Avec Judas, pardon Besson, on n’est jamais déçu. Toujours mieux et toujours plus dans l’ignoble !
Après le démantèlement de la « jungle de Calais », il a donné dans le renvoi d’Afghans dans leur pays en guerre. Mais l’infatigable traître, nous sort – un peu pour chasser la désastreuse affaire du Prince Jean, beaucoup pour resiphonner les voix frontistes (et donner un peu de grain à moudre au Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon, le rallié, qui doit avaler la couleuvre de la réforme territoriale) – un débat sur l’identité nationale. Débat qu’il commence à trancher avant même de l’avoir lancé. Ainsi, comme son nouveau maître, il déclare que la burqa serait contraire « aux valeurs de l’identité nationale » (dont on avait cru comprendre qu’elle était l’objet du débat). Aphatie, l’interviewer agréé de l’UMP, tout esbaudi de déclarer « c’est fort, ce que vous venez de dire. Vous pouvez répéter ». Lui a-t-il rappelé qu’il y avait une « Mission parlementaire sur le voile intégral » et que cette péremptoire déclaration pouvait passer pour du mépris à l’égard de ses travaux ? Pour faire bonne mesure le Ganelon nous a fait un couplet sur la Marseillaise que chaque écolier devrait chanter au moins une fois dans sa scolarité !
Alain Juppé cite Renan : “L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation.”
“L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses…Aucun citoyen français ne sait s’il est burgonde, alain, wisigoth…”
” Une nation est un principe spirituel, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol.” Il conclut : « Tout est dit. A quoi bon relancer un débat ? »
Joffrin dans Libé, feint de ne pas voir que, lancé par ce tartuffe, le débat pré-cadré, ne peut que donner, comme le relève l’Huma, dans « l’offensive sur le thème bien connu des immigrés qui poseraient problème à l’identité de la France. » Il a certes raison d’affirmer que « La France future sera tissée, en même temps que de christianisme ou de laïcisme, de culture musulmane, d’esprit africain ou de tradition ultra-marine. Ces apports sont un enrichissement et non une menace. Se contenter de dénoncer la burka, ce qui peut certes se comprendre, c’est refuser de voir cette réalité nouvelle et à bien des égards positive. La dénonciation du communautarisme - fondée en théorie - finit par couvrir une forme d’allergie à la différence. La France est d’ores et déjà plurielle. On ne saurait le nier, à l’heure de l’Europe et de la mondialisation, qui sont par nature mélange et métissage. »
Mais compter sur Besson, bien que né au Maroc de père français et de mère libanaise, ou Sarkozy, bien que né de père hongrois et comptant une grand-mère grecque dans ses ascendants, pour mener une réflexion de ce type, c’est faire preuve d’une naïveté qu’on ne soupçonnait pas chez lui.
Gageons qu’Hortefeux, bien que son bilan soit calamiteux, lancera aussi le débat sur la sécurité, à l’occasion d’un fait-divers bien saignant, juste avant les régionales !