Dans un pays où des intellectuel(le)s dénoncent la bien-pensance des droits de l'hommistes (et oui, dans la patrie des « droits de l'homme et du citoyen » ses défenseurs sont affublés de cette appellation péjorative), le rapport d'Amnesty International « France : des policiers au dessus des lois » ne peut que provoquer le rejet !
Union sacrée des syndicats policiers : la réaction (c'est le cas de le dire) d'Alliance qui se dit «scandalisé» par ce rapport «c'est un moyen pour eux (Amnesty International) de faire parler d'eux. Ils n'ont aucun pouvoir d'enquête. Nous sommes une des institutions les plus contrôlées» ne surprend pas ; mais l'UNSA-police dit presque la même chose : « La police française est la plus contrôlée des administrations ». Le Ministère de l'intérieur clame « qu'aucun policier n'est au dessus des lois » et celui de la justice qu' « il n'y a aucune tolérance sur le sujet des violences policières ». Quant à la recommandation faite à la Ministre de l'intérieur de ne pas s'exprimer tant qu'une affaire impliquant des policiers n'est pas jugée, MAM revendique le droit de dire n'importe quoi !
Rien de nouveau hélas : déjà en 2005, Amnesty International dénonçait l'impunité des forces de l'ordre qui « se sentent au dessus des lois », mais en 2009 le rapport note « l'accentuation d'un phénomène inquiètant : les personnes qui protestent ou tentent d'intervenir lorsqu'elle sont témoins de mauvais traitements infligés par des responsables de l'application des lois sont elles-mêmes accusées d'outrage ou de rebellion envers un représentant de l'autorité. Dans d'autres cas , des personnes qui se sont plaintes d'avoir subi de mauvais traitements sont accusés de diffamation par les agents concernés. »
"Les sanctions pour les policiers qui s'écartent des règles d'éthique ou de déontologie sont extrêmement sévères", affirme sans rire le porte-parole du ministère de l'Intérieur
En France les plaintes pour passages à tabac, injures racistes, usage abusif de la force (qui peut aller jusqu'à l'homicide) « ne sont pas souvent suivies d'enquêtes effectives » et les condamnations sont rarissimes. « Sur 663 plaintes examinées par [la police des polices] en 2005, seules 16 ont conduit à la radiation des agents concernés », en 2006, 8 sur 639.
"Ni le système pénal, ni les dispositifs d'inspection internes de la police, ni la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) ne répondent totalement aux exigences des normes et du droit internationaux relatifs à l'obligation de mener des enquêtes impartiales, indépendantes et effectives dans les plus brefs délais", peut-on lire dans le rapport.
"C'est la police qui fait des enquêtes sur la police, parfois même des gens du même service", a souligné lors d'une conférence de presse David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.
Un entretien avec David Diaz-Jorgeix : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/04/02/la-police-francaise-mise-en-cause-dans-un-rapport-d-amnesty_1175522_3224.html
Le rapport téléchargeable : http://www.amnesty.fr/_info/rapport_france/pdf/French%20report%20complete_WEB%20french.pdf