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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 21:41
Eleveurs en colère : indulgence et lâcheté

A intervalles réguliers, la FNSEA mobilise ses troupes. En toute impunité, outre des blocages de ville qui n’y peuvent mais, nos éleveurs, céréaliers, viticulteurs, etc.  en colère – cochez la mention d’actualité - polluent les cités de leurs déjections porcines, quand ils ne sabotent pas la SNCF ou l’EDF. Et cela, avec la bénédiction de médias (TV, radios). Médias qui prennent pour argent comptant toutes les fables qu’on leur compte. Pour la xième fois pourtant. La complicité bien sûr de l’opposition. Et la lâcheté du pouvoir en place.

Lointain souvenir. La peste porcine avait sévi quasi simultanément en Catalogne et en Hollande. D’où un abattage massif. D’où une hausse des cours de la viande porcine spectaculaire. Mais tout à une fin. Catalans et Hollandais ayant reconstitué leurs usines à cochons, les cours sont revenus à leur niveau antérieur. J’ai pu entendre une éleveuse – c’est marrant dans ces cas-là ce sont les « éleveuses » qui sont envoyées au front – dire sans rire qu’alors qu’eux n’avaient augmenté leur cheptel que de 10%, les vilains bataves eux l’avaient fait de X% fois plus ! Outre que le 10% était sans doute modeste – des élevages autorisés pour 1000 porcs en comptaient parfois 500 de plus - la dame oubliait que les étrangers ne faisaient que reconstituer leur cheptel.

C’est d’ailleurs une constante chez les FNSEAistes, la mise en relief de chutes de leurs revenus à partir des années d’exception. Ainsi, suite à de mauvaises récoltes notamment en Russie, le prix du blé avait fait un bond, accentué par une spéculation sur les céréales*. Quand, là aussi, les prix se sont dégonflés, nos subventiculteurs – je veux dire nos céréaliculteurs et particulièrement les gros agrariens – ont mis en relief la chute vertigineuse des cours du blé qui les mettait quasiment sur la … paille !

 

Des subventiculteurs qui émargent parfois à plus de 500 000 euros annuels d’une Europe sur laquelle ils n’hésitent pas à cracher. Comme leur disait un arboriculteur qui, lui, ne profitait pas de la manne bruxelloise : « des fonctionnaires ! » (comble de l'injure pour nos agrariens). Et gageons que, sécheresse aidant, ils ne vont pas tarder à tendre la sébille.

Il y a aussi une constante, à la FNSEA, c’est de s’en prendre au cochon de consommateur des villes.

Souvenir lointain encore, Angers, du temps de Jean Monnier, Maire, la ville accueillait un congrès quelconque de ladite fédération ; en colère, bien sûr, donc avec manif de conclusion, donc avec destruction rituelle de mobilier urbain ; Monnier avait non seulement clamé sa colère et retenu la subvention promise, mais demandé réparation. En vain bien sûr.

Autre souvenir, plus récent : de retour de Paris, train de Nantes détourné sur La Rochelle : des agriculteurs en colère avait bloqué la voie à Ancenis.

Exemple bénin diront d’aucuns. Car, c’est ainsi, il y a quelques professions – taxis, chauffeurs-routiers et bien sûr agriculteurs – qui peuvent se comporter pires que les sauvageons de Chévènement ou les racailles de Sarkozy. En totale impunité grâce à la lâcheté constante – droite-gauche confondues – du pouvoir en place. Et avec la totale indulgence – les agriculteurs au moins – de médias et peut-être de l’opinion.

Car des médias, sans aucune vérification, nous somment de nous attendrir sur le pauvre éleveur de cochonneries qui, nous affirme-t-on, perdrait de l’argent en élevant ses porcs entassés dans des porcheries.

Eh quoi ! est-on tenté de se dire, la puissante FNSEA n’est pas capable d’organiser un blocage des livraisons de lait, de vaches, de porcs, etc. pour  obtenir des prix décents ?

Eh quoi, est-on aussi tenté de se dire, la loi de l’offre et de la demande a tous les charmes quand les cours s’envolent, mais, le cochon – c’est le cas de le dire –de payant doit mettre la main à la poche quand la tendance s’inverse ?

Eh quoi, encore, ces usines à viande sont bien dans une chaîne de production et, en amont, n’y a-t-il pas d’autres agriculteurs et surtout industriels qui fournissent aliments pour le bétail, produits sanitaires plus ou moins licites, etc. ? Ne faudrait-il pas s’interroger sur le coût des frais de production autant que sur les prix de vente ?

 

Surtout s’interroger sur une dérive totale. La débauche d’intrants – engrais, pesticides, etc. souvent néfastes pour la santé même de l’agriculteur – a fait, avec la complicité active de la FNSEA, de l’agriculteur un sous-fifre des industriels chimiques (et des semenciers**). Au jeu de la spéculation sur les produits agricoles, les gros agrariens – qui d’ailleurs investissent dans des terres du côté du Paraguay – sont les seuls gagnants. Dérive qui fait aussi des cochonculteurs des pollueurs : si le principe pollueur/payeur était appliqué combien de porcheries industrielles subsisteraient ?

