Marre de tout ce tintamarre sur Neymar : un cauchemar !
Il n’empêche que le cher – c’est le cas de le dire - Neymar da Silva Santos Junior a déclenché une guerre idéologique de haute volée, comme on en raffole dans notre hexagone. D’un côté les #Neymarfans, de l’autre les #Neymarhaters.
Or donc, pour les quelques lecteurs – et plus sûrement lectrices – qui n’auraient pas suivi, le Neymar est un fouteux brésilien, qui jouait à Barcelone et que le PSG vient de récupérer moyennant la modique somme de 222 Millions d’euros, plus sans doute une bonne vingtaine d’autres de commissions diverses.
Ce transfert pulvérise tous les records, puisque, sauf erreur, le précédent, se situait à moitié moins avec Paul Pogba.
Dans cette foire aux bestiaux, certains clubs font leur beurre. Ainsi de Nice qui récupère des canassons caractériels – Ben Arfa, Balotelli – et les remet en état de galoper. Ainsi de Monaco, où l’excellent entraîneur débourre des yearlings, sur lesquels l’oligarque russe qui possède le club se fait des couilles en or ; ainsi d’un Anthony Martial vendu à 18 ans 100 patates comme aurait dit Tapie ; et le jeune M’Bappé risque aussi de s’envoler vers des cieux étrangers à des sommes astronomiques.
En face, les clubs britiches assis sur des droits télés colossaux, les deux grands d’Espagne Real et Barça – enfin pour le 2e, nationaliste catalan, on ne sait plus – riches de leurs ‘socios’ et de leurs dettes, plus le Bayern de Munich, vont se disputer des joueurs.
Dans cette cour des gros, seul le PSG, en France, est capable d’y aller de ses chèques. Ainsi a-t-il surpris d’entrée, quand il est passé sous la coupe du Qatar, en achetant un certain Pastore, 40 briques, joueur talentueux certes, mais d’une fragilité extrême. En principe, ces clubs sont soumis à ce qu’on appelle le fair-play financier – ne pas dépenser plus qu’ils ne gagnent, avec quand même une tolérance de 45 Millions ! On serait curieux de savoir par quelle gymnastique arithmétique le PSG va entrer dans ce cadre.
Alleluia ont chanté les amants du PSG. Ceux qui rêvent depuis l’arrivée des princes gaziers, de voir enfin leur club accéder à la première marche européenne.
Mon préféré dans ce chœur est un certain Bruno Roger-Petit qui a une double casquette : chroniqueur politique à Challenges et sportif au Figaro.
Avec un esprit de synthèse qui l’honore, il réussit à se coiffer des deux casquettes à la fois (avec le risque que les deux visières se transforment en œillères) avec cet inoubliable article : La cravate et le costume de Neymar : une leçon pour les députés français anti-Neymar. « Ce dress code affiché ce vendredi par Neymar en dit long. (…) Neymar et le PSG ont joué la classe. L'élégance. Le mousse et pampre qui sied à ceux qui font carrière dans l'international. On ne signe pas au PSG pour y jouer les zazous, Neymar n'est pas un député français de la France insoumise. » Il ne faudra pas moins de 3500 caractères à notre prolixe éditorialiste pour nous dire et redire… la même chose. Mais comme il ne recule devant aucune outrance, dans un autre article, tout aussi logorrhéïque, le souvenir du sacre de Reims et le récit de la fête de la Fédération sont convoqués pour célébrer l’arrivée de ce Messie, qui quitte Messi !
