Il m'arrive souvent, au fil d'une recherche, d'oublier ce que je cherchais pour m'égarer dans un site inconnu. Celui-ci avait un titre assez original, l'œil cynique. J'y découvrais un texte se voulant érotique, assez lourd pastiche des récits libertins du XVIIIe siècle qui donnait plutôt envie de relire Thérèse Philosophe. Mais des pages sur la Vendée bocagère et le bocain descendant du vrai vendéen, celui de l'armée catholique et royale à laquelle notre Vicomte, de puy du fou en historial, voue un culte fanatique, suscitaient la curiosité. Je passe sur un prétentieux pavé dont le « méta langage », prétendument Barthesien (pauvre Roland, il n'avait pas mérité de tels disciples) rend indigeste une description, qui eût pu être plaisante, des caractéristiques bocaines. Mais des articles plus modestes (celui sur la cave vendéenne, notamment) ne manquaient pas d'intérêt.
Un petit coup d'œil sur une rubrique intitulée « Brèves » - hélas rien à voir avec les brèves de comptoir - me fait tomber sur une critique au marteau-pilon d'un livre de Corinne Maïer, No Kid, visiblement dans la veine d'un précédent succès Bonjour Paresse. Le sous-titre, comme la 4e de couverture, montrait bien qu'il ne s'agissait pas d'un manifeste malthusiano-féministe, ni d'une thèse écologico-malthusienne.
Cependant un des deux gais lurons y va à la faux avec ses gros sabots : « Le livre entend défendre le rejet d'enfanter en arguant le désir d'hédonisme libertaire, soit une volonté de croire en l'émancipation par l'égoïsme, la jouissance dès que possible, l'an-archisme (à la lettre, ou l'utopie de croire au débarras de toute forme de pouvoir, à moins que l'anarchie ne soit que tension), la privatisation optimale de sa propre vie, l'entretien de l'individualisme comme fermeture de la vie sociale au seul commerce privé (Corinne Maier soutenant l'idée que nous ne sommes toujours pas parvenus à un individualisme plein). Dit autrement : manquer l'enfant, progressif, pour marquer une figure idéale de l'adulte, régressive (toute la barbarie du temps est dans ce mot). » Outre une construction incongrue du verbe arguer (si l'on en croit les dictionnaires on « argue de »), on s'englue dans cette utopie de croire au débarras, cette privatisation optimale, cette fermeture de la vie sociale au seul commerce privé... et ce n'est qu'un court extrait.
J'y vais donc d'un modeste commentaire : La couverture du bouquin ne cache pas son jeu : il s'agit à l'évidence d'une aimable plaisanterie et non d'une thèse d'anthropologie ou d'un manifeste féminin.
Alors y consacrer des pages d'un idéologisme pompeux, sous-tendu par un moralisme péremptoire est plus que vain, grotesque !
Que n'avais-je pas dit ! oser s'en prendre à cette prose : crime de lèse bocain (car les comiques se disent eux-mêmes originaires du
bocage cher au neu-neu, il y a de l'œdipien dans leurs attaques). « Cher ancien principal, cher militant PS,
Vous avez découvert notre site, c'est bien.
De péremptoire je ne vois que votre appréciation du livre en question ainsi que la lecture critique que vous faites de notre article. C'est faible.
Si vous décidez d'émettre en pets disparates votre avis sur chacun de nos textes (je remarque combien vous laissez de traces sur de nombreux sites du net), prière de condenser le tout car avec de
tels arguments, cela risque d'être usant et toute répétition se doit évidemment d'être effacée.
Restez donc sur votre petit blog à rouspéter - comme il en existe tant d'autres - et émettre une prose militante qui a trouvé ses ennemis faciles. » Classique du genre, jeu très
cours de récréation, céc'luikildikiyé : n'ayant rien trouvé à rétorquer donc, le scripteur (comme il dit) va retourner son péremptoire à l'expéditeur. La
syntaxe est toujours aussi exotique avec ce comme il en existe tant d'autres tout à fait incongru après rouspéter. Si j'ai bien compris militante est une insulte et les
ennemis faciles sont ceux auxquels nos cyniques(?) ne s'attaquent pas.
