Eric Besson, privé de sortie aux soirées des régionales, avait eu droit à un lot de
consolation sur la matinale de France Inter ! Il vient à la Maison de la radio en voiture. Arrivé au studio, si l’on en croit Rue 89, le ministre joue la suprême indignation. La lippe
tremblante, il a asséné que Guillon avait dépassé les bornes en évoquant « Mein Kampf ». De Hitler pourtant, il n’était pas question dans le billet de l’humoriste. Il ajoute qu’il n’a
pas entendu personnellement la chronique de Guillon, mais avait été averti de son caractère particulièrement irrévérencieux par des SMS d’amis choqués. De deux choses l’une ou c’est un imbécile,
ou il nous prend pour des imbéciles. Car notre Judas ne pouvait ignorer l’existence de l’humoriste Guillon, puisqu’il avait menacé de porter plainte contre lui, pour une chronique en novembre
2009, sur les « mariages gris », où il avait tourné en dérision la liaison du Ganelon avec une jeune tunisienne qui ne fait même pas la moitié de son âge ! Et, il n’a pas
d’auto radio dans sa voiture ministérielle ? ou trop pris par la révision des éléments de langage fournis par les communicants de l'Elysée, il préfère le silence ? Trop
pris ? non, puisqu’il a le temps de lire des SMS. Et à peine sur le parking, il téléphone au PDG de radio France pour lui clamer son indignation !
Et que fait Hees face à un Besson complètement dévalorisé, qui ne ferait même pas trembler le rédacteur en chef de Radio Bleu Guéret ? un Besson qu’un Cohn Bendit a déjà désigné comme responsable du sursaut FN ? et bien il se couche ! Michel Droit*, dit Michel Courbe, faisait preuve de servilité devant De Gaulle. Nestor Hees, lui, c’est devant Iago, pardon Besson. « Je présente les excuses du groupe Radio France à M. Eric Besson. » Le SNJ s'étonne que les excuses soient présentées "carrément" par le PDG du groupe Radio France et non par le directeur de France Inter. "Lorsque l'on commence à demander pardon pour une chronique, on emprunte la longue route de Canossa. Pourquoi pas demain s'excuser pour un reportage ou un papier qui a déplu ?", ajoute le syndicat. "A trop avoir le doigt sur la couture du pantalon, on finit souvent par se retrouver sans pantalon du tout". Il s’attirera aussi un communiqué de défense de Guillon de la part de Nicolas Demorand, qui dirige l’émission, obligé de lui rappeler que la caricature joue sur des traits physiques. Le lendemain Guillon aura beau jeu d’évoquer les dessins de Plantu ! Il aurait pu aussi rappeler Daumier : les Nestor Hees de l’époque l’ont censuré.
Le judas qui ne recule en rien dans le grotesque provoquera ensuite le chroniqueur dans un
duel verbal sur I-télé ! Il est vrai qu’après le calamiteux débat sur l’identité nationale, on ne lui donne plus beaucoup de boulot au gouvernement. Il a du temps libre.
PS Ce n’est pas Mougeotte qui ferait cela : Zemmour reste au Figaro où il pourra continuer à répandre ses flatulences…
* Michel Droit, à l’époque directeur du Figaro Littéraire, fut le premier journaliste ( ?) à interviewer De Gaule entre les deux tours de la 1ère élection présidentielle au suffrage universel en 1965. Sa courtisanerie obséquieuse lui vaudra d’être représenté plié en deux, vêtu d’un gilet rayé, devant Mongénéral, par le Canard Enchaîné. Un échantillon de son style : « La première de ces questions sera, si vous le voulez bien, celle-ci. Vous avez écrit, en tête du premier tome de vos "Mémoires de guerre", " Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France", et nous savons que cette certaine idée de la France est élevée et qu'elle est exigeante… » (http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/notice/Gaulle00110/entretien-avec-michel-droit-premiere-partie) Michel Droit est donc devenu le symbole de journaliste d’une servilité complaisante. Il a eu de nombreux disciples.