C’est moustache en bataille, on suppose, que Frédéric Thiriez* a clamé que la taxation à 75% serait une catastrophe ! Et David Douillet d’en rajouter une couche épaisse "les joueurs partiront instantanément de France". Et ne parlons pas de nos artistes ou de nos écrivains
"Mon devoir est de défendre les intérêts vitaux du foot quand ils sont menacés. Si ce projet voyait le jour, il aboutirait à une catastrophe pour le foot français, à son appauvrissement et à sa rétrogradation sur l'échelle européenne. On peut se contenter que la France joue en deuxième division, mais ce n'est pas mon objectif". F. Thiriez
Pensez donc, Benzéma, Ribéry, Nasri, Abidal… quitteraient notre beau championnat, le réduisant à une compétition de seconde zone ! Quoi ? vous me dites qu’ils sont déjà partis ! Alors, on risque de perdre Gignac, Puygrenier, Chris ? Bon d’accord, je suis de mauvaise foi. Mais ceux qui comptent un peu ne rêvent, de toutes façons, qu’à jouer qui en Espagne, qui en Angleterre, et pour les vétérans aux Etats-unis ou en Chine, voire se faire vendre aux enchères en Inde.
Et si on commençait par poser le problème dans le bon sens ? Est-il normal qu’un fouteux, aussi talentueux soit-il, se palpe 100 000 € mensuels, voire plus, sans compter les à-côtés publicitaires qui parfois doublent les revenus ? Faut-il, par des propos irresponsables, comme ceux de Thiriez et de celui qui fait ministre des sports, défendre cette inflation galopante et indécente des salaires ?
Ne faudrait-il pas, au contraire, appuyer Platini qui tente en vain d’instaurer la fameuse règle d’or aux clubs ? Car, cette course imbécile est financée en monnaie de singe. Les clubs anglais comme les deux Manchester, Chelsea, les clubs espagnols comme le Real et le Barça, etc. se lancent dans des achats pharamineux, avec des salaires mirobolants, alors qu’ils sont endettés jusqu’aux yeux ! Le PSG les imite – acheter 42 millions un espoir argentin relève plus de la roulette que d’une démarche rationnelle – grâce au chéquier ouvert et à perte des qatari. Cette surinflation fausse d’ailleurs toute compétition. Au début de ce qui s’appelait encore la coupe Jules Rimet, si le Réal dominait cette coupe d’Europe des clubs, c’était d’abord grâce au nombre de ses socios, ses abonnés. Reims, son principal rival, était peut-être un peu aidé par les grandes caves de Champagne, mais les Penverne, Jonquet, Piantoni, Kopa ne gagnaient pas 200 ou 300 SMIG de l'époque. Plus tard, encore, les « verts » stéphanois ont pu, sans grands moyens, se hisser vers les sommets européens.
Et après tout, M. Thiriez, notre championnat voit Montpellier –temporairement peut-être – en tête de la compétition. Son caractériel président a annoncé qu’il ne suivrait jamais la surenchère parisienne. Pas de Menez à 280 000 € mensuels. A l’inverse, Monaco, équipe princière, traîne dans les bas-fonds de la vraie 2e division. Un championnat avec des Lorient, Brest, Valenciennes, Evian, etc. pour qui l’objectif est de marquer plus de buts que l’adversaire et non d’en prendre moins, ça devrait être plaisant. Et l’équipe de France de foute, regroupera, comme maintenant, les mercenaires apatrides. Jusqu’à ce que, comme les Glasgow Rangers, Manchester United ou City, le Real ou le Milan AC, etc. soient déclarés en faillite.
Quant à Douillet, qu’il ne s’inquiète pas pour nos vaillants tennismen, For get en tête, ils sont tous déjà partis – malgré feu le bouclier fiscal – à l’étranger. L’équipe Davis est plus une équipe-bis de Suisse qu’une équipe de France. Notons au passage que Nadal, lui , est espagnol y compris fiscalement, comme tous ses collègues hispaniques.
Mais il n’y a pas que nos fouteux sous la menace du couperet fiscal de F. Hollande ! Rendez-vous compte, Jean Dujardin ! oui, notre oscar, auréolé de ce nouveau trophée, est évoqué par Bayrou, le centriste ni de gauche, ni de gauche, comme une victime de la spoliation en puissance.
Alors à ceux qui, comme Christophe Jallet (joueur du PSG dont on n’imaginait pas qu’il puisse gagner plus d’un million annuel), brame "on nous tire dans les pattes, moi j'ai braqué personne", on est tenté de répondre « Cass’toi pôv c.. ! » Si tu trouves quelque chose à l’étranger…
*Pour les non fouteux, précisons que ce Monsieur est président de la « Ligue », c’est-à-dire du foute professionnel
PS L’écrivain Emmanuel Carrère, cité par le sortant à France Inter, n’a pas apprécié. Il a indiqué à Libération "que l’estimation de ces revenus par le président de la République est très exagérée. Ensuite, que même si elle ne l’était pas", il ne songerait "sous aucun gouvernement à se soustraire à son devoir de contribuable et juge parfaitement normal que plus on gagne d’argent plus on paie d’impôts". A rapprocher des propos de Louis Gallois : "Ma rémunération est de 2,6 millions par an. Je trouve que c'est un salaire absolument incompréhensible par l'opinion publique. Je le dis franchement, on ne peut pas comprendre que quelqu'un gagne une telle somme quand on voit les difficultés. Je pense qu'il y a un effort de solidarité à faire. Pour mon confort personnel, je m'arrange en donnant une partie de mon salaire à des actions socialement utiles, mais je dirai que c'est du sauvetage individuel ; je pense qu'il faut qu'il y ait une discipline et une fiscalité qui aide à cette discipline." Avant, Louis Gallois dirigeait la SNCF. "Je gagnais dix fois moins. J'arrivais à vivre quand même"
Quant à Claude Onesta, sélectionneur de l’équipe de France de handball, dans Libération (03/03/12), il dit : "Je crois comprendre que la crise est devant nous. Les revenus baissent, le chômage grimpe, les gens galèrent pour se nourrir, se loger décemment, se soigner. Et on préserverait les plus riches ? Les joueurs de foot ne seraient pas touchés ? L’impôt, c’est un rendez-vous citoyen, des crèches, des écoles : en aucun cas une confiscation ou une sanction." "Cela fait des années que les clubs ne sont plus compétitifs en Ligue des champions ! Au lieu de se faire éliminer en quarts de finale, ils se feront peut-être éliminer en huitièmes, pour ce que ça change… Après, cela ne tuera pas le foot. Vous aurez toujours un championnat de Ligue 1, un premier, un dernier, de bonnes audiences télés…" "dans le hand ou dans le rugby, à la fin de sa carrière, le mec bosse. Pourquoi les footballeurs y couperaient ? Vous vous posez les bonnes questions, vous redémarrez un projet de vie… Travailler après sa carrière sportive, c’est une chance, pas un drame." Et pour nos éternels espoirs du tennis, il dit "Qu'ils s'en aillent !"