Les jeux sont faits, rien ne va plus ! Bayrou, à sa 3e tentative ne sera même pas le 3e homme. Il semble glisser inéluctablement vers le score de ses listes aux européennes (8,5 %).
Bayrou, personnage par beaucoup d’aspects pathétique !
En 2007, sollicité par S. Royal – quasi scène de comédie à l’italienne, la candidate, entre les deux tours, au pied de son immeuble et lui qui n’ose même pas la rencontrer – son électorat a traduit son indécision en se partageant également entre les deux finalistes. N’ayant influé en rien sur la victoire, il est immédiatement trahi par les siens : Morin, Santini et les autres, attirés par l’odeur du brouet sarkozyen. Aux municipales de 2008, un Philippe Meyer qui se réclamait de lui, permettra à Tiberi de garder la Mairie du Ve arrondissement de Paris ! Les européennes furent marquées par un calamiteux débat où il s’en prit à Cohn-Bendit. Et surtout, dans une élection à la proportionnelle, par un score qui montrait que le MODEM ne perçait pas.
A l’approche des présidentielles, s’il est rejoint par un Douste-Blazy, Corinne Lepage, qui lui doit son poste de députée européenne, le quitte, pour un faux tour de piste, au bout duquel elle ne lui revient pas. Victime des « arrêts sur images » du « Petit journal », il est obligé de plaider l’"ictus" pour justifier des dénégations imbéciles sur une de ses phrases, prononcée au Congrès du modem : "Les partis se tiennent par les noyaux durs".
Cependant, il avait en quelque sorte une cote de popularité « hors sol ». Le béarnais, agrégé agriculteur, éleveur de chevaux, bénéficie d’une cote de sympathie élevée. De fait, si on ne creuse pas trop, il cumule l’attrait pour la simplicité rustique du fils d’agriculteur, la compassion pour une victime de trahisons, voire le rejet du système et de ses artisans. « Qu’ils s’en aillent tous ! » écrivait poujadistement un autre concurrent. Lui n’apparaissait pas, eût-il était ministre antérieurement, comme faisant partie des « tous ».
Il eut même droit à un sondage surréaliste où il triomphait allègrement au 2e tour du sortant ou du candidat des primaires citoyennes. Quasi épectase chez ses rares fidêles.
Mais lui, qui n’est quand même plus un perdreau de l’année, comment a-t-il pu ignorer que faute de troupes, faute de définir sur quelle majorité crédible il pourrait s’appuyer en cas de victoire, son accession au 2e tour était un mirage. La discussion sur la fiabilité de son discours relève du byzantinisme. Il est peut-être le plus lucide, ses propositions sont peut-être excellentes (quoique sur l’école son nègre Brighelli lui a livré une bien réactionnaire copie) : qu’importe, il est incapable de définir les moyens de sa politique.
Ne lui reste que le pouvoir – de plus en plus relatif, à mesure que sa position s’effrite – de, comme disent les journalistes, « faire le roi ».
On ne lui fera pas l’injure de le croire assez naïf pour mordre à l’hameçon grossier de Sarko qui fait fuiter l’hypothèse d’en faire un premier ministre. Et, il n’est pas sûr que, quoiqu’il dise au lendemain du 22 avril, son électorat n’en fasse pas qu’à sa tête. Alors, s’il n’a pas encore compris la capacité de nuisance du sortant, qu’il se retire dans son Béarn, dignement.