Scandâââle ! notre ami le roi, Mohammed VI inaugure avec le PDG de Renault–Nissan, Carlos Ghosn, une usine à Tanger-Med. Estrosi, Villepin, Dupont-Aignan, le FN… s’étranglent d’indignation. A croire que cette usine est tombée du ciel – brutalement ? miraculeusement ? – aux abords du nouveau port Tanger-Med.
"Il est dangereux et insoutenable pour notre pays que Renault, dont l'Etat est le premier actionnaire, réalise du dumping social au Maroc pour produire des voitures destinées à l'Europe et à la France", clame Estrosi, dit bac-5. Il a dû oublier qu’en 2009 il a été ministre – eh oui – de l’industrie.
Or, le 30 octobre 2009, la première pierre de l’usine Renault à Tanger-Med a été posée.
A-t-il protesté ? Le fameux état actionnaire s’était-il élevé contre cette implantation ? Car avant cette pose symbolique, le projet avait pris forme dès 2007. Ainsi, un site boursier écrivait le 3 octobre
2007 : « Renault et son partenaire Nissan ont choisi le Maroc pour construire un complexe industriel d'une capacité de production de 400.000 véhicules avec une première étape de 200.000
unités à partir de 2010 (…) Renault et Nissan produiront au Maroc des voitures dérivées de la Logan et un nouveau véhicule utilitaire de marque Nissan. Ces véhicules seront destinés à
l'exportation à 90%, (…) Les deux groupes devraient bénéficier de subventions compte tenu de la taille de leur investissement et de la création de 6.000 emplois directs au Maroc. » La date
de production était optimiste, mais pour le reste tout était dit, il y a plus de quatre ans.
De fait, le Maroc, par le biais de sa Caisse de dépôts et de gestion (CDG) entrait dans le capital de Renault Tanger-Med à hauteur de 48%, en juillet 2009, peu avant donc la pose de la 1ère pierre
dont Estrosi a dû entendre parler.
Le même site
boursier, il y a un an, annonçait ce que l’on feint de découvrir aujourd’hui. Renault a rappelé ce mercredi (02/02/11) qu'il compte faire du Maroc une de ses grandes plateformes de
production de la gamme "Entry" qui regroupe la gamme Dacia : Logan berline, break, pick-up et fourgonnette, Sandero et Duster. L'usine marocaine de Tanger, commencera son activité en 2012 avec
une production de 30 véhicules par heure. Cette capacité de production sera doublée en 2013 et devrait atteindre 400.000 véhicules par an.
Sur les zones émergentes, Renault affirme que produire localement est "indispensable pour être compétitif, réactif et pouvoir
vendre au bon prix nos produits". Renault va donc continuer d'investir, en particulier au Brésil, en Inde et en Russie.
Parler de délocalisation serait, en l’occurrence, abusif. Ou ce serait aux roumains de le dire. Sauf erreur, la Logan
et ses dérivées de la marque Dacia n’ont jamais été montées dans l’hexagone. La CGT peut certes exprimer ses craintes d’auto-concurrence, c’est le cas de le dire, entre une future monospace en
face de la grande Scénic ou un petit utilitaire en face de la Kangoo. Mais que ces modèles soient montés en Roumanie ou au Maroc ne change rien au problème.
Et, pour de seules raisons électoralistes, UBUprésident laisse ses séïdes gâcher une occasion en or de renforcer nos
liens avec le Maroc – et pas seulement avec son roi si
hospitalier pour celui qui fait président. Au contraire, cette complainte des faux-culs de la majorité ruine cette chance manifeste d’amener – volens nolens – l’ensemble des forces politiques
marocaines à célébrer cette contribution d’une grande marque française au développement économique de leur pays.
Faut-il ajouter que si l’on ne favorise pas le développement de la rive Sud, – n’était-ce pas l’ambition de la
moribonde Union pour la Méditerranée – la pression migratoire ne pourra que s’accroître ?