Ne reculant devant aucune indécence, celui qui fait président (et qui fait campagne à nos frais), ose se présenter comme l’héritier du Conseil national de la résistance. Et relance la guerre contre les sybarites du RSA, vautrés, si l’on en croit Wauquiez – la droite sociale ! – dans leur canapé devant l’écran géant de leur télé. La guerre aussi contre ces fainéants de salariés en arrêts maladies.
Passons sur la mesure la plus populiste consistant à imposer 7 h de travail obligatoire aux bénéficiaires du RSA. Outre qu’une partie d’entre eux, en particulier les mères seules avec enfants en bas-âge, ne pourra être astreinte à une telle obligation, outre son caractère gratuitement vexatoire, qui organisera un machin aussi débile.
Pour ce qui est des arrêts de travail, comme le montre une étude menée par deux chercheurs du CNRS sur la période 1994 à 2001 le taux d'absence globale (pour raisons de santé ou non) oscillait, en France, entre 10 % et 11 %, contre 20 % à 28 % au Danemark, 15 % au Royaume-Uni ou 16 % à 18 % aux Pays-Bas (Le Monde).
Et le crypto-candidat ne fait que reprendre l’offensive lancée en plein mois d’août par un de ses plus fieffés courtisans Xavier Bertrand, reprise d’ailleurs d’offensives plus anciennes : en 2004 déjà, le même Bertrand demandait un renforcement des contrôles.
Or, il faut aussi rappeler qu’en Juin 2001, un rapport signé d’un député UMP, M. Tian, disait : « le Conseil des prélèvements obligatoires et l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale font état d’une fraude comprise entre 8 milliards d’euros et 15,8 milliards d’euros pour les prélèvements, et la Cour des comptes estime que la fraude aux prestations est comprise entre 2 milliards d’euros et 3 milliards d’euros. Le Rapporteur considère donc que la fraude sociale représente près de 20 milliards d’euros. » Outre la bizarre arithmétique du rapporteur (l’addition des estimations les plus élevées ne donne que 18,8), on notera que la fraude aux prélèvements fait 4 à 5 fois plus que celle aux prestations !
Mais bien sûr, le plus urgent est de s’attaquer à ce qui coûte… le moins. Pas question non plus de s’attaquer à la fraude fiscale (au moins égale à la fraude aux prélèvements sociaux). Car dans les deux cas, ce serait s’attaquer au cœur de l’électorat de droite, héritiers du vieux fond poujadiste qu’André Daguin héraut des métiers de l’industrie hôtelière incarne parfaitement. Pas touche au travail au noir, aux paiements sans facture, etc.
Sauf que, dans la lutte aux arrêts de travail abusifs, les UMPistes en campagne risquent de faire des dégâts collatéraux dans leur électorat. Car, sauf erreur, ce sont les médecins qui délivrent ces fameux arrêts. Et la logique voudrait qu’ils soient jugés co-responsables ou complices en cas de congés maladies estimés frauduleux.
Et si le discours populiste des Wauquiez, Bertrand et leur maïtre sur ces salauds de RSAistes, ces fainéants de chômeurs, ces tire-au-flancs de soi-disant malades peut séduire les beaufs de comptoirs lepenisés, il va peut-être finir par indigner l’ensemble des salariés soupçonnés de fraude en cas de grippe ou de maux plus graves et les milliers et milliers d’entre eux menacés de licenciements boursiers.
Et le sortant-candidat devrait commencer à se demander si Buisson et Peltier, dont il applique les conseils pour tenter de re-siphonner les voix lepenistes, ne sont pas en fait des sous-marins FN. Car qui mieux que Jeanne-Marine Le Pen peut tenir ce discours anti-pauvres (et pimentés d’anti-allochtones, comme disent nos xénophobes).
En attendant, ce cynisme électoral stigmatise une fois encore les plus fragiles et instaure une nouvelle taxe sur la santé en ajoutant aux congés maladies un jour non payé.
En "bonus" un communiqué de la CFDTdu 15/11/11
Arrêts maladie
Le gouvernement instrumentalise la fraude
et punit les malades
Après la taxe sur les complémentaires santés, les ponctions sur le budget de l’assurance maladie, les ponctions sur les allocations familiales et les allocations logement… le gouvernement s’en prend directement aux salariés malades sous couvert de lutte contre la fraude.
Pour la CFDT, il faut pourchasser et punir la fraude dans un système de solidarité.
Pour autant, il est inacceptable de désigner les salariés en arrêt maladie comme responsables des déficits de la Sécurité sociale (les indemnités journalières représentent 2,5% du budget de la Sécurité sociale).
Il est plus inacceptable encore de désigner tous les salariés comme des fraudeurs potentiels et d’envisager de les sanctionner tous au travers de la mise en place de jours de carence supplémentaires.
Si la fraude existe, elle doit être recherchée là où elle se trouve : dans le travail non déclaré (9 à 15 milliards d’euros), ainsi que chez les praticiens complaisants qui déshonorent leur profession.
Il est inadmissible d’utiliser les malades comme bouc-émissaire quand on refuse de remettre en cause les exonérations sur les heures supplémentaires (4 milliards d’euros) et qu’on laisse prospérer des paradis fiscaux qui détournent des dizaines de milliards d’euros à l’échelle de la France.
La CFDT s’indigne, qu’au cœur de cette crise, le gouvernement choisisse le populisme et la dénonciation calomnieuse plutôt que la solidarité et la cohésion sociale.
La CFDT demande le retrait immédiat des mesures qui s’en prennent à la santé de nos concitoyens : la taxe sur les complémentaires-santé (en débat au parlement), la création de nouveaux jours de carence (envisagée par le gouvernement).
La CFDT exige la réunion d’une table ronde avec les partenaires sociaux pour envisager les moyens efficaces d’une lutte contre la réalité de la fraude.