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24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 16:46
Désert médical 3

Episode trois de la mobilisation des patients luçonnais en mal de toubibs : une réunion d’information pour rendre compte d’une entrevue avec le préfet. Mais avec une majorité municipale mobilisée : maire, adjoints et soutiens. Et un petit théâtre local dont les patients de base n’ont, comme dans le mythe de la caverne, vu que les ombres.

Désert médical 3

Une délégation du collectif des patients et d’associations formant, elles-aussi, un collectif, avait participé à une réunion de travail avec l’Agence régionale de santé (ARS) puis avait rencontré le Préfet de la Vendée le 8 novembre. Déjà, petite séquence de tragi-comédie, une des associations participantes à la rencontre préfectorale (ADSP) avait programmé une réunion publique le soir même, sans en avertir les autres partenaires. Une assez médiocre opération de récupération de la démarche collective à son seul profit.

Moins spectaculaire que celle du Maire, bien sûr, qui, avec adjoints et le renfort de la Présidente de l’association des Maires de Vendée, occupa le 1er rang de la réunion du 22 novembre.

Rencontre avec l'ARS (pour télécharger cliquer sur le document)

Désert médical 3
Désert médical 3

Et comme le 3 septembre, dans un numéro de duettistes rodé, les porte-paroles de la fameuse association qui avait essayé de tirer toute la couverture à elle, l’Association de défense du service public (ADSP), l’ont pris tour-à-tour, la parole !

Désert médical 3

Numerus clausus et contre-vérités

Dans un dégagement idéologico-stratosphérique, le Monsieur a de nouveau invoqué la mise en place du numerus clausus des formations comme cause de la pénurie actuelle de médecins. Et, selon le principe qu’un mensonge martelé plusieurs fois finit par passer pour une vérité, a attribué toute la paternité de ces quotas à d’affreux technocrates sans âme qui visaient à diminuer l’offre médicale pour faire baisser la demande des patients. Il ne pouvait ignorer, répétons-le, que c’est doublement faux.

Depuis l’instauration de ces quotas en 1971 – Pompidou Président, Boulin Ministre de la Santé – le nombre de médecins a plus que triplé. Et attribuer sa paternité aux seuls technocrates est aussi faux : “Les quotas contingentant l'accès au corps médical ont davantage été fixés en fonction des intérêts immédiats défendus par les segments les plus puissants du corps médical et des rapports de force entre ces segments que suivant les préoccupations de long terme de certaines administrations.L'emprise des quotas : les médecins, l'État et la régulation démographique du corps médical (années 1960-années 2000) par Marc-Olivier Déplaude.

La baisse drastique de ce numerus clausus dans les années 90 s’est faite sous la pression directe de syndicats médicaux.

 

 

 

 

Et le tassement dû au départ massif de cohortes de médecins soixantenaires sera corrigé dès 2020, par l’arrivée des actuels futurs médecins en formation. Renforcée par celle de médecins formés à l’étranger. En 2011, 27% des primo inscrits au conseil de l’ordre des médecins avaient un diplôme acquis à l’étranger. Un peu plus de huit pour cent des médecins exerçant en France sont titulaires d’un diplôme étranger.

 

Désert médical 3

"Les difficultés d’accès aux soins ne sont donc pas la conséquence d’un manque de médecins mais de leur répartition territoriale et de l’attrait insuffisant de la médecine générale depuis de nombreuses années."

Claude Beraud

Les sortants sont très peu attirés par l’exercice libéral de la médecine générale : à peine 1/10*, 3/10 choisissent le remplacement et 6/10 le salariat !

Désert médical 3

Quant à la faible attractivité de la médecine générale elle est due à « l’exigence de conciliation entre vie professionnelle et vie privée**, ainsi que le souhait de ne pas exercer de façon isolée, qui percutent frontalement le modèle d’exercice traditionnellement associé au médecin généraliste (solitaire et toujours accessible). » (Les nouvelles questions posées à la démographie médicale)

Désert médical 3

Culpabilisation ou responsabilisation ?

Autre contre-vérité émise par ce logorrhéique intervenant: la mise en cause d’une prétendue culpabilisation des patients et/ou des praticiens quant à la consommation médicamenteuse.

Faut-il rappeler que la sur-prescription des antibiotiques a fabriqué des bactéries de plus en plus résistantes ? Rappeler aussi que les Français sont champions d’Europe de la consommation de psychotropes ? Et faire des économies par l’imposition, très progressive, des génériques serait-il scandaleux ?

