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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 21:31

edito-Hutin 16-10

 

F.-R. Hutin, PDG d’Ouest-France, dans son éditorial du 16 octobre abandonne sa prudence habituelle pour s’en prendre clairement à l’action syndicale en cours.


Une citation* sur la désindustrialisation de notre pays, depuis la fin des années 90, amorce l’article : la production a reculé de 10 %, l’emploi de 20 % sur le plan industriel,  les entreprises exportatrices ne sont que 91 000 contre  245 000 en Allemagne… Comme ça ne suffit pas, il en rajoute sur la croissance comparée de Singapour et de la France. Il va même jusqu’à affirmer que le taux de pauvreté de la France est plus fort que celui de la Malaisie, oubliant que ce taux est calculé selon deux méthodes : le seuil de pauvreté absolu, utilisé dans les pays dits en voie de développement et le seuil de pauvreté relatif, calculé par rapport au salaire médian ou au salaire moyen (en France ce seuil est fixé à 50 % du salaire médian, mais l’INSEE calcule aussi sur 60 %). Le PIB par habitant est en gros de 15 000 dollars en Malaisie et de 32 000 en France.


16-10 21Le déclin est cependant réel. Mais à quoi est-il dû ? Aux grèves qui « coûtent chacune 400 millions d’euros »** selon un certain Michel Godet, enseignant au CNAM. Or ce chiffre est in-signifiant, sans signification. Quelle est cette grève-étalon (« chacune ») qui coûte x millions ? Pour ces journées d’action sur la retraite, les grèves, quasi nulles le samedi, ont été variables en localisation et en extension d’une journée à l’autre, elles se traduisent pour le gréviste par une perte de salaire… faut-il développer ? Godet a balancé ce chiffre de façon totalement arbitraire. Avec une comparaison assez impudente avec le bouclier fiscal !


Qu’il y ait des grèves dangereuses, l’exemple pris par M. Hutin le démontre, avec les dockers CGT, qui s’emploient à scier la branche sur laquelle repose leur emploi. Mais cette gréviculture suicidaire n’a absolument rien à voir avec le mouvement pugnace sur la réforme des retraites. Et c’est le refus total de dialogue – cet entêtement buté – de la part des dirigeants, qui provoque depuis peu des mouvements de grève plus durs. Qui a aussi amené lycéens et étudiants dans la rue. Et les propos tenus à leur égard témoignent, hélas, du mépris où est tenue la jeunesse.


Quant à la désindustrialisation, les auteurs de l’article cité en donnaient eux-mêmes les causes structurelles : le surendettement des ménages et des Etats, la recherche de rendements anormalement élevés du capital, les transferts massifs d'activités et des capacités de production des pays de l'OCDE vers les pays émergents, l'expansion non maîtrisée des liquidités à l'échelle mondiale, conduisant à la volatilité dramatique des prix des matières premières, et à des flux de capitaux déraisonnables vers les pays émergents.

Ça ne rend certes pas compte de la faiblesse de la France par rapport à certains de ses voisins (la Grande-Bretagne a connu avant nous une saignée industrielle). Mais on conviendra peut-être que les fermetures d’usines (Continental, Lejaby, pour prendre deux exemples) ou les difficultés rencontrées par d’autres (Heulliez, par exemple) n’ont aucun lien avec des grèves répétitives. Les mouvement viennent après l’annonce de fermeture et non l’inverse.

 


 

* http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/10/13/puisque-la-crise-est-structurelle-il-va-falloir-passer-a-de-vrais-remedes_1424515_3232.html 

 

** Mme Lagarde chiffre le coût journalier des grèves (mais après l'extension des mouvements) dans une fourchette de 200 à 400 millions (quelle précision !). Le Monde du 30/10/10 remet les pendules à l'heure. L'INSEE avait chiffré les grèves des transports du 14 au 22 novembre 2005 à 400 millions d'euros en tout. L'estimation de Godet relève donc bien d'une contre-vérité délibérée. Et M. PLane, économiste, "relativise l'impact des grèves" en la comparant à la hausse de l'euro. Et il rappelle que l'impact des grèves de mai 1968 avait été compensé dès le trimestre suivant. (-5,2 % au 2e trimestre, + 8,4 % au trimestre suivant).

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commentaires

B
<br /> Ils ont peur : ils sortent l'artillerie lourde !<br /> <br /> <br />
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