« Cásate y sé sumisa », ce qui traduit par-dessous la jambe pourrait être « Case toi et sois sa boniche ». Obéis à ton seigneur et maître, ton mari. Et s'il exige une pipe, tu le suces en pensant à Jésus ! Version espagnole d’un livre italien, éditée par l’archevêque de Grenade.
Ce livre écrit par une journaliste italienne, Costanza Miriano, aurait pu être publié dans les années cinquante du siècle précédent.
Nous ne sommes pas les égales des hommes et ne pas le reconnaître est, à tout coup, source de souffrance. La parité n’est pas l’égalité.
Elle prône la servitude volontaire :
Maintenant les femmes ne sont plus obligées à être servantes, mais nous pouvons choisir de servir, par amour et pour répondre à notre vocation ! Car l’identité de la femme est l’accueil. Le féminisme, pour l’avoir nié, nous a nui. Et, quand on trahit sa propre nature, on perd tout repère.
Beaucoup de femmes luttent avec leurs maris et sont insupportables. Seulement parce qu’elles n’ont pas compris le secret de l’accueil ni de la soumission, de l’obéissance comme acte de générosité.
Leur bien-être, leur sérénité [des maris], reposent, en partie au moins, sur la capacité de leur femme de supporter leurs caprices, leur fatigue, leur mauvaise humeur, leurs mécontentements.
Un homme ne peut résister à une femme qui le respecte, qui reconnaît son autorité, qui s’efforce de l’écouter loyalement quitte à se mordre la langue plutôt que de donner sa propre façon de voir les choses…
A multiplier les exemples de cucuteries bénites* de cet ouvrage, je vais être soupçonné de vile complaisance par la gent féministe. Mais, comme le note un critique espagnol sur ce livre, la chroniqueuse religieuse de la RAI est une fondamentaliste chrétienne qui puise son inspiration dans la Bible ou dans les épîtres de Paul.
De fait, dès la Genèse ça démarre mal pour la femme, car dieu lui dit : « Je rendrai tes grossesses très pénibles, et tu accoucheras dans la souffrance. Ton désir se portera vers ton mari, mais lui te dominera. »
Et on comprend que nos bigotes récusent l’ABCD de l’égalité quand on lit dans le sublime Lévitique que, quand la femme accouche d’un mâle, elle sera impure pendant sept jours ; elle sera impure comme au temps de son indisposition menstruelle, mais quand c’est une fille, elle sera impure pendant deux semaines ; elle restera soixante-six jours à se purifier de son sang.
Mais visiblement, quand Mme Miriano écrit que l’épouse, quand son mari lui dit quelque chose, doit l’écouter comme si c’était dieu qui lui parlait s’inspire de Paul de Tarse qui écrivait aux éphésiens de même que l'Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leurs maris en toutes choses.
On comprend donc que Francisco Javier Martínez Fernández, archevêque de Grenade de son état et grand spécialiste du couple - auteur du célèbre apophtegme : Si une femme avorte, tout mâle peut abuser d’elle - ait décidé de se lancer dans l’édition pour remettre les ouailles ibériques, et, en particulier, la partie féminine, dans le droit chemin d’une saine conjugalité.
La soumission à l’époux pouvant entraîner la sainte épouse sur des voies que la morale chrétienne, a priori, récuse, en fin casuiste, notre arzobispo la soulage de toute culpabilité. Si le mari ordonne que sa femme soumise lui fasse une pipe, elle ne peut que se plier à sa volonté, mais elle évitera tout péché en pensant à Jésus ! "Quand je pompe mon mari, moi je pense à Jésus-Christ" psamoldiera-t-elle.
Devra-t-elle avaler la liqueur séminale et néanmoins maritale comme l’hostie sacrée ? notre archevêque ne va pas, à ma connaissance au moins, aussi loin dans la sanctification de la fellation.
* Les hispanistes distingués peuvent approfondir le sujet en faisant défiler les 35 phrases les plus polémiques offertes par l’Huffington Post espagnol
Le guide de la bonne épouse a dû inspirer et notre archevêque et notre grenouille de bénitier italienne.
Les non hispanophones comprendront facilement qu’il s’agit de 11 règles pour que le mari soit heureux en ménage.
- Cinq minutes avant son retour soyez fraîche et accueillante, avec retouche de maquillage, etc.
- Soyez enjouée. Sa dure journée a besoin d'être égayée.
- Rangez la maison : elle doit paraître impeccable.
- A la saison froide, préparez un feu dans la cheminée. Par-dessus tout, veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle.
- Occupez-vous des gosses, bien sûr.
- Réduisez les bruits : éliminez tout bruit de machine à laver, séchoir à linge ou aspirateur. Incitez les gniards à être calmes.
- Accueillez-le avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui plaire.
- Ecoutez-le ; souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres.
- Ne vous plaignez pas s’il rentre tard, s’il va se divertir sans vous, ou s’il ne rentre pas de la nuit.
- Ne l’accablez pas de vos problèmes insignifiants.
- Proposez-lui de se détendre dans une chaise confortable. Préparez-lui une boisson fraîche ou chaude. Proposez-lui d'enlever ses chaussures. Parlez d’une voix suave et plaisante.
Cette version espagnole du "Good Wife's Guide", publié en 1960 n’a pas illustré les préceptes finaux qui rejoignent en partie la réflexion morale de l’archevêque :
EN CE QUI CONCERNE LES RELATIONS INTIMES AVEC VOTRE MARI, il est important de vous rappeler vos vœux de mariage et en particulier votre obligation de lui obéir. S'il estime qu'il a besoin de dormir immédiatement, qu'il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime.
SI VOTRE MARI SUGGERE L'ACCOUPLEMENT, acceptez alors avec humilité tout en gardant à l'esprit que le plaisir d'un homme est plus important que celui d'une femme ; lorsqu'il atteint l'orgasme, un petit gémissement de votre part l'encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir.
SI VOTRE MARI SUGGERE UNE QUELCONQUE DES PRATIQUES MOINS COURANTES, montrez-vous obéissante et résignée, mais indiquez votre éventuel manque d'enthousiasme en gardant le silence. Il est probable que votre mari s'endormira alors rapidement ; ajustez vos vêtements, rafraîchissez-vous et appliquez votre crème de nuit et vos produits de soin pour les cheveux.
Florilège de petites phrases homophobes, antisémites ou misogynes de quelques prélats...
Pour compléter
Juan Luis Cipriani Thorne
Cardinal, archevêque de Lima, membre de l'Opus Dei
"Dieu a mis le père à la tête des enfants et l'a rendu respectable, c'est-à-dire digne de respect; et tous nous avons vu dans notre famille que la maman s'occupe du bon fonctionnement de la maison. Ceci est le message de Dieu. Le père est l'autorité de tout le projet familial".
"La mère est celle qui modèle tout l'intérieur du foyer, l'ambiance de la maison. Elle corrige le caractère des enfants, prépare les fêtes d'anniversaire, veille à ce que les vêtements soient propres, installe les décorations et les fleurs dans les différentes pièces de la maison; elle donne les permissions aux filles et garçons pour les sorties, les avertit d'être prudents. Ceci est la tâche de la mère. Cela ne veut pas dire que le père et la mère sont égaux, mais ils ont la même dignité".
Testigos vivos de Cristo 1999
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