Et emporté par sa fougue oratoire, notre BRP lance : « Il y a plus d'optimisme et de foi en l'humain dans un stade de football que dans un meeting de Mélenchon, c'est ainsi. (…) La venue de Neymar, électrochoc de haute intensité, peut générer un cercle vertueux économique qui ne peut que profiter à tous. Neymar en France, c'est relancer l'industrie du spectacle football, et générer par effet collatéral quelques milliers d'emplois, ici ou ailleurs, y compris de ces petits emplois de proximité qui font tant défaut à la France. » On ne me soupçonnera guère de melenchonnisme aigü, mais, si j’ai souvenir d’un Mélenchon s’en prenant à un journaliste de France Info du haut de son estrade marseillaise, je ne me souviens pas de bombes dites agricoles ponctuant ses tirades, ni de bagarre générale sur ladite estrade. Quant aux emplois de proximité veut-il parler de vendeur à la sauvette de fausses reliques du joueur thaumaturge ?
En face, ceux qui tel le cher Alexis Corbière, de la France insoumise, s'offusquent de ces sommes faramineuses. « C’est un scandâle ! » aurait dit Marchais. Moins succinct Corbière affirme "Je ne trouve pas ça sain (...), alors qu'un scientifique, un grand médecin, touche des sommes n'ayant rien à voir avec ce que touche un footballeur, même si on aime le foot. On peut avoir un point de vue moral. Est-ce que ce n'est pas la vitrine d'un monde fou ?"
Et plus ou moins humoristiquement, d’autres comparent les 220 M avec des produits divers et variés : 3 Airbus 320, 16 000 bouteilles de Romanée-Conti 2006 et je ne sais combien d’hl de bières pression…
Mais, histoire de mettre la honte – et de se donner aussi bonne conscience – certains n’hésitent pas à exhiber le montage qui tue et asséner qu’avec 1 € par jour on peut nourrir une personne sous-nutrie, ce qui veut dire qu’avec les 222 millions du transfert on aurait pu secourir 610 000 affamés pendant un an. Et un idéologue convaincu de commenter « Si les Qataris peuvent acheter Neymar ce prix, c'est parce qu'on laisse la famine se développer dans le monde, parce que le monde repose sur un modèle politique et social tel qu'il est normal que des enfants aient faim en même temps que des Neymar existent. »
Inutile de timidement glisser que si nos princes du PSG n’avaient pas acheté Neymar, ils n’auraient pas pour autant versé leurs gazo-dollars à des œuvres caritatives. Et, je ne sache pas que le Barça, bénéficiaire du magot, ait l’intention de le faire.
Mais on atteint les sommets quand un indigné, après avoir lui calculé que Neymar avec son modeste salaire de 50 briques annuelles allait gagner 3 smics de l’heure (et comme il doit nous prendre pour des demeurés, il ajoute 1 smic toutes les 20 mn), nous balance une diatribe pas piqué des vers. « Des sommes à mettre en parallèle avec l'insuffisance des rémunérations des médecins (?), des infirmières, et plus globalement de tous ces gens qui se lèvent chaque matin pour assumer des fonctions de service public. » et comme dans son genre il ne cède rien à la logorrhée de BRP, il nous remet les PME, EDF et SNCF, les bacheliers sans fac, les collectivités locales, les APL et la CSG ! Et la lutte finale pour conclure !
Comme je manifestais, dans un commentaire osé, mon ironie, il me fut rétorqué : « Ça changera un peu les revenus des infirmières si on met 220 millions d'euros afin de commencer à payer les millions d'heures supplémentaires cumulées depuis les 35 heures de Martine Aubry, jamais perçues dans le public et dans le privé et aggravées dans le service public hospitalier par la politique à la calculette des ARS, gérées par l'épicerie Picsou de Marisol Touraine… ».
Je dois avouer ne toujours pas comprendre comment les 220 Millions des qataris, par un coup de baguette magique, viendraient payer les HS en souffrance – c’est le cas de le dire – de nos infirmières.
Tout cela est un brouet idéologique au goût habituel d’anti-socialisme aigre, dont témoigne cette « épicerie Picsou » comme si Mme Touraine, dans son ex-Ministère, dormait sur un tas d’or !
Pour conclure, rien ne vaut une Pensée de Pipin, notre nouveau Pascal !
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