« Mission accomplie pour Nicolas Sarkozy qui est de retour mercredi matin au Cap Nègre après sa visite éclair à Moscou puis à Tbilissi. Le plan de paix, proposé par le président français au nom de l'Union européenne à la Russie et à la Géorgie, a été approuvé par les deux pays mardi dans la soirée. » (Le Monde 13/08/2008). Tel Zorro, sans même l’aide de son Bernardo (Kouchner), en deux coups de cuiller à pot, le super Président (de la France et de l’Union Européenne) imposait (selon Le Point) son plan de Paix à la Russie.
La guerre éclair déclenchée dans la nuit du 7 août 2008 prenait fin le 12 par cette paix éclair sarkozyenne. Le pacificateur, selon Le Point, avait réussi à empêcher que la Géorgie soit avalée tout cru par la Russie.
En effet, la Géorgie avait engagé, selon Moscou, une opération militaire dans deux régions séparatistes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Une partie de la population de ces provinces était russophone. La contre-attaque des milices locales et surtout de l’armée russe fut foudroyante. Poutine qui se trouvait aux jeux olympiques à Pékin lorsque la crise s'est déclenchée, déclarait "Qu'espériez-vous que nous eussions fait ? Riposter avec un lance-pierre ? Nous avons mis notre poing dans la gueule de l'agresseur, ainsi que tous les manuels militaires le prescrivent."
Or donc, Sarkozy, abandonnant la quiétude d’un séjour avec Carlita chez sa belle-mère, sauta dans l’avion, rencontra Dimitri Medvedev, président de la Russie puis Mikhaïl Saakachvili, président de Géorgie et présenta le plan de paix approuvé par les deux parties.
Certes, sa petite phrase sur le droit de la Russie à défendre les intérêts "des russophones à l'extérieur de la Russie", reconnaissant un véritable droit d’ingérence à la Russie chez beaucoup de ses voisins de l’ex-URSS, lui avait valu d’être qualifié de fourbe français, par un journal polonais. Mais ces quelques couacs ne pouvaient ternir la gloire de notre pacificateur suprême.
Sauf que, en octobre 2011, Sarkozy toujours martial proclama à Tbilissi : "La France ne se résigne pas au fait accompli", ce qui voulait dire que le magnifique accord de paix qu’il avait imposé n’avait jamais été respecté par les russes. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance que Moscou a immédiatement reconnue. Le retrait des troupes russes sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités que prévoyait l’accord n’a jamais eu lieu.
Sauf que, surtout, Poutine a cyniquement avoué qu’il avait roulé Sarkozy dans la farine. «Il y avait un plan, ce n'est pas un secret… C'est dans le cadre de ce plan qu'a agi la Russie. Il a été préparé par l'état-major général, fin 2006 ou début 2007. Il a été approuvé par moi et convenu avec moi» «Dans le cadre de ce plan, un entraînement de miliciens d'Ossétie du sud a été effectué (…) Nos spécialistes militaires pensaient initialement que ces milices ne pourraient pas aider dans une confrontation entre armées régulières, mais en fait, elles nous ont été fort utiles.» (Le Figaro). Autrement dit, l’agression de la Géorgie était préméditée et Poutine (Medvedev n’étant que l’homme de paille) a feint d’accepter un accord de paix, qu’une fois ses objectifs atteints et sans avoir l’intention d’en respecter les clauses.
Ce que l’UMP essaie de vendre comme une grande victoire diplomatique n’était en fait qu’un marché de dupes.
C’est à cette aune qu’il faut mesurer les conseils de Fillon. Tel Sarkozy s’arrachant aux délices du Cap Nègre pour sauver la Géorgie, l’Europe voire le monde, F. Hollande devrait s’arracher des bras de Valérie au Fort de Brégançon pour, d’un coup d’aile, imposer à Poutine de lever son veto sur la Syrie. Comme si le KGBiste sans scrupule allait par miracle être touché par des sentiments humanitaires !
François Hollande doit évidemment éviter une humiliation qui ne ferait rien avancer en Syrie et ne ferait qu’abaisser la place de la France au niveau international.