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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 18:50

Jean-Luc-Melenchon2.jpg

 

Mélenchon est-il à la gauche, ce que le FN est à la droite ?


Copé qui se croit autorisé à parler « au nom de la France » exigeait que F. Hollande arrête les négociations avec les Verts sur le nucléaire : les deux partis sont « en train de négocier sur le dos des Français » ! Mélenchon n’hésite pas à aller encore plus loin dans l’infamie « D’un côté, François Hollande décide tout seul qu’il continue le nucléaire ; de l’autre côté, des gens catégoriques disent "il faut sortir du nucléaire". Puis on s’aperçoit qu’ils échangent des centrales nucléaires contre des circonscriptions. Tout cela sent beaucoup la carabistouille»


Pour avoir osé commettre un article sur « La vraie nature de Mélenchon », je me suis attiré une salve mélenchoniste. Avec une bonne foi sans égale, les fidèles du lider maximo (allusion aux admirations latino-américaines de l’ex sénateur socialiste qu’ils feignirent de ne pas comprendre) prétendaient que leur candidat, lui, ne se livrait pas à de basses attaques contre celui désigné par la primaire citoyenne.


La preuve ! « Hollande et Sarkozy sont deux hommes d’un autre temps. » « Ici, la ligne de Hollande est incapable de rassembler une majorité populaire pour battre Nicolas Sarkozy. » « Il enrobe de bons mots et de petites blagues une obstination sociale-libérale depuis ses textes de 1983*. » « À présent, à gauche, pourquoi choisir, pour entrer dans la saison des tempêtes, un capitaine de pédalo comme Hollande ? » On note au passage que Hollande est beaucoup plus dans la ligne de mire que Sarkozy dont il dit : « Je n’ai jamais cru qu’il était battu d’avance. »


Mélenchon est objectivement, comme disait le PCF de la grande époque, l’allié de Sarkopé. Et, il a de fait des raisons objectives de tirer à boulets rouges – bien sûr – sur le PS. Raison à court terme : le vote utile dès le premier tour lui serait fatal et donc, pour l’éviter, son adversaire n’est pas Sarkozy, mais le candidat issu de la primaire citoyenne. Raison à plus long terme : une nouvelle défaite de la gauche de gouvernement aboutirait, pense-t-il, à un total délitement du PS, sur les ruines duquel son PdG pourrait réellement exister et faire triompher son héros en 2017.


Mes mélenchoniens dans mon honteux papier précité mettaient en avant le programme du Front de Gauche (la « vraie »). Qui s’opposerait à une augmentation massive du SMIC, à ce que la BCE joue son rôle de banque centrale, à ce que l’on s’attaque aux « requins de la finance », à une justice fiscale ? Sauf que, il ne suffit pas de dire « au de là de X euros je prends tout » ; il ne suffit pas, avec une quinzaine de militants et un panier d’andouillettes, d’envahir les locaux français de Moody, pour terroriser les agences de notations ; il ne suffit pas de dire que la France s’est inclinée devant l’Allemagne, pour que le rôle de la BCE change, etc.


Il est plus facile de jeter l’anathème sur Hollande… au risque de refaire passer Sarko !

 

* Ce 1983 est mystérieux, puisque, à l’époque, F. Hollande était au cabinet de Max Gallo, porte-parole du gouvernement et JL Mélenchon était secrétaire fédéral – Mitterrandiste – de l’Essonne.

 

Nouveau cadeau "Bonus" : un article scanné sur le n° historique de Charlie-Hebdo, le n° 1011 du 02/11/11

 

Mélenchon Le candidat AAAAA

La révolution réduite à un happening.

 

Le 21 octobre, M. Mélenchon, une quinzaine de militants et un panier d'andouillettes  de   l'«AAAAA» (« Association amicale des amateurs d'andouillettes authentiques ») ont fait irruption au siège de Moody's. « On était venus repérer, raconte Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche. C'était tout ouvert, sans vigile. » Une expédition héroïque a donc été décidée. Toutes les télés ont été prévenues, et, après que les militants eurent crié  "A, A, A, nous ne sommes pas des andouillettes !" , M. Mélenchon a fait un discours dans le hall, où il a dit: « L'agence Moody's prétend qu'elle va surveiller le peuple français, le peuple français l'informe qu'il surveille Moody's. »

 

Cette phrase est inexacte et stupéfiante.

