création d’une belle commission qu’il ne réunira qu’une fois, le projet soit enterré.
C’est pourtant la seule solution qui puisse apporter une réponse à court terme aux patients sans médecins !
Terminons quand même par une note joyeuse, avec cette envolée de l’édile qui laisse à penser que son nègre est un disciple de Pierre Dac qui a lu et relu le discours pouvant servir en toute circonstance : « Notre combat à Luçon doit rejaillir sur toute la France ! il faut faire entendre la voix du peuple qui veut se faire soigner ! »
Sur la convention des infirmiers libéraux, sur les liens vers la description des centres de santé de Bernay (27) et La Ferté-Bernard (72) voir l'article précédent.Luçon, l’évêché crotté, désert médical
Ouest-France 05/092016 (page Vendée)
* De fait l'édition de lundi, dans le court article ci-dessus, paru dans la page Vendée, sans même le rappel habituel en rubrique Luçon, qui ne cite d'ailleurs dans les intervenants associatifs que E. Deluze, fait état de son exigence de réquisition des médecins ! En revanche, le ping-pong ou billard à trois bandes, Mairie-ARS-CPAM, décrit par L. Nauleau n'a pas retenu l'attention du journaliste...
En complément
Ouest-France 26-09-16
Speed dating
Le Maire et le libéralissime Dr Nogues devaient participer à un speed-dating - rassurez-vous rien de libidineux mais médical : une sorte de marché aux toubibs - pour lequel le service communication municipal avait préparé une plaquette et une clé USB (le progrès fait rage dans le Bas-Poitou).
Las, le premier rendes-vous a été annulé :
Et le second itou
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