En panne de lecture, pour me rendre en un lieu où, dit-on, les rois vont à pied, j’ai attrapé le Télérama qui affichait la tête de Val en couverture. Val qui n’est pas l’unique objet de mon ressentiment, mais qui a provoqué mon hostilité en virant Siné. Puis Porte et Guillon…
Une constance chez les Guéant et autres postillonneurs du Sarkozystan – leur numéro 1 en tête – quand ils ont dit une grosse connerie, ils persistent et
signent. Val est de la même espèce. Il fait plus qu’assumer son autoritarisme arbitraire, il le revendique. Ainsi, quand on évoque l’affaire Siné, il dit sans sourciller « Quand j’ai viré Siné, certains ont dit que j’avais retourné ma veste,
alors que j’étais en cohérence totale avec ce que je disais depuis des années » Les journalistes oublient juste de lui rabattre la jactance*, en lui rappelant que la justice a rejeté l’accusation mensongère d’antisémitisme envers le
dessinateur : '"il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Siné sont antisémites... ni que celui-ci a commis une faute en les écrivant..." ! Le patron de
choc a coûté 40 000 € à Charlie-Hebdo.
Il l’avait entretemps déserté pour sévir à France Inter. A peine arrivé, il débarque Frédéric Pommier de la « revue de presse »
matinale : « je la trouvais certes talentueuse, mais pas adaptée. Elle ne donnait pas envie de lire les journaux. » Jugement pour le moins subjectif et Pommier fut mis au placard, avant
de retrouver à exercer son talent chez Colin et Mauduit. Ce dont Val ose se féliciter.
Quand la dame Morano s’en était pris avec sa hargne habituelle à l’humoriste Sophia Aram – il faut entendre la harpie monopoliser le
crachoir – il n’avait rien trouvé de mieux que de lui téléphoner. « Quel directeur de France-Inter n’appellerait pas les deux parties après un accident (sic) d’antenne ? » ose-t-il
demander. Et quel politique ne prendrait pas ce coup de fil incongru pour des excuses ?
Avec une bonne foi digne d’un jésuite, il ose prétendre que quand il déclarait « La radio coûte cher à l’actionnaire, qui
n’est pourtant pas très bien traité », l’actionnaire en question n’était pas Sarko, mais le public ! Faut-il rappeler qu’il proférait cette énormité juste après sa lettre d’avertissement à Porte, pour avoir mis dans la bouche de
Villepin un « j’encule Sarkozy ! ».
Et pourquoi a-t-il viré – chez lui c’est maladif – Porte et Guillon ? Bien sûr, pas pour complaire à l’époux de son amie Carla Bruni. Mais parce
qu’ils diffamaient impunément leurs dirigeants. « … il n’y a qu’à écouter ce qu’ils disaient à l’antenne sur Jean-Luc et moi.(…) Il faut un peu de respect, un peu de politesse… » Les
journalistes*, aussi pugnaces que Poujadas et Chazal face à Sarko, ne lui ont pas demandé combien de fois ces irrespectueux avaient attaqué «Jean-Luc » et lui sur l’antenne. Il aura ensuite cette
pensée profonde « en humour comme ailleurs, l’excellence vaut mieux que la médiocrité ». C’est ben vrai ça !
Il reste soutenu par une Pascale Clark odieuse : « Inter, radio sarkozyste (…) C’est un fantasme (…) qui est véhiculé par Stéphane
Guillon parce qu’il en fait la matière première de ses spectacles »… et Thomas Legrand qui en rajoute une couche : « Nous disposons d’une liberté de ton totale. Seuls ceux qui ont décidé
de détester Val ne l’admettent pas. » Et, ceux que Val a virés, comme Guillon, Mme Clark, comme Porte que vous avez été vilipender sur Canal +, M. Legrand !
Nos journalistes* de télérama osent quand même rappeler « une affiche de Font et Val, dessinée par Cabu » où les deux compères
sodomisaient Léotard, en bure de moinillon. « C’est vrai, elle était transgressive et impolie, mais c’était un one shot comme on dit, pas une habitude. D’ailleurs, elle a été peu
affichée… » Réponse d’une tartufferie succulente : un mea culpa forcé – ne vient-il pas d’accuser ses têtes de turc d’irrespect et d’impolitesse – puis l’excuse puérile, on ne l’a fait
qu’une fois (en anglais ça fait plus chic), ça n’a été qu’à peine affiché… Et la référence à Lubitsch prend tout son sel dans la bouche de l’immortel auteur et co-interprète de « On s’en
branle », qu’on pourrait mettre dans la bouche des exclus.
Quand Val a dit « Vous n’passerez plus à la radio »
On a répondu à c’directeur bidon « Coco
On s’en branle, on s’en branle
On s’en branle »
* Une des deux journalistes - j'avais envoyé le lien au courrier de Télérama - m'a répondu :
Notre travail de journaliste est de donner à chaque lecteur le maximum d'éléments d'informations, qui lui permettront de former son
propre jugement - je constate que vous n'en manquez pas !
Comme nous l'avons écrit dans les colonnes de Télérama, l'objet de ce dossier était de dresser l'état des lieux de France Inter, deux ans et demi après l'arrivée à sa tête de Philippe Val - dont
la nomination a suscité tant de polémiques, et fait naître tant de craintes. En 2010, nous avions déjà réalisé un sujet analogue, qui rendait compte du malaise qui régnait alors à Inter ; il est
tout à fait normal de refaire le point aujourd'hui.
Concernant plus précisément "l'affaire Siné" (qui a eu lieu avant l'arrivée de Philippe Val à Inter), la presse - nous y compris - en a largement parlé au moment des faits.
Si nous l'avons évoquée, ce n'était donc pas sur le fond du dossier (qui ne concerne pas du tout la radio) mais parce que l'antipathie de certains - voire, leur défiance - à l'encontre de
P. Val s'est nettement accrue depuis cette date. Il n'était pas davantage question d'aborder, ni de creuser ici tous les sujets qui ont fait polémique... sinon il nous en aurait fallu, des pages
supplémentaires... Qui plus est, Télérama a déjà brossé un portrait de P. Val au moment de sa nomination - nous n'allions pas faire du copié-collé.
Nous nous sommes donc concentrés sur notre angle - principe journalistique essentiel : l'état actuel de France Inter, son ambiance, son antenne, la liberté de ton - ou pas - de ses journalistes
et animateurs, ses résultats d'audience, la réussite - ou pas - de ses nouvelles émissions. Et tout cela, c'est déjà beaucoup ! Une radio aussi importante qu'Inter le mérite bien...
V. Lehoux
Rédactrice en chef adjointe / Responsable du service radio
Dont acte, comme on dit. Et mes sincères remerciements à cette journaliste qui, au lieu de se froisser sur des termes vifs (que je laisse tels quels, sinon ce courriel
perdrait de son sens), argumente sereinement.