 

Inexacte parce que Moody's ne surveille pas le peuple français, mais l'état des finances du gouvernement français, ce sont deux choses différentes. En outre, c'est le gouvernement français lui-même qui, de concert avec les autres gouvernements européens, a poussé le culte de l'orthodoxie financière jusqu'à permettre à ces agences de l'évaluer. S'il y a donc une action à mener, elle doit viser le gouvernement et non les agences de notation.  

 

Cette phrase est aussi stupéfiante parce que M. Mélenchon ne dit pas « j'avertis Moody's ». Il dit : « Le peuple français avertit Moody's. » Voir cet homme, sans être mandaté par le peuple, parler au nom du peuple, suscite un effet étrange, entre le malaise et le comique. C'est comme si M. Mélenchon tout d'un coup se mettait à décréter l'état d'urgence ou à faire la circulation dans les rues. Avez-vous été consulté sur cette intervention ? Moi non plus. Par ailleurs, les gens qui travaillent chez Moody's ne sont-ils pas français ? Ne font-ils pas partie du peuple français? Je vous vois venir: ce sont des « ennemis du peuple », des traîtres ! Et à ce titre ils méritent qu'on leur fasse violence, qu'on entre chez eux sans invitation pour les menacer (de quoi, d'ailleurs ?) : on voit ainsi M. Mélenchon lever la tête et, foudroyant du regard des employés invisibles, cachés dans les étages, avertir: « Tenez-vous-le pour dit ! Nous vous tenons sous surveillance et vous nous reverrez encore souvent ! » II ne sert à rien de nier qu'il s'agit d'un acte de violence, comme s'y essaie Leïla Chaibi : « Une action non violente et rigolote » (si on disait à Mélenchon qu'on avait trouvé son discours « rigolo », il ne serait pas très content). Mais ce n'est pas la première fois qu'un défenseur de « l'humain » pousse l'amour de l'humanité jusqu'à la violence.

 

Chaque fois que quelqu'un, sans mandat du peuple, prétend parler au nom du peuple, on se trouve dans une logique révolutionnaire. Ainsi, en novembre 1793, alors que le bourreau dressait la guillotine au Champ-de-Mars pour exécuter l'ancien maire de Paris, Bailly, parce que c'est là qu'il avait fait tirer sur la foule deux ans plus tôt, « une vingtaine de meneurs [...] déclarèrent que le sol qui avait bu le sang des martyrs ne pouvait pas être souillé par le sang d'un scélérat. Le bourreau objecta les ordres qu'il avait reçus. "Des ordres, dit un des meneurs, c'est le peuple souverain, ton maître, qui a seul le droit d'en donner"».

 

Marx avait remarqué que la Révolution française, tragédie en 1793, avait fait retour en 1848 sous forme de farce. Il ne pouvait prévoir qu'elle serait à la fin mélenchonisée, c'est-à-dire qu'elle reviendrait sous forme de happening. Mélenchon « n'est pas un candidat à la papa », nous assurent ses proches. Peut-être alors un candidat « à la grand-papa », s'il est vrai, comme il le confiait à Charlie, qu'il parle de Robespierre, autre grand « ami de l'humanité », comme de « [son] grand-père ».

 

On nous dira : il s'agit d'une opération de communication, ne la prenez pas au sérieux. Mais, d'un candidat de gauche, on attend un discours qui s'élève au-dessus de la pensée magique (où les agences de notation font figure de fétiches malveillants) ainsi d'ailleurs que du manichéisme opposant les méchants Américains menaçant la paix du monde aux gentils Chinois, victimes des Tibétains.

 

La crise actuelle vient de la pression que les marchés financiers font peser sur les États. Ces marchés n'ont pas besoin d'agences de notation pour mettre la France sous pression. Comment la France peut-elle s'affranchir de cette logique financière, ainsi que de l'orthodoxie liée à l'euro ? Ce ne sont pas des problèmes qu'on résout à coups d'andouillettes.

 

Paul Klein


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