Désert médical 3

Et sur ce plan, c’est plutôt l’encore trop grande soumission des pouvoirs publics au lobby pharmaceutique – malgré des scandales retentissants – qui serait à déplorer.

On ne prendra pas le Professeur Bernard Debré – député LR - pour un gauchiste échevelé ; et pourtant il a co-signé avec son collègue Even "Le guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles, ou dangereux" ! Dans ceux qui ne sont pas utiles, 25 à 30 % n’ont aucune action thérapeutique, mais sont pour une large part pris en charge par la sécu ; mais surtout, le reste, donc 70 à 75 %, sont mal prescrits et surprescrits, donc potentiellement dangereux ! Tout controversé qu’il fut, ce livre est confirmé par de récentes révélations sur le cholestérol or "Le marché des statines [anti-cholestérol]  en France représente 2 milliards d'euros et à mon avis, c'est de l'argent jeté par les fenêtres alors qu'on en a besoin ailleurs.” Pr EVEN.

Désert médical 3

Alors au lieu de dénoncer la prétendue culpabilisation c’est plutôt cette véritable gabegie (que payent les assurés sociaux et qui engraisse les labos pharmaceutiques) qu’il eût fallu dénoncer.

Désert médical 3

Médecins salariés ? Oui... Mais...

Autre numéro de duettistes, celui de la Présidente de l’Association des maires de la Vendée et du Maire de notre cité.

La dame Coulon, qui est aussi élue départementale, assura le public de toute l’attention que le département porte sur cette question. Elle mit le doigt sur la nécessité impérieuse d’une régulation de l’installation par un conventionnement sélectif c'est-à-dire adapté aux besoins de soins de la population (pas de conventionnement dans les zones surdotées). Et elle admit que, sans être la panacée, le recrutement de médecins salariés s’impose. Mais tout en affirmant son attachement à la médecine libérale qui ne veut ni de frein au libre-choix d’installation ni de généraliste de terrain salarié !

Désert médical 3

Le Maire, qui, jusqu’alors, avait l’air de s’ennuyer mortellement, asséna qu’il était au fait de la situation depuis au moins dix ans ! Il eut des accents presque gauchistes quand, prenant à témoin un de ses collègues présent, il asséna que les pharmaciens gagnant leur vie grâce essentiellement à l’argent de la sécu, avait un devoir social. Et donc que les futurs médecins aussi et qu’ils devaient se plier à des règles d’installation. En revanche, pour ce qui est d’un centre de santé avec médecins salariés, il fut beaucoup moins radical, voire totalement sceptique. Agitant une liasse de papiers – un gag qu’il utilise souvent - il affirma que c’était un véritable maquis administratif que de recruter des médecins salariés.

Désert médical 3

Pris à partie par un responsable d’une association organisatrice, Luçie, qui lui rappela qu’il s’était en fait réveillé très tardivement et n’avait, jusqu’à présent, que parlé, sans agir, il eut un méprisant "Qui c’est celui-là ?"*** appuyé par des houspillements de ses troupes !

Désert médical 3

Mais le vrai coup de théâtre fut l’entrée en scène d’un modeste maire qui expliqua avec une force tranquille comment des petites communes voisines s’étaient fédérées pour recruter un médecin salarié et  que ça coûtait, à son village de 500 habitants, 5€ par habitant et par an !

Le grand numéro des papiers agités pour symboliser les textes indéchiffrables tournait au ridicule.

Désert médical 3

Au final, malgré le grand dégagement idéologique d’un côté et la poudre aux yeux de l’autre, malgré la sensation, fondée, des patients sans médecins de n’avoir pas eu de réponses concrètes immédiates, volens nolens, le principe du recrutement de médecins salariés a été explicitement admis par le Maire. Reste à lui mettre la pression, pour qu’il ne noie pas le poisson, sous des prétextes divers, tout en protestant, bien sûr, de sa bonne volonté.

Pas la panacée ? Certes. Mais, à court terme, même une régulation des installations – qu’en d’autres temps nos élus de droite auraient qualifiée de stalinienne et que maintenant ils prônent – ne garantirait pas une solution. D’autant que par prudence ou frilosité, craignant une levée de boucliers des médecins et surtout des étudiants, la Ministre l’a écartée.

Ce n’est qu’un début, continuons la pression !

 

* Cependant, dans les cinq ans, la plupart des remplaçants optent pour l’exercice libéral.

** Cette exigence n’est pas due qu’à la féminisation de la profession : elle est largement partagée par toutes les nouvelles générations des professions médicales, hommes comme femmes.

