Ce dimanche 16 août, une trentaine de militants du réseau éducation sans frontières, qui voulaient alerter sur les familles démembrées par la chasse aux sans papiers, se sont regroupés sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
Assez bizarrement, reprenant une dépêche de l’AFP, beaucoup d’articles titrent « Le RESF contourne une non-autorisation de manifester ». En effet, la préfecture de police aurait fait savoir que cette manifestation n’était pas interdite, mais non autorisée. La différence est quelque peu difficile à saisir. Le simple bon sens – dont on voit qu’il n’est pas la chose du monde la mieux partagée – voudrait que ce qui n’est pas interdit soit autorisé. Mais le responsable de la préfecture de police qui a fait ce distinguo a dû faire ses études chez les jésuites.
"On fait preuve de la même hypocrisie que la police qui n'autorise pas la manifestation en prétendant ne pas l'interdire", a expliqué à l'AFP Richard Moyon, militant de RESF, "nous, nous manifestons en prétendant ne pas manifester" ! Grimpés sur des plots en pierre, en exhibant une double page de Libération du samedi consacrée à cette chasse aux familles, avec la surveillance de policiers en civils, ces militants acceptaient de quitter les lieux à 11 h 30.
Ambiance décontractée, donc. Jusqu’à ce que surgisse le recteur de Notre-Dame de Paris, « Monseigneur » Jacquin ! « Il y a d’autres jours et d’autres lieux pour faire votre psychodrame avec votre journal qui n’écrit que des débilités. Je suis l’affectataire des lieux, vous n’avez rien à faire ici. Vous perturbez les pèlerins qui désirent se rendre à l’office. Votre action représente pour eux une barrière psychologique. Ça suffit votre cinéma ! » Et comme il menace de faire appel à la préfecture de police, c’est le commandant de police présent qui lui fait remarquer que les membres du RESF sont sur la voie publique et qu’aucun trouble n’est à déplorer.
Ce « Monseigneur », peu enclin à la charité envers les sans-papiers, semble un vestige d’une église dominatrice et hautaine. Vestige, ou résurgence du cléricalisme ?