Un vrai
« buzz » comme on dit, que cette vidéo sur une agression commise dans un bus nocturne !
La séquence dure six minutes. Les images sont violentes, et permettent de suivre toute la scène : un jeune homme se fait
faire les poches par trois autres jeunes. Lorsqu'il essaie de récupérer son portefeuille, il se fait sauvagement agresser.
Elle datait de décembre 2008, Elle a été postée sur Facebook le 17 décembre dernier, soit dix jours après les faits supposés, par un internaute, Mathieu, domicilié à Etampes. Avec ce commentaire : "Avant d'aller bosser, je me remets la vidéo, et ensuite je me rappelle pourquoi je suis devenu Policier." Le jeune homme pose en effet en tenue de policier dans son album photo. D'autres commentaires suivent, comme "moi je suis fier d'être francais et c'est ça qui doit nous donner la force de nous battre contre cette vermine qui gangrène notre beau et bon pays".
Sans grand écho à l'époque. (Notons au passage que deux des agresseurs sont immédiatement arrêtés à la descente du bus et qu'un troisième sera interpellé quatre jours après.) Puis, brusquement, la diffusion se déchaîne sur des sites de l'extrême-droite identitaire, tel que « François Desouche », avec des titres comme "racailles agressent un Français" ou "racailles agressent un blanc", mais aussi taguées de façon très claire : "racailles", "arabes", "racisme anti-blanc"...
C'est le site de ce très républicain (?) « François Desouche » que cite une folliculaire de « Riposte laïque » dont le vocabulaire ne déparerait pas d'ailleurs le site identitaire : « Comment
ne pas s'identifier à ce malheureux jeune passager, qui n'a rien demandé à personne, et qui se fait agresser sauvagement, gratuitement, par des racailles, même s'il paraît que l'utilisation de ce terme là est politiquement incorrecte ? [...] Pourtant, le politiquement correct interdit de parler de "racisme anti-blanc". » Comme quoi, d'une prétendue gauche républicaine à l'extrême-droite xénophobe, il n'y a pas l'épaisseur d'un papier à cigarette (servant bien sûr à
rouler les pétards des racailles). Car, le délire verbal se poursuit : « Les racailles, de plus en plus jeunes, souvent enfants de l'immigration post-coloniale, de plus en plus
islamisés, usent de violences, et terrorisent la population, comme le montre la vidéo de l'agression du bus. La gauche compassionnelle, les sociologues bobo et autres les font passer pour des
victimes, parle de prévention, et s'opposent à toute sanction. La droite, au-delà des mots, laisse faire. » « Mais nous sommes dans la France dirigée par l'UMPS depuis plus de
25 ans, et cela laisse des traces ! » « ...la gauche, elle mobilise dur... et interpelle Besson (son bouc-émissaire préféré) pour que ceux qui hébergent des sans-papiers
puissent le faire en toute impunité ! » On le voit, rien que ne puisse signer le borgne ou sa fille ! (le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon, qui, quand besoin est,
garde quelque accointance avec l'UMP, supprimerait peut-être l'UMPS).
Sauf que, la victime - il faut toujours se méfier des victimes - n'entrent pas dans ce jeu raciste ! Cette victime
de l'agression commise dans un noctilien de la RAPT, donc, un étudiant de Sciences Po, a déclaré qu'il refusait d'être "instrumentalisé" par l'exploitation politique et réfute tout
caractère raciste.
Interrogée sur les injures raciales proférées sur la vidéo, "Ces propos, s'ils ont été dits, interviennent dans un contexte où mes agresseurs étaient drogués ou ivres". "Par ailleurs, ils
n'étaient pas tous issus de l'immigration. La vidéo de mon agression apparaît comme très stéréotypée car, ce soir-là, je suis habillé de façon bourgeoise et je suis face à quatre jeunes qui
faisaient beaucoup de bruit. En aucun cas, je ne veux passer pour l'incarnation d'une certaine image sociale qui aurait été prise à partie par des étrangers. Je ne l'ai pas ressenti comme
cela. L'un des assaillants en survêtement, rasé, avait d'ailleurs une couleur de peau très pâle".
"Diffuser ces images sur internet est très grave", dit-il. "Il y a eu un grave amalgame entre la réalité de cette scène et sa représentation. Cette vidéo a circulé sur des sites extrémistes et a été exploitée par des politiques. Or, je ne veux pas être instrumentalisé. Le sujet est propice aux idées radicales et je n'ai aucune envie de nourrir cela. Il me fallait sortir de cette réductrice caricature", a-t-il expliqué.
Gageons que le malheureux va subir une volée de bois vert, non seulement de l'extrême-droite mais aussi des pseudos laïcs qui, tous, défendent le policier suspendu pour avoir illégalement diffusé la vidéo.
Sources : Arrêt sur images http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1841
Nouvel Observateur http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/vu_sur_le_web/20090411.OBS3019/lagression_du_bus_netait_pas_a_caractere_raciste.html