*** Le Maire oublie que c'est entre autres Luçie qui a organisé le rassemblement du 3 septembre, rassemblement dont A. Bouget était l'animateur ; il oublie aussi qu'il a traité avec le même mépris le collectif des patients sans médecin dont il disait ignorer "l'enregistrement".

Ouest-France 24/11/2016

Ouest-France 24/11/2016

Pour compléter on peut consulter

L’Atlas de la démographie médicale du conseil de l’ordre des médecins et notamment la page sur l’augmentation des départs en retraite :
Désert médical 3
On y constate certes une augmentation massive des retraités (mais certains restent des retraités actifs) mais les actifs sont quasiment stables : au plus fort 216 450 en 2010, au plus faible 215 580 en 2014 !
Donc globalement, de 2010 à 2016, le nombre de médecins actifs est quasiment stable.
Cela confirme l’analyse de Claude Beraud : le problème est d’abord celui de la répartition et ensuite celui de la faible attractivité de la médecine générale libérale.
Et les assertions sur le numerus clausus et “la théorie des Gouvernements selon laquelle avec moins de médecins , il y a moins de malades”  avancée par l'intervenant de l'ADSP relèvent du mensonge stupide !
D’autant que ces quotas ont été largement imposés par la profession (et en particulier sa baisse dans les années 90) non pas évidemment pour baisser le nombre de patients, mais pour garder une patientèle la plus importante possible.
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4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 14:46
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Ouest-France 04/09/2016

Ouest-France 04/09/2016

Environ 500 personnes se sont réunies au pied du monument aux morts cantonal devant la cathédrale ! Une seule pancarte… la mienne ! En revanche, la récupération par les tricolorisés fut menée magistralement comme on peut le constater.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

L’oratrice puis l’intervenant très spontané (feuillets de son allocution improvisée à la main) de l’ADSP ont insisté sur l’instauration du numerus clausus – autrement dit la fixation d’un quota de places en 2e année dont l’accès était déjà à l’époque très sélectif – à la rentrée 1971. Prêtant à Boulin, Ministre de la Santé de l’époque un raisonnement incongru qui serait que moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de malades.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

Outre que ce quota a été instauré autant sous la pression de lobbies médicaux que par une volonté politique, le nombre de médecins a plus que triplé depuis 1971 ! Donc si le but était de diminuer le nombre de médecins c’est totalement raté ! Ajoutons que le dit quota – lié aussi aux capacités de formation universitaire – est largement atténué par l’inscription dans les ordres de médecins départementaux de praticiens formés à l’étranger. Et que son abolition éventuelle n’aurait d’effet qu’à moyen terme (une dizaine d’années).

Le problème n’est pas le nombre mais la répartition !

« La densité de généralistes observée en France est l’une des plus élevées des pays de l’OCDE, se situant au deuxième rang après la Suisse. Elle masque que le vrai problème en matière d’accès aux soins n’est pas le nombre de médecins, mais leur répartition géographique. »

« Initialement fixé à 8 588 places, le numerus clausus est resté stable à ce niveau relativement élevé pendant plusieurs années. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que les syndicats de médecins prennent massivement conscience qu’un nombre excessif de praticiens peut constituer une menace pour leurs revenus. Leur mobilisation conduit à une réduction du numerus clausus. Ainsi, une véritable politique de restriction n’est effective qu’à partir de 1978. »

B. Dormont et A-L Samson

Docteur Nogues

Docteur Nogues

L’instauration d’une obligation de servir dans les zones sous-dotées à la sortie de la formation a dû faire frémir d’horreur le Docteur Nogues s’il l’a entendue ! Et une mesure aussi coercitive ne pourrait s’appliquer qu’à ceux qui arrivent en 2e année au moment où on l’instaure. Donc ne faire effet qu’à terme ! Et le reproche fait au recrutement de médecins salariés – ils ne signent que pour trois ans – le serait tout autant pour ces installés d’office.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)
Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

Plus sérieuse est la proposition du député Hugues Fourage de mettre en place un régime calqué sur celui des infirmiers libéraux : non conventionnement dans les zones sous-dotées, fortes incitations à l’installation – qui existent déjà d’ailleurs – dans les zones sous-dotées.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

