Une enseignante-chercheuse (ou l’inverse) d’origine hispanique réagit à « On était prévenus ! » et apporte un témoignage :
Et oui, un gendarme pour deux habitants (si l'on met de côté les nourrissons
terroristes). Cela me rappelle quelque chose. Jeudi dernier, je me trouvais place de la Sorbonne vers 18h, en compagnie d'une petite centaine d'étudiants et d'enseignants (plus
les badauds), venus soutenir les collègues (Enseignants-Chercheurs et administratifs) qui avaient occupé ladite Sorbonne quelques heures plus tôt. Ambiance bon enfant, quelques slogans,
des chansons. On était éparpillés sur toute la place lorsqu'on voit arriver plus d'une centaine de CRS (et gendarmes mobiles, m'a-t-on dit), qui bloquent les issues et nous encerclent avec
leurs boucliers, leurs casques, et leurs matraques. De vrais robocops, quoi. Ils se rapprochent, nous reculons et finalement ils nous coincent tous dans un coin de la place. Là, on
formait un attroupement et, du coup, ils nous ont expliqué qu'on troublait l'ordre public et nous demandent nos papiers. Les étudiants ont essayé un petit slogan gentillet: "On
s'appelle tous Nicolas Sarkozy", mais les robocops nous serraient de plus en plus et, finalement, nous avons présenté nos cartes d'identité (y compris les badauds). Ils ont noté sur des
bouts de papier merdeux nos noms et adresses.
Provocation stupide et gratuite, car une fois sortis du cercle on s'est
tous retrouvé sur la même place, derrière les CRS à surveiller les contrôles, au cas où un étudiant un peu paumé aurait oublié sa documentation et se serait fait embarquer. Une fois l'opération
terminée, ils se sont mis à jouer aux petits soldats de plomb: ils avançaient et nous faisaient sortir de la place, ils reculaient et on revenait. Pendant ce temps, on a vu arriver 10 minicars
pleins de CRS et plusieurs paniers à salade "géants", sans doute pour embarquer les 150 "casseurs" qui se trouvaient à l'intérieur de l'édifice. Finalement, ils les ont fait sortir vers 21h, avec
leurs cravates, leurs sacoches et leurs airs de vieux profs, ce qu'ils étaient pour la plupart, sous les applaudissements des trois pelés qui attendaient encore sur le trottoir de la place de la
Sorbonne. Renseignements pris, pas de contrôle d'identité pour les occupants.
Quelques photos souvenir: http://www.flickr.com/photos/sorbonnemobilisee/sets/72157615869317259/show/
Ça, c'est une petite anecdote, qui montre néanmoins la ressemblance entre la France Sarkozyste et l'Espagne franquiste. Pour le reste, le malaise des enseignants, tout le monde s'en
fout. Les politicards* de droite veulent faire passer leurs "réformes", quelles qu'elles soient, à n'importe quel prix et les politicards de gauche, toujours prêts à critiquer le
gouvernement du bout des lèvres, sont sans doute trop flemmards pour se pencher sur un dossier un peu compliqué pour leurs petites cervelles. Je ne parle pas des médias, qui
reproduisent les mensonges flagrants des ministres sur des "concessions" et des "reculs" inexistants, depuis 9 semaines. Y compris Le Monde, eh oui! http://www.fabula.org/actualites/article29887.php.
On n'arrête pas le progrès!
* Ce terme ne fait pas partie de mon vocabulaire (en tout cas pour désigner globalement femmes et hommes politiques, pour des cas bien précis, je ne dis pas) et la conclusion qui le suit semble un peu trop tranchée : sur le peu que je comprenne, la formation des futurs enseignants, Darcos, finalement, a reculé (peut-être pour mieux faire passer son projet demain, à moins qu’il n’ait sauté d’ici là). Comme disait Thorez, il faut savoir terminer une grève et cela passe aussi par des compromis !
Commentaires de l'enseignante-chercheuse sur cette notule : Je n'ai pas écrit
que tous les hommes et femmes politiques sont des politicards. Certes, j'ai parlé des "politicards de droite" et des "politicards de gauche", cela veut dire simplement qu'il
existe des politicards dans les deux groupes que j'a déterminé et, même si ce mot ne fait pas partie de ton idiolecte, il appartient à la langue française (vu que je ne suis pas "d'origine", j'ai
vérifié). Cela dit, par les temps qui courent, j'ai envie de désigner par ce gros mot l'immense majorité des hommes et des femmes politiques que les Français moyens (d'origine ou pas) ont
l'occasion de voir à la télé, entendre à la radio ou lire dans le journal (pardon pour l'anacoluthe). S'il ce ne sont pas des " Politicien(s) arriviste(s), sans
scrupule." (Petit Robert), je ne comprends pas comment il peuvent se fiche royalement de la formation des jeunes. A moins que... la classe politique (ça, c'est la classe!) n'ait
intérêt à ce que les universités professionnalisent à tout va, au lieu d'essayer de développer tant soit peu l'esprit critique de nos ouailles.
Et, à propos d'esprit critique, moi aussi je lis les titres de Le Monde (avant de la balancer à la poubelle). Il ressemble de plus en plus à la presse contrôlée par Franco. http://www.le-grand-barnum.fr/nicolas-sarkozy-la-destruction-de-luniversite-et-le-cholera-mental-du-journal-le-monde/
Dans les faits, Pécresse réécrit son décret en changeant la place des virgules et Darkosy n'a pas reculé d'un centimètre: il maintient le contenu des concours pour un an, mais il
n'arrête pas le rouleau compresseur de la mastérisation (dont tu connais les effets pernicieux). Les candidats qui seront reçus au concours l'année prochaine n'auront pas leur stage payé.
Il feront, après, une année de master 2 et donc paieront une année de plus d'études avant de valider le concours (s'ils le valident). Ceux qui auront le master sans avoir le concours
pourront toujours chercher des CDD pour boucher les trous. La course à la privatisation de l'enseignement publique est ouverte et, bien sûr, cela ne provoque pas la joie de tout le
monde.
PS Dans un autre genre un exemple flagrant de violation de l'état de droit par des responsables du Muséum d'Histoire naturelle (Jardin des Plantes) : http://horreurecologique.blogspot.com/2009/03/au-jardin-des-plantes-il-est-desormais.html