Quitte à surprendre - mais quand quelqu’un appelle un chat, un chat et Sarkozy un dangereux pêcheur de voix extrêmes comment ne pas être d’accord ? – il me semble que François Bayrou a dit clairement, nettement ce qu’il faut penser des prétendues valeurs du sortant-candidat.
L’humanisme dont il se réclame, même s’il ne suffit pas, est le socle de base d’une autre politique. « La liberté n'est pas un
acquis, elle n'est pas naturelle, elle se construit et elle se construit contre un certain nombre de tendances naturelles de l'humanité. Ce qui est naturel, si on laisse faire, c'est la
domination des forts sur les faibles, l'aliénation. La liberté se gagne par des conditions matérielles de dignité, de logement, de santé, de revenu, elle se protège par la loi, elle se construit
par la culture et le parler droit. » Reste à savoir, ensuite, comment on met en place cette dignité de logement, de santé, de revenu, d’éducation, de justice…
« …ce que Nicolas Sarkozy présente comme valeurs, c'est à mes yeux la négation même d'un certain nombre de ces valeurs qui ont fait
la France ! L'idée, pour gagner des voix, d'un référendum organisé sur le droit des chômeurs, c'est la négation de ce qu'un chef d'État doit à un pays comme la France. Ce ne sont pas les chômeurs
qui sont responsables du chômage, ce sont les gouvernants ! » Dans son réquisitoire, il montre qu’un tel référendum ou un autre sur l’immigration, en attisant les passions, déchirerait la
société française, alors que la fonction d’un président, en charge de tout un peuple, ne devrait pas être de le diviser, mais de l’unir. Mais Sarkozy a-t-il un jour pris la mesure de sa fonction
?
« Nous savons bien ce qu'il y a derrière (…) l'idée que c'est l'électorat d'extrême-droite qui constitue le grand grenier à voix de
cette élection présidentielle, que c'est en jouant de cette corde : 'les chômeurs ne fichent rien, ce sont des feignants', ou bien 'les étrangers, voilà la question' (…)que l'on peut puiser dans
cet électorat. (…) ces gens pensent que la fin justifie toujours les moyens. »
« Quand un homme qui exerce les fonctions de président de la République, en annonçant sa candidature dit : 'Je ferai deux
référendum, un sur les chômeurs, l'autre sur les étrangers', alors il ne parle pas de lois, de règlements, d'amélioration, de changement. Ce qu'il fait, c'est qu'il donne à entendre
volontairement à une société en mal d'être que le chômeur et l'étranger sont les deux responsables de la maladie du pays.
(…) nous sommes la société, nous, France, nous sommes la civilisation -puisqu'il aime tant parler de civilisation- qui (…) refuse
de faire de l'étranger et du chômeur les coupables de nos maux. Nous sommes la civilisation qui refuse de faire du faible le responsable des mauvais choix des forts ! »
Pas de naïveté, bien sûr, F. Bayrou par cette condamnation de la dérive ultra-droitière du sortant-candidat, cherche aussi à rallier un
électorat modéré qui se reconnaissait de moins en moins dans les outrances de la droite populaire, dans cette surenchère pratiquée par Guéant (mais aussi un Wauquiez soi-disant de droite
sociale). Si cette opération réussissait, si Bayrou prenait le pas sur Sarkozy, la victoire de la Gauche de gouvernement serait plus difficile.
Pour autant, au-delà bien sûr de divergences fortes (sur l’école, par exemple), F. Bayrou a su dire ce qu’il fallait
dire sur les « valeurs » affichées par le sortant