La non présence du rappeur Orelsan (envisagé ? exclu ?) était connue depuis plusieurs jours. Sans que ça ait eu beaucoup d'échos au-delà du port des Minimes (et encore). Mais, il suffit que le père fondateur des Francofolies (qui se prononcent francofoli et non foliZ, Mme Lucet de FR2), Jean-Louis Foulquier, l'air aussi sombre que ses lunettes de soleil, accuse la présidente de la région picto-charentaise de cette absence, pour que les médias et quelques politiques se déchaînent.
Jusqu'à Fadela Amara, fondatrice de « Ni putes, ni soumises » qui, dans un entretien un peu pâteux avec Pujadas, le 13 juillet, dénonce cet ostracisme dont serait victime l'immortel auteur de ce morceau d'anthologie « Sale pute » ! Dont voici un petit extrait, dédiée à Mme Amara :
« J'ai le nerf en pelote (sale pute)
J' vais te mettre en cloque (sale pute)
Et t'avorter à l'opinel
''Ho mais c' est de ta faute t'étais jamais la pour moi''
Ho j''m en bats les couille c' était de la faute à qui
J' te collerai contre un radiateur en te chantant ''toast aqui''
J' veux qu' tu pleures tous les soir quand tu t'endors
Parce que t'es du même acabit que la pute qu'a ouvert la boite de pandore
J ai la haine j' rêve de te voir souffrir
J ai la haine j' rêve de te voir souffrir baby » ...
En bonne néo-sarkozyste soumise, elle ne faisait qu'emboîter le pas à l'ineffable Frédéric Lefebvre qui dénonçait cette intolérable attaque contre la liberté d'expression. Faut le lire pour le croire. Mais gageons que si, par malaventure, ce délicieux rappeur s'était produit aux Francofolies, le pitbull UMPiste se serait fendu de ce communiqué : « La région Poitou-Charentes, avec l'argent du contribuable, a financé l'infâme prestation d'un « rappeur » ultra-sexiste et violent. Madame Royal peut demander « pardon » pour cette agression immonde contre la cause des femmes ».
Djack Lang - qui, quand il entend le mot « Royal », sort son pistolet - s'est empressé d'abonder dans le sens de Lefebvre.
Sauf que, l'incommensurable auteur de « sales putes », qui dans une belle continuité poétique nous a offert cet opus intitulé Saint-Valentin :
« Yeah
J'laisse la lumière allumée et j'garde mes chaussettes
J'vais la limer jusqu'à c'qu'elle soit couchée et qu'elle voit des clochettes
J'adore les p'tites coquines avec des couettes et des faussettes
J'te rends misérable... tes copines vont t'appeler Cosette
J'ai des positions inconnues pour que tu goûtes au vrai bonheur
Parce que j'me branle sur Canal+ et j'ai jamais eu l'décodeur
Et le lendemain matin, elles en redemandent, se mettent à trépigner
(Mais ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintignier) »...
dont on notera au passage la délicate allusion à l'assassinat de Marie Trintignant, sauf donc que cet inspiré des muses a été, déjà, rejeté de plusieurs festivals, sans que quiconque, à commencer par M. Foulquier ne s'indigne de cette ignoble atteinte à la liberté d'expression !
Au bal des faux-culs, Foulquier mène la danse avec Amara comme cavalière.
PS Dans un communiqué (14/07/09), Ségolène Royal assure que "toutes les affirmations de menaces pour obtenir la déprogrammation du rappeur, de même que toutes les allégations de chantage à la subvention sont fausses et diffamatoires".
En revanche, la Présidente de la région Poitou-Charentes "assume avoir sollicité des informations auprès des organisateurs des Francofolies après avoir été saisie par des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, et avoir exprimé sa satisfaction à l'annonce de la déprogrammation du rappeur d'un des plus importants festivals de la région qu'elle préside".