La digne fille du vieux Le Pen peut se vanter, avec ses mensonges délibérés sur la viande dite halal d’avoir semé la zizanie dans l’UMP. Les violons sont désaccordés : le sortant candidat, dans son discours bordelais est pour l’étiquetage, le gouvernement lui a fait retirer une proposition de loi sur ledit étiquetage.
Et quand Marine parle, Guéant embraye. Avec ses propos sur les pressions que feraient peser les étrangers sur les maires, si on leur accordait le droit de vote – le halal à la cantine ! – s’est vu désavoué par NKM et Dati. Mais quasiment soutenu par le candidat sortant.
L’abattage rituel, casher ou halal, est quasi identique. Il a principalement pour but de vider la bête de son sang. La shehita ou la dabīḥah consiste, entre autres, à trancher la veine jugulaire, l'artère carotide, l'œsophage et la trachée d'un seul geste continu au moyen d'un couteau effilé ne présentant aucune encoche. S’y ajoute une formule religieuse et, pour les musulmans, l’animal doit être tourné vers La Mecque.
Rites ô combien barbares nous dit la grande humaniste Marine, approuvée par Brigitte (Bardot, dite « la grande châtreuse »). "L'ensemble de la viande qui est distribuée en Ile-de-France, à l'insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal", a-t-elle déclaré le 18 février. Mensonge délibéré. "100 % des abattoirs d'Ile-de-France ne font que du halal" révélait une émission de télé, oubliant de préciser qu’il n’y en a que quatre qui ne suffisent qu’à un faible pourcentage de la consommation (5000 tonnes sur 200 000). Peu après, Sarkozy déboulait aux petites heures à Rungis pour rassurer la noble profession bouchère. Fin de l’incident, passons aux choses sérieuses.
Que nenni. Car si la championne du F-Haine a menti, la production de viande dite « halal » dépasse largement la clientèle potentielle. Non pas, comme le martèle, les identitaires parce que les hordes d’infidèles sont en train de nous imposer leurs mœurs barbaresques, mais parce que ça coûte moins cher. D’où la suffocation des mêmes identitaires : le halal ne passera pas en moi. La laïcité est menacée si ce halal envahit nos cantines scolaires. Or donc, il faut de la traçabilité, un étiquetage !
Paradoxalement, cette demande était née d’une sombre polémique entre musulmans – où la cause sacrée du rite religieux masquait des intérêts financiers et la concurrence entre mosquées –sur des Knackis-volaille de Herta. Claude Guéant, ministre de l’intérieur déjà, avait estimé qu’il n’était "pas question que l’Etat aille se mêler de ces affaires religieuses. L’Etat français est un Etat laïc et il ne lui appartient pas d’être l’instrument de l’organisation d’une pratique religieuse". Et de rappeler que c'est aux responsables religieux musulmans de s'organiser.
C’est dans cette logique même que le gouvernement a demandé, le 1er mars, à Mme Hostalier, députée UMP de retirer une proposition de loi, faite pourtant au nom de la "souffrance animale, de la traçabilité, de l'hygiène et de la laïcité" réunies ; elle voulait "mettre les choses au clair". "Il est normal que le consommateur sache ce qu'il achète et qu'il ait le choix". "Le gouvernement ne tient pas à une discussion sur l'étiquetage et l'a fait savoir plusieurs fois, y compris au niveau européen. Le ministère de l'agriculture a récemment rappelé qu'il ne souhaitait pas "stigmatiser" les communautés concernées", rappelait Le Monde.
Sauf que, pendant ce temps-là, chez Jupé, le candidat Sarkozy a clairement pris parti en faveur d’un étiquetage de la viande abattue suivant le rituel musulman. "Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non. Je souhaite donc l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage." Il aurait dû expliquer cela au dîner du CRIF, car, si l’on en croit Le Monde, « la communauté juive – davantage que la communauté musulmane » on l’a vu – s’oppose à un étiquetage jugé «stigmatisant, restrictif et susceptible d'avoir des conséquences sur l'approvisionnement et le coût de la viande».
Non contents de s’opposer sur cette préoccupation qui taraude, c’est bien connu, tous les Français, étiquetage ou pas, le sortant et ses sbires, grâce à Guéant, s’empaillent sur le halal, encore : "Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent par exemple obligatoire la présence de la nourriture halal dans les repas des cantines".
Là, quand même, la distinguée NKM, qui s’oblige pourtant à faire dans le style Morano, a légèrement tiqué, estimant qu'il y avait "assez de raisons d'être contre le vote des étrangers aux élections" locales et "contre des repas confessionnels à la cantine", et qu’il n'est pas "nécessaire de faire un lien entre les deux". Qu’en termes pesés, c’est chose là sont dites ! Rachida Dati a été plus nette : « Je ne peux pas souscrire à des propos qui assimilent les musulmans français à des étrangers. Les Français de confession musulmane sont des citoyens comme les autres. » (Nel Obs). Alain Jupé prend à nouveau ses distances : « On n'est pas tous coulés dans le même moule. J'ai déjà dit que le "choc des civilisations" n'était pas ma tasse de thé. Je pense que le problème de la viande halal est un faux problème en réalité, qu'il y a d'autres vraies questions qu'il faut se poser ».
Sauf que, le candidat Sarkozy, toujours à Bordeaux, a plus qu’implicitement soutenu Guéant, en affirmant que le droit de vote des étrangers mettrait "les maires sous la menace du chantage communautaire" et en ajoutant peu après que "les cantines scolaires, elles sont aussi tenues au principe de la laïcité. Je m'opposerai à toute évolution qui irait dans le sens contraire".
Marine Le Pen, avec un mensonge grossier, a donc réussi à semer la zizanie dans le clan UMP. Sur un sujet dont on peut se demander, avec Hollande, ce qu’il vient faire dans le débat actuel : "Franchement nous sommes dans une campagne présidentielle. Nous avons des enjeux majeurs" comme "la capacité de la France à se redresser et on viendrait faire une campagne sur la viande halal parce que Mme Le Pen en a parlé" et "il y aurait une espèce de surenchère ?".