Mais le plus marrant est l'entame Cher ancien principal, cher militant PS (ça doit être les injures suprêmes) suivi d'un je remarque combien vous laissez de traces sur de nombreux sites.
En effet, ces Charpini et Brancato* du ouèbe sont non seulement de parfaits anonymes, mais revendiquent cet anonymat. « Déclarer un soupçon d'état civil, c'est immanquablement mobiliser chez l'autre une curiosité policière à la catégorie, au classement de ce nom (et cette enquête est facilitée par les trahisons fortuites de l'anonyme sur Internet, permises par l'efficacité de l'indexation des moteurs de recherche). » Comme on le voit, la curiosité policière s'est immédiatement révélée.
Ce nouvel échantillon de prose charabiatesque avec cette curiosité à la catégorie, ces trahisons fortuites est au milieu d'un fatras
de phrases où l'on a l'impression d'une insurmontable logorrhée où des mots s'additionnent aux autres dans un assemblage hasardeux. Deux extraits seulement (mais cette prose s'étale sur des
pages) : « L'arme discursive du pouvoir légitime, du langage de l'intimidation comme émanation des corps de pouvoirs institués, est de se situer, et donc de rappeler l'autre à sa
position dans l'échelle sociale en tant qu'il ne peut être habilité à avoir le dernier mot. Sa manifestation même, comminatoire, confère à son locuteur une commodité en ce qu'elle prévient son
interlocuteur du risque de réplique à son égard. Elle est une façon inquiétante de couper court aux virtualités du langage.
Par ailleurs - et le propos s'attachera particulièrement aux échanges ayant lieu sur Internet - chercher à situer un protagoniste (et, à l'occasion, tenter de l'immobiliser par superbe, en
portant atteinte à son désir de discrétion par exemple), peut également prendre la forme d'une demande de position envers le locuteur anonyme et, au premier chef, le critique anonyme (sorte
d'avatar intellectuel de l'alcoolique anonyme). »
Si j'ai bien compris, nos arrogants vendéens dissidents - courageux anonymes, pourfendeurs de non moins anonymes bocains, bourgeois et autres spécimens de la Vendée ou la France moisies, ennemis ô combien redoutables - ont tenté de m'immobiliser par superbe ! Mais comme ils ne sont pas tout-à-fait sûr de cette arme(?), ils bloquent (adresse IP) tout accès à leur site à ceux qui, comme moi, ont osé émettre des critiques : bornés et fiers de l'être.
Ils peuvent séduire ceux qui confondent profond et creux !
* Charpini, un fantaisiste aux dons vocaux exceptionnels, forme avec le pianiste et ténor Antoine
Brancato un duo irrésistible, dans l'entre-deux guerres. Ils parodient les grands airs du répertoire lyrique en les ponctuant de reparties cinglantes ou cocasses. Un aperçu : http://www.youtube.com/watch?v=YUKUc5n5Vf8
P.S. (qui n'a rien à voir) Fillon (le larbin) et Lefebvre (le pitbull) s'en prennent à Ségolène Royal avec une spontanéité évidente : elle manque de sang-froid dit l'un, elle perd ses nerfs enchérit l'autre. Il est vrai que question sang-froid, notre Ouf 1er qui ne décolère pas contre les uns (1er ministre compris) et les autres (personnel de FR3, Carolis, etc.) est, en quelque sorte, le maître étalon de la perte quasi permanente de la maîtrise de soi. S. Royal a encore beaucoup de progrès à faire pour descendre aussi bas. A noter aussi, l'attaque d'Estrosi à propos d'une réponse faite à un journaliste (quasi mot pour mot celle de Guéant, le majordome de l'Élysée, à la télé) par la même Royal : les autorités françaises n'ont joué aucun rôle dans l'action qui a permis de libérer Ingrid Betancourt. Notre motodidacte, bac -5, comme le surnomment ses amis de l'UMP, a situé son humanité au niveau du bigorneau : un spécialiste, lui dont le QI est celui d'une méduse ! Et l'ineffable Lang aurait été bien inspiré de vérifier le contexte de la phrase avant de se livrer à une attaque aussi gratuite qu'inélégante.