Sur l’Affaire Cassez, je n’ai pas attendu le dernier (faux) rebondissement pour exprimer tous les doutes qu’elle peut susciter. La présomption d’innocence a été plus que violée : arrestation bidon, violation des règles d’alerte du consulat français, témoignages plus que suspects, aucune preuve matérielle – l’inverse en fait – une justice au rabais. Faut-il rappeler à D. Schneidermann par exemple, que la présomption d’innocence veut dire que ce n’est pas à l’inculpé-e de prouver son innocence, mais à la justice de prouver sa culpabilité. Cette preuve, en l’occurrence, est inexistante. C’est ce qu’a dit clairement le rapport du juge Arturo Zaldivar, à la Cour suprême, cour qui a rendu un arrêt ambigu, sans libération de Florence Cassez.
L’action de celui qui fait président sur ce cas ne fut pas, pour le moins, couronnée de succès. Lors d’un voyage officiel au Mexique (précédé d’un mystérieux voyage privé au financement aussi opaque que l’achat d’un duplex à Neuilly), Sarkozy laissait entendre, le 9 mars 2009, que dans les trois semaines on trouverait « une solution qui permette de préserver les intérêts de la justice mexicaine, de la justice française, les intérêts des victimes et le droit de chacun, même s'il a été condamné, à se voir respecter dans l'application des droits qui sont les siens » ; ce qui, traduit en langue normale laissait espérer un transfert de Florence Cassez en France. Echec total. Soit Calderon – le président Mexicain – l’a roulé dans la farine. Soit il a pris ses désirs pour des réalités. La suite ne fut pas plus heureuse, puisque La ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, ayant parlé « véritable déni de justice », l’année culturelle du Mexique en France fut annulée, une crise diplomatique s’en suivit. On voit que pour donner des leçons de traitement plus discret de cette affaire, l’Elysée, le quai d’Orsay, NKM parlent d’expérience.
Qu’il y ait eu une légère ambiguïté dans le premier communiqué du PS annonçant la visite de Michel Vauzelle au Mexique, soit (quoique on peut se demander ce qu’aurait dit NKM si l’affaire Cassez n’avait pas été évoquée ?). On peut, cependant s’étonner de la réaction de l’avocat et de la famille. L’écho donné à cette prétendue maladresse, écho d’autant plus fort qu’il a été immédiatement orchestré par la porte-parole du sortant et Alain Juppé, ne va-t-il pas se répercuter au Mexique ? N’eût-il pas été plus judicieux de prendre contact avec Michel Vauzelle – ancien Ministre, ex-Président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée Nationale, il n’est pas totalement inexpérimenté - pour accorder les violons. Car, le Mexique est aussi en période électorale et Vauzelle va sans doute rencontrer les dirigeants des partis d’opposition qui n’ont pas les mêmes raisons de faire d’indécentes pressions sur la Justice que le sortant Calderon.
Et la récupération de ce qui fut, dans la pire hypothèse, une maladresse, par l’équipe du sortant montre, une fois encore, à quelles bassesses ils en sont réduits.