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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 17:05

Souvenez-vous, il y a quelque temps, un terrible accident : une fillette qui traversait la route pour rentrer chez elle, retrouvée morte par son papa. Un couple qui se promenait avec son enfant, un peu plus loin, avait dû se jeter sur le bas-côté pour ne pas être heurté par une automobile roulant à vive allure. Grande indignation contre le lâche chauffard coupable non seulement de rouler trop vite sur une route campagnarde mais aussi de délit de fuite. La nouvelle est passée, l'indignation a cédé la place à d'autres indignations. Du chauffard, sauf erreur, plus de nouvelles.

 

L'affaire de la GIFLE revient sur le devant de la scène. Elle fait même la une du Nel Obs, avec ce titre « Pour ou contre la gifle ». L'affaire remonte pourtant à Janvier dernier. Un prof de techno, se faisant traiter de connard, balance une gifle au gamin insulteur. Le père gendarme, qui vient au collège en uniforme, dépose plainte. Le prof a droit à 24 h. de garde à vue. Le procureur parle, à son sujet, de violences aggravées.

 

Aussitôt, le premier ministre lui-même, monte au créneau, non pas côté procureur, mais côté prof.

La grande vague d'émotion retombée on apprend que, si le gendarme était en uniforme, c'était qu'il était de service ; et surtout que les faits étaient un chouïa plus compliqués que l'écho qu'en donnait la télé. Le procès qui vient d'avoir lieu (prétexte du dossier du Nel Obs : dis coco qu'est-ce qu'on pourrait bien mettre en dossier dans le prochain n° ? Ben... y'a peut-être cette histoire de gifle qui revient sur le tapis devant un tribunal) tourne plutôt en défaveur du gifleur. En revanche, le double scandale d'une garde à vue de 24 h., alors que l'intéressé reconnaissait les faits, et d'une déclaration d'un procureur qui faisait fi du secret de l'instruction est passé aux oubliettes.

 

L'affaire du pucelage manquant, cause d'annulation de mariage a aussi soulevé sa vague d'indignations, teintées parfois d'un soupçon de xénophobie. Notre télé publique nous apprend tout de go qu'un mari borné, bien qu'ingénieur (mais est-ce contradictoire ?), a demandé et obtenu l'annulation de son mariage parce que, le soir de la nuit de noces, il s'était aperçu que l'épouse avait déjà perdu son pucelage, alors qu'elle se disait vierge.

Le Canard enchaîné, qui lui avait fait son boulot de journalisme, nuançait fortement l'information. La juge n'avait pas reconnu l'absence d'hymen comme cause d'annulation, mais constatée qu'il y avait bien eu mensonge et que les deux parties étaient d'accord pour cette annulation.

L'affaire, déjà lointaine, n'aurait d'ailleurs pas eu un quelconque écho, si l'avocat du Monsieur n'avait pas signalé la décision à son frère lui-même avocat, rédacteur chez Daloz : la publication dans cette bible du droit en faisait un arrêt jurisprudentiel. Le ramdam causé fit que des imbéciles - le fanatisme n'est pas que d'un bord - menacèrent de mort la juge. Et, sur le fond, des chroniqueurs ont eu raison de rappeler que, même dans des affaires privées, le Droit n'avait pas à être plié aux intérêts particuliers, mais, dit au nom du Peuple Français, il devait respecter les valeurs de notre société laïque.

 

Terrible agression contre un jeune avec kippa qui allait ou revenait (les versions ont différé) de la synagogue par quinze jeunes qui l'ont laissé dans le coma. Et tout cela en plein jour ! Grande émotion face à ce lynchage, visiblement antisémite.

Ça se passe à Paris, du côté des Buttes Chaumont : du reportage d'investigation pour le prix d'un ticket de métro. Mais l'investigation se limite à radio trottoir. Ce n'est que dans la presse qu'on apprendra que la victime participait à des combats opposant des bandes : jeunes juifs d'un côté, jeunes noirs de l'autre, et qu'aux injures antisémites de ces derniers répondaient des insultes racistes chez les premiers*. Il y avait déjà eu deux affrontements dans la journée. Que fait la police serait-on tenté de dire au passage, car ça se passe en plein jour ? Cela n'enlève rien à la lâcheté (plusieurs contre un) et à la violence de ce tabassage d'un jeune isolé et à terre, absolument condamnables (en revanche, quand c'est une championne olympique - un peu noire de peau - qui se fait jeter à terre et quelque peu, disons, secouer, il faut la condamner pour violences à agent... mais qu'est-ce que je raconte ?).

 

Je vais encore m'attirer un « tu roules pour Sarko » car c'est des journaux de la télé publique que j' cause (je ne regarde qu'eux ou des chaînes d'infos continues qui donnent, même de façon sommaire, un regard sur le monde). Mais, le service public n'aurait-il pas gagné, justement, à se différencier du privé d'abord en hiérarchisant l'information, ensuite en la traitant vraiment ? La réalité, le plus souvent, n'est pas réductible à du blanc/noir bon/méchant, etc. et il vaut mieux ne pas confondre cerveau et viscères.

 

 

 

* Il est intéressant de noter que si l'on parle de « communauté juive », pour les beurs et les blacks, on dénoncera les « communautarismes ».

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commentaires

A
C'est par ce genre d'infos que naît la haine et les lois.<br /> On appelle cela l'instrumentalisation.
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