Une contribution de G. Dubant
Le parrain, l’ego et la thune
J’ai signé une pétition électronique contre le renvoi de Didier Porte, j’hésiterai désormais à écouter le « Fou du Roi » en dépit de l’attitude digne de Stéphane Bern, Stéphane Guillon parlait à une heure où je dors, mais j’ai une certitude : Jean-Luc Hees et Phlippe Val ont déshonoré une radio à laquelle je tiens, France-Inter.
Une fois refermé le bureau des pleurs, façon indépendance du service public, droit à la caricature, trahison des anciens complices de Charlie-Hebdo et de France-Inter (dans une autre vie), liberté de parole des chroniqueurs et des journalistes, bref la vulgate pour humanistes rose verdâtre, il faudrait essayer de comprendre le phénomène sans cesser de tresser le chanvre pour pendre et estrangler les deux félons soi-disant champions de Notre-Dame de la Liberté.
Il n’y a que des jobards pleins de gentillesse enfantine pour croire que les journaleux, chroniqueurs, chefs d’antenne ou de rédaction ne sont pas salariés, mais formateurs bénévoles. Ils ont par conséquent un patron. S’ils veulent garder leur pouvoir d’achat, pas si ridicule, ils doivent se garder de contredire publiquement la « ligne éditoriale ». Imaginons un chef de rubrique du Figaro cracher sur l’économie de marché ou un syndicaliste, sauf CGC ou CFTC, dire du bien d’Éric Woerth chez Yves Calvi, d’ailleurs d’une prudence pleine d’intelligence sur le choix des invités. Le sort de ces misérables sera scellé par un stage au Pôle Emploi ou un placard rempli de vipères.
Cela dit, l’affaire Porte et Guillon est spéciale et moderne. Ils ont été virés par d’anciens collègues qui tapaient dans le même fromage de la dérision voici quelques années. François Léotard n’a sûrement pas oublié le traitement légèrement sodomite subi en images made in Charlie-Hebdo par les soins de Philippe Val et son complice d’alors Font. Hees lui-même se vantait encore récemment d’avoir été viré de France-Inter « pour des raisons politiques ». Cela laisserait supposer que le taulier de Radio-France a des idées, politiques ou autres, ce qui reste à démontrer.
Il partage en tout cas avec Val et tous les petits manipulateurs d’opinion un ego surdimensionné, des copains dans tous les camps (politique, religieux, laïc, médiatique, etc). C’est un milieu de gens de pouvoir auto-proclamés, qui ont toujours bouffé la veille avec Carla ou l’étoile montante de l’Élysée. Pour le nouveau Génie des Carpettes, Nicolae Sarkocescu, c’est un vivier. La technique Besson-Kouchner-Bockel n’a pas changé. Il faut trouver des traîtres à leur pedigree officiel qui appliqueront les ordres du boss avec d’autant plus de férocité et de servilité qu’ils n’ont plus que leur paie, leur brosse à reluire et leur capacité de nuisance pour continuer de vivoter dans leur zoo pour carnassiers, ad Presidenti majorem gloriam.
Hees et Val paraphrasent Louis XVI : « C’est légal parce que le roi le veut ». Ils posent en creux une question plus importante que leur médiocrité. Porte, Guillon, Charb, Cabu, Plantu, et d’autres, peuvent-ils dire ou dessiner ce qu’ils veulent dans les supports qui les accueillent ? Le droit de la presse est encore assez clair en France : les principales infractions sont l’injure, l’atteinte à la vie privée, la diffamation et l’intention de nuire. Les seules instances habilitées à interpréter ces notions s’appellent les tribunaux, et chaque citoyen peut théoriquement y avoir recours. Mais la justice est en pleine mutation. Pourquoi perdre le temps des magistrats et l’argent des contribuables pour décider ce qui est bon pour la liberté de pensée ? Notre populaire président le sait mieux que quiconque, sinon serait-il président ? Un signe de sa main, et les nervis d’ex-gauche rétablissent la peine de mort intellectuelle.
Les pétitions de soutien aux condamnés sont bienvenues, mais insuffisantes. La seule solution est l’éviction du dictateur par le vote en 2012. Et la liberté d’expression de la presse devrait figurer parmi les points importants d’un programme de vraie gauche encore à construire.
Gilbert Dubant