13 juillet 2008, le triomphe diplomatique de Nicolas Sarkozy, le couronnement de sa présidence de l’Union Européenne, le sommet de l’Union pour la Méditerranée. Un aéropage de chefs d’état : Hosni Moubarrak qui allait devenir le co-président de l’UPM, Ben Ali, Bouteflika et Bachar-el-Assad, seul Khadafi boudait car Israël –miracle diplomatique – faisait partie de l’union. On avait mis les petits plats dans les grands, puisque les deux repas du sommet auront coûter la bagatelle de 2,3 millions d’euros et le sommet au total 16,6 !
Rien n’aura été négligé donc, et le président lui-même, si l’on en croit A. Leparmentier, quittant prématurément un G8 au Japon, a réglé les moindres détails du diner. « Le menu, c’est quoi ? » « La finlandaise, je n’en ai rien à foutre. » « Ne mettez pas Berlusconi avec Carla » « Un homme qu’il me plairait qu’on invite, c’est Enrico Macias, c’est un homme des deux cultures » !
« Angela ne peut pas ne pas être à ma table. Sinon, elle va se vexer. » Eh oui, déjà Mme Merkel dictait sa loi au « flamboyant » hyperprésident s’occupant du plan de table. Car cette union pour la Méditerranée qui ne devait, en toute logique géographique, ne réunir que les pays riverains, elle avait imposé que les 27 pays de l’union européenne, avec la commission y participent.
Ce projet avait été initié par … Jacques Chirac en 1995. Le processus de Barcelone établissait un partenariat euro-méditerranéen dans le domaine de la sécurité, du développement et de la culture entre l'Union européenne et dix autres États riverains de la mer Méditerranée : l'Algérie, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie et l'Autorité palestinienne.
Mais l’idée de Guano adoptée par son patron était de limiter l’union aux pays riverains, à l’exception du Portugal, de la Jordanie et de la Mauritanie. Aucune concertation avec les partenaires bien sûr. Inutile de dire que commission et parlement européens le prenaient mal. Mais ce fut la chancelière qui dit Nein. Sarkozy tente bien de faire passer son projet pour un décalque du Conseil des États de la mer Baltique. Mais le matamore doit se plier à l’intransigeante Mme Merkel. Une « affaire mal ficelée, mal préparée, mal vendue » pour Jean Quatremer. Un échec diplomatique cinglant que les fastes du sommet devaient effacer.
Sauf que, presque quatre ans après, cette UPM (à ne pas confondre avec l’UMP) est bien malade. Son co-président Hosni Moubarak est jugé sur un brancard et son pays entre domination militaire et islamiste. Ben Ali s’est réfugié chez les Saoudiens. Bachar-el-Assad massacre son peuple. La Lybie est dans l’anarchie. Bouteflika n’y a jamais vraiment cru… Et l’Europe pèse toujours aussi peu dans la solution du problème israëlo-palestinien.
Seule consolation (?), le Qatar, pays ô combien méditerranéen, représenté à ce sommet par son chef d’état, l’Emir Sheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a racheté le PSG !
Après avoir cédé, comme ça deviendra l’habitude, au diktat allemand, Sarkozy a essayé de faire passer, à grands frais, cette capitulation pour un triomphe diplomatique. Et ça se termine en jus de boudin.
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