Parmi ces incitations, il y a ce que le maire a appelé le classement en zone franche. Les médecins peuvent bénéficier des dispositifs d’exonération d’impôt sur le revenu ou sur les sociétés au titre d’une installation dans les zones de redynamisation urbaine (ZRU), et dans les zones de revitalisation rurales (ZRR). L’exonération est totale pendant les cinq premières années, puis dégressive durant neuf ans. Une majoration de 20 % des honoraires est prévu pour des médecins généralistes libéraux exerçant en groupe dans les zones déficitaires. Selon la Cour des Comptes, le bilan de cette mesure met en évidence un effet d’aubaine. Cette mesure, d’un coût élevé de 20 millions d’euros pour 773 bénéficiaires en 2010, ne s’est traduite que par un apport net de l’ordre de 50 médecins dans les zones déficitaires depuis 2007. Rapport d’information du Sénat 2013 (le rapporteur, Hervé Maurey, centriste, est d’ailleurs assez sceptique sur ces mesures).

Le 2e problème c’est que les nouveaux médecins sont de moins en moins tentés par l’exercice libéral de la médecine

En simplifiant, sur 10 sortants, 1 seul accroche sa plaque de libéral, 3 optent pour les remplacements et 6 pour le salariat. Certes, ceux qui ont préféré les remplacements, dans les cinq ans qui suivent, deviendront libéraux, mais ça ne suffit d’autant moins qu’ils ne s’installent pas là où en a le plus besoin.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

Reste donc la création d’un centre de santé médical municipal avec médecins salariés. Le Maire semble ne plus rejeter cette hypothèse mais avec de telles réticences – médecins sous contrat de 3 ans, déficit prévisible... – que tout laisse à penser qu’après création d’une belle commission qu’il ne réunira qu’une fois, le projet soit enterré.

C’est pourtant la seule solution qui puisse apporter une réponse à court terme aux patients sans médecins !

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

Terminons quand même par une note joyeuse, avec cette envolée de l’édile qui laisse à penser que son nègre est un disciple de Pierre Dac qui a lu et relu le discours pouvant servir en toute circonstance : « Notre combat à Luçon doit rejaillir sur toute la France ! il faut faire entendre la voix du peuple qui veut se faire soigner ! »

Bravo !

Bravo !

Sur la convention des infirmiers libéraux, sur les liens vers la description des centres de santé de Bernay (27) et La Ferté-Bernard (72) voir l'article précédent.Luçon, l’évêché crotté, désert médical

 

 

 

 

Loïc Nauleau au côté d'Arnaud Bouget (Luçie) qui dirigeait le meeting.

Loïc Nauleau au côté d'Arnaud Bouget (Luçie) qui dirigeait le meeting.

A noter que le journaliste n'a pas cru bon de noter dans l'article les interpellations de l'ARS ou de la CPAM que répercutait Loïc Nauleau, conseiller municipal d'opposition, et encore moins la mise en demeure faite au préfet de lancer des ordres de réquisitions (à partir de quelle loi et surtout qui réquisitionner ?). Mais peut-être le fera-t-il dans un article lundi 05/09/2016*.

Luçon,  désert médical (suite et pas fin)

A noter également que Mme la Docteur Meysonnier, ophtalmologue, est intervenue pour souligner le problème de sa spécialité où les postes offerts au concours sont largement inférieurs aux départs en retraite prévisibles. Le député a reconnu, honnêtement, ne pas connaître ce problème, mais lui a proposé de s’en entretenir avec elle.

Ouest-France 05/092016 (page Vendée)

* De fait l'édition de lundi, dans le court article ci-dessus, paru dans la page Vendée, sans même le rappel habituel en rubrique Luçon, qui ne cite d'ailleurs dans les intervenants associatifs que E. Deluze, fait état de son exigence de réquisition des médecins ! En revanche, le ping-pong ou billard à trois bandes, Mairie-ARS-CPAM, décrit par L. Nauleau n'a pas retenu l'attention du journaliste...

Trois photos récupérées sur un touitte de M. La Mache, Maire de St-Sigismond.
Trois photos récupérées sur un touitte de M. La Mache, Maire de St-Sigismond.
Trois photos récupérées sur un touitte de M. La Mache, Maire de St-Sigismond.

Trois photos récupérées sur un touitte de M. La Mache, Maire de St-Sigismond.

En complément

Ouest-France 26-09-16

 

Speed dating

Le Maire et le libéralissime Dr Nogues devaient participer à un speed-dating - rassurez-vous rien de libidineux mais médical : une sorte de marché aux toubibs - pour lequel le service communication municipal avait préparé une plaquette et une clé USB (le progrès fait rage dans le Bas-Poitou).

Las, le premier rendes-vous a été annulé :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et le second itou

 

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