« Quel souk ! » : exclamation typique de parents devant la chambre de leur ado. Mais, contrairement à l’apparence le souk hebdomadaire est rigoureusement ordonné. Tout autant que l’étaient nos marchés ruraux d’autrefois avec les rangées de barres pour attacher les bovins et le regroupement des stands et étals par activités. Si désordre il y avait, c’était les goulots d’étranglement provoqués par les chalands qui bloquaient les allées pour tailler une bavette.
« Quel souk !» : exclamation toujours admirative quand on redécouvre celui d’Azrou, le plus beau du Moyen-Atlas. J’entends les Khnifri protester que celui de Khenifra mériterait la palme. Que nenni répond l’azrioui d’adoption avec chauvinisme.
Le plus spectaculaire est, sans aucun doute, le marché aux bestiaux, ici ovins essentiellement. Certes pas de maquignons en longues blouses noires, armés de leurs longs bâtons, du marché douécin d’un passé hélas très lointain. Mais les échanges quasi muets entre acheteur et vendeur sont tout aussi codés. Et les moutons, têtes comme emboîtées les unes dans les autres, n’ont pas besoin de barres pour être parfaitement rangés.
Le plus coloré est certainement le marché aux fruits et légumes. Maticha, p’tata, mechméch, banân, friz, khizzo, bsla, etc. s’offrent aux acheteurs. Les pastèques sont énormes et les melons verts délicieux. Mais les cerises, victimes d’un printemps pourri, ne sont pas au rendez-vous. Olives et amandes, épices variées, forment des tableaux plus nuancés.
Les volaillers eux sont à un autre bout du souk, poulets sur pied (ou plutôt ergots) qui seront plumés et vidés sur place.
Les tapis, hélas, sont de moins en moins nombreux. Quant aux bijoux anciens n’en parlons même pas.
En revanche, on trouve de tout au souk : chaussures à son pied, caftans, gandoura, mais surtout vêtements et sous-vêtements modernes, couvertures, valises, tentures, cocottes-minute et batterie de cuisine, vaisselle, PQ et lessives, outils, etc. Et même un lit et autres meubles. Liste non exhaustive loin s’en faut, puisque l’on y a même découvert des vendeurs à la sauvette de modèles réduits de voitures et camions, téléguidés ou pas.
Si les carrioles à bras assurent toujours les transports dans les allées les plus étroites, les bourricots ont été supplantés par des tricycles motorisés. Et quand les marchands de bestiaux ont fait leurs achats, ils n’hésitent pas à lancer leurs camions dans les allées, provoquant une telle pagaille que l’on peut, à bon droit, s’exclamer : « Quel souk ! »
Mardi 14 mai AZROU