Il n’aura fallu que deux ans pour qu’une date soit fixée pour le procés en appel des époux Tiberi : sauf accident, du 26 septembre au 11 octobre 2011.
L’affaire jugée en mai 2009 ne remontait qu’à 1997, quand un article du Canard enchaîné accusait le «clan Tiberi» d’avoir «dopé les listes électorales dans son fief parisien». Ce qui avait déclenché les plaintes des candidats verts et socialistes grugés aux municipales de 1995 et aux législatives de 1997. Pour celles-ci l'enquête a montré qu'au moment de ce scrutin, 7 228 personnes étaient inscrites frauduleusement sur les listes du 5e arrondissement et que 3 315 d'entre elles avaient voté lorsque Jean Tiberi avait été élu député. Or il ne comptait que 2 725 voix d'avance sur la candidate socialiste. (Le Monde 14/02/08)
Des dizaines de personnes étaient « domiciliées » dans les locaux municipaux comme les crèches, les établissements scolaires et même l'appartement de la première adjointe au maire, Anne-Marie Affret, qui accueillait quinze personnes supplémentaires. Sans oublier les cousins de Xavière Tiberi* qu’elle « hébergeait » dans son logement !
Ces faux électeurs existaient vraiment. Ils habitaient dans un autre arrondissement voire en banlieue. Tous savaient que le RPR fraudait mais on leur assurait des avantages comme une place en crèche pour leurs enfants, un emploi à la mairie de Paris, un logement...
On ne peut dire que l’enquête diligentée ait été très diligente. Elle a duré près de huit ans. Puis, le Parquet (avec le Procureur Marin), trois ans après la fin de cette longue enquête, n’avait toujours pas rendu ses conclusions. Si bien que les juges d’instruction Baudouin Thouvenot et Jean-Louis Périès de guerre lasse avaient renvoyé 11 personnes en correctionnelle, à quelques jours des municipales de mars 2008.
Lors du procès, le Président avait expliqué à chaque prévenu les faits reprochés : «manœuvres» et «inscriptions frauduleuses», «maintien d’électeurs n’ayant aucun lien avec le Ve arrondissement» et ayant des «liens affectifs, familiales ou politiques avec un ou plusieurs membres de la majorité électorale», «certificats d’hébergement de complaisance», «recherche d’octroi», «avantage particulier», ou encore le «contrôle du retour des cartes d’électeur portant la mention NPAI (n’habite pas l’adresse indiquée) (…) pour les remettre à la permanence de l’élu ou du RPR»…
Malgré les dénégations de Jean Tiberi (Xavière avait fini par admettre l’hébergement fictif d’une large parentèle), le tribunal avait estimé que l'ancien maire de Paris (1995-2001) était "non seulement le principal bénéficiaire" de la fraude électorale organisée lors des municipales de 1995 et des législatives de 1997, mais qu’il y avait "contribué". Il avait été condamné à trois ans d'inéligibilité, dix mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende, tandis que son épouse s'était vu infliger neuf mois avec sursis et 5.000 euros d'amende.
Mais comme l’appel est suspensif, l’inoxydable politicien n’avait pas eu à abandonner ses mandats. Notamment la Mairie du Ve qu’il venait, une fois de plus, de garder, grâce au maintien (providentiel pour lui) de Philipe Meyer (MODEM), faisant perdre son éternelle rivale Lyne Cohen-Solal de 250 voix.
Plus de deux ans pour programmer un procès en appel, "ce n’est pas tout à fait un délai normal", a dit un avocat des parties civiles, Me Antoine Comte.
* Le juge Halphen avait saisi, en 1996, au domicile des époux Tiberi, un vrai-faux rapport sur la francophonie commis par le dame et payé 200 000 € par le conseil de l’Essonne, rapport, si l’on en croyait Le Canard enchaîné, complètement bidon. Mais l’affaire avait été classée pour vice de forme dans la saisie.
Pour compléter un Conte de "L'In-Secte' (alias GB
grand pourvoyeur de cartes postales) : "La Secte, Voyage en Thybérie méridionale"