« Je suis sur le coup d'une intense colère. Ce matin sur France inter, ce chafouin de Baroin,
cheval de Troie de ce traitre de Villepin a osé dire qu'il n'y a pas de bouclier fiscal en Allemagne. C'est archi-faux. Notre Président bien aimé n'a cessé de le proclamer. Le bouclier fiscal est
inscrit dans la constitution allemande depuis Adenauer, il fut d'ailleurs préconisé déjà par Bismarck et on peut en découvrir la trace dans la traduction de la Bible par Luther. Aussi je demande
immédiatement la démission d'un Ministre qui contredit sans vergogne notre Président et son remplacement sans plus tarder par Frédéric Lefebvre ou, à l'extrême rigueur, par Dominique Paillé.
Un citoyen vigilant » 13/10/10
Notre citoyen vigilant qui m’adresse ce courriel se souvient sans doute de cette déclaration «On ne peut pas vouloir faire l’Europe et refuser le bouclier fiscal que l’Allemagne a inscrit dans sa Constitution.» Sarkozy l’a répété des dizaines de fois. Malgré les démentis, il est vrai que c’était le 1er avril, Estrosi, dit « bac–5 », justifiait l’existence du bouclier: «La vérité est qu’on se met au niveau de l’Allemagne qui a même inscrit dans sa Constitution ce bouclier fiscal».
Mais le virage à 180° a été amorcé fin septembre, comme l’avait noté Libé. Ainsi Mme Lagarde, tout en semblant sur la même ligne, larguait en douceur le bobard : «Il faut regarder ce que font d'intelligent nos voisins. Le président de la République nous a demandé de travailler sur un projet. Le principe, c'est la convergence fiscale avec les Allemands». Ce qu’explicitait Copé, quand dans une autre émission on lui demande : «Seriez-vous favorable à la suppression du bouclier fiscal, de l’ISF et la création d’une tranche supplémentaire pour les hauts revenus?», il répond: «Ma réponse est oui, pour une raison très simple. Je préconise inlassablement un alignement de la politique économique française sur la politique économique allemande». Il prétendait pourtant, comme les autres : « En Allemagne, il y a une forme de bouclier qui existe, puisque c’est aussi 50%. La formule est un peu différente, mais c’est le même état d’esprit »
.
On peut remarquer que c’est exactement pour la même raison – convergence avec l’Allemagne – que les mêmes ont défendu mordicus le bouclier fiscal qu’ils s’apprêtent à larguer maintenant. Tous savaient pourtant que l’affirmation que le bouclier fiscal était inscrit dans la constitution allemande était fausse.
Mais ce bouclier fiscal est devenu un boulet électoral. Baroin, encore lui, le dit : "le bouclier fiscal est devenu un symbole d'injustice" (le devenu est superflu). Le pauvre Aphatie, jouant le derviche tourneur, parlait de virage à 760° (« Le Grand Journal » 13/10/10) : ce qui revenait à faire deux fois le tour sur soi-même et de se retrouver dans le même sens. A moins qu’il ne prévoit un tour de passe-passe. Car déjà la dame Lagarde met un bémol.
Certains députés de l’UMP préconisent de coupler fin du bouclier et fin de l’ISF, avec une tranche supplémentaire d’impôt direct. Mais « celui qui fait président » clame : pas de tranche supplémentaire. Par ces temps de disette budgétaire, avec la suppression de l’ISF trois milliards s’envolent. Et on supprimerait un cadeau aux riches, pour leur en faire un encore plus énorme. Le bénéfice électoral escompté serait pour le moins aléatoire.
Et Sarko aurait intérêt à garder Baroin au budget, lui qui excelle dans la magie fiscale : quand la TVA passe de 5,5 % à 19,6 % sur des offres des fournisseurs internet, il ne s’agit pas d’une augmentation mais de mettre fin à une dérogation. Outre la dérogation récemment accordée aux restaurateurs, pourquoi ne mettrait-il pas fin aussi à la défiscalisation heures sup. qui contribue à creuser les déficits sociaux et freine les créations d’emplois ?
Sources : Libération et Arrêt sur images http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3450