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15 mars 2018 4 15 /03 /mars /2018 16:44

Institution violente, insensible, une machine à nier et à briser l’humain, Mme De Cock n’y va pas par quatre chemins, en se faisant l’écho d’une longue diatribe d’un enseignant répondant à un courriel d’un proviseur adjoint. Proviseur adjoint qui personnifie donc cette machine qui nie et brise l’humain !

TZR en colère !

Voilà donc ce que je découvre sur touitteur. D’aller lire le cri de détresse, avant de découvrir, tout à la fin, le courriel qui avait provoqué cette longue plainte en forme de réquisitoire :

Le 8 mars 2018 à 17:31, XX a écrit :

Mme XXX,

M. Rob,

Je vous prie, dans la mesure du possible, de remplir les appréciations trimestrielles en vue des conseils de classe à venir et vous souhaite un prompt rétablissement.

Bien cordialement,

XXX

Proviseur Adjoint

Lycée Polyvalent XXXXX

(Il semblerait donc que cet adjoint soit une adjointe)

Faut-il noter la totale inhumanité de ce « dans la mesure du possible » qui semble avoir été l’élément déclencheur du cri de détresse du professeur « broyé » ! A moins que ce soit ce qu’il appelle « la sécheresse » des vœux de rétablissement de notre adjoint-e ?

Mais dans sa protestation contre l’aveuglement sur « les risques psycho-sociaux » liés aux politiques d’affectations des TZR et contractuels, on découvre que le malheureux est TZR – titulaire en zone de remplacement – depuis 6 ans. Il est totalement improbable qu’il ait été assigné à cette fonction pendant six années de suite. Il eut, plus que vraisemblablement, pu postuler, dans ce qu’on appelle le mouvement, à un poste de titulaire fixe. Est-ce donc scandaleux de se demander s’il n’a pas un peu choisi de rester TZR, pour ne pas risquer dans un mouvement national d’être quelque peu éloigné de Castres ou de Carmaux ou de Toulouse ?

Petite digression :

Dans un passé de plus en plus lointain, hélas, j’ai brièvement joué le rôle de ce que Mme De Cock appellerait sans doute bureaucrate syndical. C’était l’époque de Bové et de « Gardarem lou Larzac ». L’époque aussi où la CFDT avait lancé le slogan, pas très heureux avec le recul, de « Vivre et travailler au pays ». Et un autre bureaucrate syndical, originaire d’une région où l’on se traite de con à peine qu’on se traite, proposait de mettre des points de rapprochement du pays d’origine au barême des mouvements nationaux : il n’avait pas apprécié, con, que j’ironise avec un « Gardarem lou barem », con.

Et, digression dans la digression, ce bref passage dans la bureaucratie syndicale m’avait permis aussi de constater que le rapprochement de conjoint était affecté d’héliotropisme : si un conjoint était affecté – c’est le cas de le dire – à Bapaume (62) et l’autre à Valence (26), alors qu’une demande vers le Pas-de-Calais avait pratiquement 100% de chances d’être satisfaite, c’était vers la Drôme que se faisait le vœu…

Revenons à notre TZR broyé par la brutalité administrative.

Il note, certainement à raison, que les personnels de direction ne lui manifestent peut-être pas l’intérêt qu’il mérite dans ses remplacements, parfois annoncés à la dernière minute, ou quand il occupe – ce qui était le cas – des BMP, blocs de moyens provisoires, autrement dit les restes d’heures dans une matière (dû à diverses causes dont celle la plus évidente que le nombre d’heure dans telle matière ne correspond pas aux moyens disponibles dans l’établissement).

On conviendra peut-être que parfois l’absence d’un prof – pour une durée suffisante pour amener un remplacement – n’est pas prévisible, ce qui oblige à solliciter en urgence un TZR disponible. On pourra peut-être comprendre, qu’une fois passée le soulagement de voir l’absence comblée, nos personnels de direction vaquent à leurs bureaucratiques occupations. D’ailleurs, si on lit bien « cette distance physique et symbolique », ils la maintiennent entre eux et tous les profs « à coups de costumes, de vouvoiement et de postures d’autorité ». Donc pas qu’envers les nomades TZR.

Nouvelle digression :

L’Académie de Nantes il y a maintenant une quinzaine d’année faisait venir auprès du service du personnel enseignant quelques personnels de direction frais retraités pour servir d’interface entre leurs collègues en activité et ce service, dans la semaine de pré-rentrée et les deux ou trois jours suivants. Le chef d’établissement furibard de ne pas avoir de nouvelles du demi-poste de maths qui lui restait sur les bras devenait plus urbain quand il tombait sur un collègue au bout du fil. Car il savait que nous comprenions son ire pour avoir partagé les mêmes soucis. Mais je peux témoigner que ce service – en particulier en ce qui concerne les contractuels dans les disciplines professionnelles – était extrêmement attentif aux aspects humains. Avec, cependant en arrière-plan, l’obligation de mettre un prof devant les élèves dans toutes les matières et si possible dès le premier jour de l’année scolaire.

L’allusion à La question humaine de Nicolas Klotz frise le fameux point godwin. Et on n’échappe pas à la bonne langue de bois avec l’accusation faite à nos personnels de direction d’avoir à « cœur leur fonction de valets du gouvernement et du capital. » !

On ignore quelle matière* enseigne ce TZR, pour se retrouver sur deux BMP dans deux lycées à près d’1 heure et quart de route l’un de l’autre et, dit-il, 2 heures de son domicile. Bloqué 3 jours dans l’un, 2 jours dans l’autre, logeant dans des piaules de maître d’internat, on comprend facilement qu’il puisse avoir été victime d’une dépression. On comprend moins bien cependant que ce remplaçant – devenu en fait prof à l’année, à cheval sur 2 établissements – n’ait pas été lui-même remplacé, pendant deux mois d’absence.

Et le ton de sa diatribe montre qu’il est dans un état dépressif grave. Mais si on peut comprendre que dans sa dépression il ne mesure sans doute pas la violence de l’attaque contre le-la proviseur(e) adjoint(e), on comprend beaucoup moins que, par conformisme idéologique, d’autres s’en fassent l’écho. Et ce TZR semble ignorer qu’il y a des syndicats dont le rôle est la défense des intérêts collectifs et individuels des adhérents.

Mais peut-être que le syndicalisme est passé de mode…

Et, sans y aller de la complainte victimante, il faut prendre, peut-être, conscience du boulot d’adjoint-e. Dans des bahuts polyvalents où les contraintes diverses sont de plus en plus lourdes, ne serait-ce que boucler un emploi du temps est un exploit annuel ! Et que le rôle de ces personnels de direction honnis est de tenter aussi que toutes les classes aient toutes leurs profs et, si faire se peut, tout au long de l’année.

* Une allusion au chapitre sur l’intégration sociale en terminale laisse à penser qu’il s’agit de SES.

 

NB Mme Laurence De Cock, pour être la cible de Brighelli, mérite par ailleurs toute notre solidarité.

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