Classico belge : Standard de Liège contre Sporting d’Andelecht, dimanche 25 janvier. Les Ultras Inferno Liègeois déploient un tifo gigantesque avec la tête d’un joueur décapité. Á prendre au 36e degré ?
Or donc, nous raconte Courrier International, nos voisins belges ont aussi leur classico : Liège vs Anderlecht. Et ce 25 janvier c’était le Sporting de Liège qui accueillait ses rivaux. Et dans leurs rangs, il y avait Steven Dufour, ancien capitaine des Reds du Standard passé chez l’ennemi. « Une "trahison" que les supporters n'ont pas digérée. »
Le quotidien populaire Het Laatste Nieuws raconte : "Les ultras de Sclessin [lui] avaient promis un 'accueil chaleureux'" s'il s'aventurait à venir jouer en visiteur. "Ça a été un règlement de comptes glacial". Non seulement il a été constamment sifflé par les tribunes du Standard, mais après cinquante minutes, les supporters ont déroulé un tifo rouge (couleur du Standard) de plus de 1 000 mètres carrés ressemblant aux mises en scène de l'organisation Etat islamique : y figuraient le slogan des ultras du Standard, "Red or Dead" (Rouge ou mort), et un bourreau portant la tête décapitée de Defour.
Une totale absence de réactions sur place
Les commentateurs ont fustigé ce déploiement. « Ici, il n’est pas question de folklore ou de moquerie, ni même de liberté d’expression, mais de respect des lois, d’incitation à la haine et de bêtise humaine, décidément incommensurable. Il est à la fois interpellant et inquiétant que cette banderole de plus de mille mètres carrés ait pu être déployée sans que personne - responsables des supporters, stewards, club, police - ne s’interpose ou ne ramène quelques énergumènes à la raison. Le tout alors que les supporters du Standard n’en sont pas à leur coup d’essai, loin de là. » lit-on dans Le Soir.
« Fallait-il réunir une belle dose d’imbécillité et d’inconscience pour déployer, dans le stade de Sclessin, ce "tifo" (grande banderole) montrant Jason Vorhees, le héros de "Vendredi 13", une série télé "gore", tenant une machette ensanglantée dans une main et dans l’autre, à côté de la mention "Red or Dead", la tête décapitée de Steven Defour, joueur passé du Standard à Anderlecht, deux clubs qui se rencontraient dimanche ? » s’interroge La Libre Belgique
« Ce n’était pas une faute de goût. C’était, dans le contexte actuel, une provocation honteuse. Comment admettre que cette banderole ait pu être amenée dans les tribunes; qu’une fois déroulée, elle n’ait entraîné aucune réaction de la part des dirigeants du Standard, des membres de l’Union belge présents au stade ou de l’arbitre; que le match se soit poursuivi comme si de rien n’était ? »
Ceci n’est pas une décapitation
Les Ultras, quant à eux, réfutent tout lien avec les décapitations ou autres faits d’actualité sanglants. C’était à prendre « au 36e degré » ! Et ils reçoivent le soutien de L’Avenir qui donne dans l’art du contrepied : « Les médias aussi, crient au scandale, parce que leur foot est tout sali par ces vilains ultras rouches, et parce que « graphiste », finalement, ça fait presque « terroriste ». Des médias qui usent et abusent en permanence de tout le vocable guerrier que le foot leur permet, mais qui sont choqués à ce point par un… simple dessin. »
« Et parlons de tous ceux qui évoquent, sans doute en oscillant la tête de droite à gauche, sans doute avec de grands yeux trop inquiets, les enfants qui ont assisté à ça. « Comment expliquer cela à mon fils de dix ans ? », s’interroge un père (fatalement) de famille.
Cela ne paraît pourtant pas si compliqué. Il suffit d’expliquer que c’est juste un dessin. Ou une image. Comme quand on parle dans les journaux d’ « équipe décimée », d’ « attentat sur un joueur » ou de « ça va être la guerre ». Expliquer que ce n’est peut-être pas très fin, mais que tout cela n’est pas si grave, non… Que ce n’est pas si mal.
Moi, j’ai plus de mal à expliquer à mes enfants pourquoi ça gueule « enculééééééé » quand le gardien dégage. »
Comme un écho de « ceci n’est pas une pipe » de Magritte, certes. Mais prétendre que le simple dessin n’a pas été ressenti par l’intéressé comme une agression haineuse fait un peu mauvaise histoire belge !
Ceci dit, les supporters ultras de Liège n’ont pas le monopole de la connerie.
NB "Tifo" au sens propre veut dire typhus, par quel mystère a-t-il pris le sens de fanatisme (d'où les tifosi, supporters de foute en Italie), puis de ce que déploient les fanatiques ?
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