A la marge, les médias – écologie oblige – mettent un peu en relief un autre type d’agriculture. Car il y en a encore des paysans, des vrais, qui ne veulent pas se laisser réduire à être un maillon de la chaîne industrielle. Mais être de vrais professionnels. Professionnels qui jugulent la surconsommation d’intrants. Qui retrouvent les fondamentaux de la bio-diversité. Pas des babas-cools post soixante-huitards. Des adeptes d’une agriculture raisonnée qui redécouvrent les vertus de choix de cultures adaptées, d’irrigation économe, de rotation des cultures évitant l’appauvrissement des sols, en bref, ce qu’on appelait autrefois une agriculture scientifique, avant que FNSEA aidant, elle dérive dans le productivisme à courte vue.

Les successions de crises le démontrent.

 

* Cette hausse spéculative des céréales s'est plus que répercutée par les industriels de l'alimentation du bétail, alourdissant les coûts de production. Les agrariens spéculateurs ont donc plombé les comptes des cochonculteurs !

 

** Xavier Beulin, actuel Président de la FNSEA, a soutenu, en 2011, une proposition de loi du sénateur Christian Demuynck (UMP) interdisant aux agriculteurs de se servir de leurs propres semences, sauf à verser une « rémunération aux titulaires des certificats d'obtention végétale » que sont les semenciers ; Beulin est le patron d’une société « qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français (Euralis Semences, Limagrain, RAGT Génétique, Serasem - groupe InVivo) » !

 

 

PS Un témoignage de victimes des barrages FNSEA

Eleveurs en colère : indulgence et lâcheté

Oléron : pont barré par la FDSEA

Courriel
 
From: gerard
Sent: Friday, July 24, 2015 4:01 PM
To: gerard
Subject: pont d'Oleron
 

Bonjour à tous,

Nous étions partis mercredi matin pour quelques courses à La Rochelle et Luçon.

3h 45 pour aller de St Pierre et franchir le pont ...

On a préféré, grâce à des amis hospitaliers,  faire du tourisme en sud Vendée et attendre ce midi ( vendredi) pour rentrer . Passage encore au compte-gouttes. Bonjour les files des deux côtés, mais on est là.

 

PS On ne bouge plus!

 

Comme chacun sait, ces îliens sont responsables des cours de la cochonnerie industrielle... en tout cas la FDSEA locale les considère comme tels.

 
 

3 septembre 2016 : La FNSEA lance mille tracteurs à l'assaut de Paris

Je ne sais plus sur quelle chaîne, il y a trois jours, on nous montrait des cochonculteurs du Finistère s'apprêtant à prendre la route pour rallier Paris. Voilà donc des malheureux, sur la paille, qui vont faire dans les 600 km sur leurs énormes tracteurs, perdant une semaine de travail aller et retour, dépensant des hectolitres de gazole et des palettes de canettes, avec en prime de beaux drapeaux bretons pour bien signifier à ces salauds de franciliens qu'ils ne sont pas de la même espèce, eux !

 

"Pour qu’on les entende enfin (autrement dit, qu’on leur attribue davantage de subventions, lesquelles iront droit dans la poche des plus gros), ils vont bloquer le périphérique, menacer le ministère de l’Agriculture, saccager celui de l’Écologie (ils l’ont déjà fait sous Dominique Voynet : aucun d’eux n’a été inquiété). Ils vont brûler des pneus (merci, la pollution aux particules fines ; bien la peine qu’on veuille réduire le diesel !).

 

Ils vont hurler leur haine des écolos, qui les empêchent de polluer à leur guise et réduisent leur chiffre d’affaires : qu’importent la mort des rivières, les pesticides dans l’assiette, les marées vertes sur les côtes, les nitrates dans l’eau du robinet, les gaz à effet de serre, la stérilisation des sols, le pompage effréné des nappes phréatiques et tant d’autres catastrophes environnementales, pourvu qu’on ne gêne pas la production des denrées et qu’on n’affecte pas les récoltes !

 

Pauvres campagnes, métamorphosées en usines à fabriquer du blé, de la viande ou d’autres matières premières alimentaires ou industrielles ! Malheureuses terres agricoles, défoncées à grands coups d’engins monstrueux et avides de pétrole ! Tristes champs sans bornes, ni haies, ni insectes, ni oiseaux, et qui absorbent à eux seuls 70 % des eaux douces disponibles…"

Yves Paccalet

 

 

NB Dans le boycott du marché au cadran du porc breton, seul Le Canard enchaîné, a noté que l'un des deux groupes industriels, COOPERL est, comme son nom l'indique, une coopérative qui compte 2710 associés... Cooperl Arc Atlantique est une VRAIE coopérative d’éleveurs détenue à 100% par des éleveurs de porcs, dit son site !


 

 

 

 

 

La confédération paysanne ne s'est pas associé au rassemblement de tracteurs à Paris : la solution est à Bruxelles;

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