Le Huffington Post, longtemps annoncé, va débarquer incessamment sous peu, sous l’égide du Monde. Anne Sinclair, qui doit en
prendre la direction éditoriale est prise pour cible. Cette « femme de » ose proposer à des experts de contribuer bénévolement à ce site d’informations.
Comme les nombreux contributeurs du Post, j’ai reçu le
13/01/12, ce message :
« Bonjour,
Dans quelques jours, Le Post vivra une nouvelle aventure en s'associant au Huffington Post, le site américain dont l'exemple
inspira les fondateurs du Post.
Cette association conduira à ouvrir un nouveau site (Le Huffington Post) toujours construit autour du principe contributif et du
journalisme de liens, avec une équipe éditoriale renforcée et plusieurs centaines de nouveaux contributeurs qui rejoindront certains d'entre vous. Cette nouvelle aventure, fidèle à notre promesse
de départ, sera aussi la vôtre. Nous veillerons dès les premiers jours à ce que vous puissiez toutes et tous y participer.
Vous recevrez dans les prochains jours toutes les informations pratiques, notamment les modalités d'ouverture de votre compte sur
Le Huffington Post ou encore la procédure si vous souhaitiez récupérer les contenus que vous avez publiés sur Le Post.fr.
Et pour plus d'informations, vous pouvez nous joindre à lamarianne@lepost.fr
A très vite,
Louis Dreyfus
Président du directoire du groupe Le Monde »
Aussi, ai-je été quelque peu surpris de lire, via un vite dit
d’@si que des journalistes du Monde, selon un blog de
L’Express, s’inquiètent de « l’utilisation de l’image et du nom du journal à des fins personnelles: ainsi, la conférence de presse de lancement du HP est prévue devant le logo Le
Monde, des photos d’Anne Sinclair ont été prises dans le hall du quotidien, et c’est au nom du Monde que l’ex-journaliste a pris contact avec de nombreuses personnalités… ». Or, Mme
Sinclair, qui a certes la tare ultime d’être l’épouse d’un certain DSK, a été désignée pour diriger la version française de cet Huffington Post dont Le Monde est en fait le maître d’œuvre. On
voit mal quelles « fins personnelles » sont visées par ces anonymes journalistes.
En revanche, on voit bien que c’est la personne même d’Anne Sinclair qui est ciblée.
Bref rappel. Cet Huffington Post a été fondé aux Etats-unis par une dame Huffington (née Arianna Stassinopoulos) en 2005. Ce site
d’informations au spectre très large (politique et religion, médias et vie quotidienne, affaires et loisirs…) a été vendu en février 2011 à AOL pour plus de 300 millions de dollars. Comme "Le
Post" du Monde (qu’il va remplacer) ou « Le Plus » du Nel Obs, voire Rue
89, il fonctionne avec un petit noyau de journalistes et un grand nombre de contributeurs bénévoles. Certains d’entre eux auraient demandé rétributions après la vente à AOL.
Anne Sinclair, directrice éditoriale présumée, s’est attirée une volée de bois vert pour vouloir reprendre ce modèle. Dans un courriel
destiné à faire venir des plumes bénévoles, elle a écrit : "Ces contributions ne seront pas rémunérées et seront
l’équivalent de colonnes publiées dans d’autres médias. Mais nous leur donnerons la plus grande visibilité possible, grâce je l’espère, à la force de frappe du Huffington
Post." Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça a le mérite d’être clair. Personne ne pourra plaider
l’ignorance.
Arrêt sur images, pour qui tout ce qui est anti-socialiste en général et anti-DSK en particulier est pain bénit, a relayé un article
d’un « Observatoire des
médias » où Anne Sinclair est réduite à l’état de femme de en l’occurrence « d’un socialiste emblématique », Matthieu Pigasse, co-actionnaire du Monde et patron des Inrocks,
est étiqueté "soutien du PS". Et la gauche est accusée de soutenir la non-rémunération des "blogueurs". Rien ne vient étayer cette accusation en France. Mais au Québec, honte et
scandale, Amir Khadi, député de Québec solidaire, Françoise David, porte-parole de ce parti et Steven Guibeaut, fondateur d’une organisation écologique ont accepté d’être des contributeurs
bénévoles ! Ce Québec solitaire est un petit parti de gauche qui ne compte qu’un député. On voit bien d’ailleurs le vice de cette attaque qui est réversible : le député QS se ferait-il payer
qu’il serait accusé de voler le pain des journalistes.
Certes, les futurs contributeurs contribueront – peut-être, car la rentabilité des sites québécois ou français n’est pas assurée, la
maison mère n’a dégagé des bénéfices qu’au bout de plusieurs années – à enrichir bénévolement AOL. Ils le feront en toute connaissance de cause. Nul ne sera obligé de le faire. Et les
critiques portées par d’aucuns relèvent plus de l’attaque ad hominem à l’encontre d’une journaliste réduite au statut de "femme de" que de la dénonciation du type de fonctionnement d’un
futur site d’informations.