S’il y en a trois qui peuvent chanter, sur l’air de « Merci Patron » des Charlots, « Merci sarko » c’est bien le trio Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Et s’il y a un « charlot » dans cette affaire, c’est celui qui fait président.
Les cigares du pharaon, pardon de l’obscur secrétaire d’état au grand Paris, le permis de construire de l’amateur de jets privés, les appartements de fonctions du motodidacte ou de la dame du plan Marshal pour les banlieues, les cumuls emploi bidon-retraite d’une chaisière de Saint-Cucufa, sans oublier les confusions de rôles du buster keaton du budget passé au travail, animent joyeusement l’actualité. La République des copains et des coquins retrouve une nouvelle jouvence. Mais la succession de révélations du Canard ne doit pas faire oublier les ingérences de Sarkocescu dans la reprise du Monde.
Ainsi, quand la fameuse troïka gagnante a, la première, annoncé sa candidature, UBU président a téléphoné au directeur du Monde pour lui dire tout le mal qu’il pensait de Xavier Niel, fondateur de Free. C’était Le Point – peu suspect d’un anti-sarkozysme viscéral – qui le révélait (Fottorino le confirmera). "Tout en faisant mine de ne pas s'en mêler, Nicolas Sarkozy concentra ses critiques sur Xavier Niel, présenté comme "un homme du peep-show", peu digne d'entrer au capital du journal fondé par Hubert Beuve-Méry" De fait Niel a très précocement commencé à se bâtir une fortune avec le minitel rose ; il a ensuite investi dans les peep-shows, avant de créer Free. Mais le rôle de « père la vertu » va à Sarko, comme celui d'escort girl à la dame Boutin. Et c’est plus à l’opposant farouche de la loi Hadopi, à celui qui finance deux sites d’information anti-sarkozystes (Bakchih et Mediapart) qu’il en veut. Il a tout fait, au grand bonheur de son ami Bouygues, pour retarder l’entrée de Free dans la téléphonie mobile. Pour faire bon poids, il assortissait son conseil bienveillant d’un chantage. Au cas où Le Monde serait repris par le trio Bergé-Niel-Pigasse, l’Etat, via la Caisse des dépôts et consignations (CDC), pourrait ne pas apporter le soutien financier prévu à la modernisation de l’imprimerie du Monde.
La manœuvre était d’une grossière subtilité. Mais, il manquait une offre alternative crédible. Perdriel, patron du Nel Obs, appuyé par le groupe espagnol PRISA (El Païs) hésitait fortement. Miracle Stéphane Richard, patron de France Télécom, et ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, et ami de Nicolas Sarkozy, se révéle "intéressé par un partenariat industriel avec Le Monde, pour l'accompagner dans sa transition vers les contenus numériques". Cela à quelques jours du dépôt des dossiers.
Pour couronner le tout, le petit homme convoque Fottorino, patron du Monde, à l’Elysée. "Selon nos informations, Eric Fottorino a confirmé hier le coup de fil présidentiel devant les chefs de service du Monde. Fottorino a même ajouté avoir rencontré cette semaine Nicolas Sarkozy à l’Elysée en présence de Raymond Soubie, son conseiller social. (...)Le remontage de bretelles présidentiel a affecté Eric Fottorino qui, selon un journaliste, «avait l’air secoué» Libération 11/06/10
Une ingérence aussi bêtement affichée a obtenu le résultat qu’on pouvait attendre. Il a boosté la candidature Bergé-Pigasse-Niel, plébiscitée par la société des rédacteurs et l’ensemble des journalistes. Perdriel a retiré sa candidature. Une défaite totale ! Mais des manœuvres révélatrices de la tentation exacerbée, après avoir fait main basse sur l’audio-visuel public, tenir par copains interposés une large partie de l’audio-visuel privé et de la presse écrite, d’étendre encore son emprise sur le peu qui reste de presse indépendante.
Dans quel pays démocratique assiste-t-on à ce déni de la pluralité de la presse, des médias ?