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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 19:07

“Ras le bol des salades, les poulets veulent du blé”.

Bravo, camarades syndiqués ! Un beau slogan des deux syndicats de police dans l’action en novembre et décembre !

"Nous sommes à bout", a déclaré un responsable syndical du mouvement de policiers. "A bout de la suppression des postes dans la logique de la RGPP (révision générale des politiques publiques), à bout des conditions de travail dégradées, à bout de la politique du chiffre, à bout des coups de collier à répétition, à bout du management agressif de la hiérarchie, à bout des retraites menacées, à bout des salaires qui n'évoluent pas!". Comme qui dirait la réédition d’un vieux slogan  - et partiellement injuste à l’époque – « A bas Haby, y’a de l’abus, on est à bout !».

Sauf que, camarades syndiqués, vous seriez plus crédibles si vous dénonciez, au-delà de la politique du chiffre, les bavures d’une minorité de vos collègues. Autrement dit, si vous faisiez la police au sein de la police.

Certes le nombre de gardes à vue a explosé grâce à (ou par la faute de) un ministre de l’intérieur, innommable, qui en a fait un des critères chiffrés de l’activité policière !

Mais, cependant, rien n’obligeait – et même serait-on tenter de dire dans une optique taylorienne quelle mobilisation pour une telle bavure ! – vos estimables collègues à faire passer au paradis d’Allah « tonton Ali » ! Faut-il parler aussi de Mohammed Boukrourou, victime d’une « altération cardiaque » ?

J’entends déjà les faux laïques et les vrais xénophobes de Riposte laïque, clamer que ces horribles étrangers (parfaitement français au demeurant), par leur attitude, ont bien eu ce qu’ils méritaient !

Sauf que, camarades syndiqués, maintenant dans ce pays, que l’on s’appelle Boukrourou ou Vaillant, Zidi ou de Lauzun, pour un feu rouge ignoré, un permis oublié, une remarque lors de l'interpellation d'un quidam – c'est la garde à vue.

L’exemple de Jean-François de Lauzun est presque caricatural. Imaginez – je n’ai pas de peine – ce juste sexagénaire (ingénieur polytechnicien : vous voyez les racaillous, il n’y a pas que vous), traverse l’avenue, sans circulation, au feu rouge pour les piétons. Il se voit sévèrement réprimandé par une patrouille de police qui se trouvait en faction au coin de la rue. Le ton monte, la police vérifie l’identité du piéton. Son domicile se trouve à une centaine de mètres du passage piéton. Intrigué par cette scène, un témoin, un entrepreneur dans le bâtiment de 59 ans, apporte son soutien à l’ingénieur. Les policiers lui reprochent alors d’être "un perturbateur" et il est à son tour contrôlé. Finalement les choses en restent là, les deux hommes regagnent leurs domiciles.

Mais, camarades syndiqués, vos collègues, sans doute en manque de chiffres, vers 22h30, se présentent à l’appartement de Jean-François de Lauzun pour lui remettre une convocation au commissariat. Excédé par ce qu’il considère comme de "l’acharnement policier", l’ingénieur s’indigne : "Nous sommes dans un état totalitaire !". Il est aussitôt menotté, emmené au commissariat, et placé en garde à vue pendant 18 heures pour "outrage".

Et le lendemain, l’entrepreneur qui avait pris sa défense, lui, est interpellé par les policiers. Il se trouve alors dans la pharmacie où travaille sa compagne. Alors que les forces de police veulent l’emmener au poste, il se débat, est jeté à terre où il demeure inconscient. Les pompiers arrivent, l’évacuent vers un hôpital, puis il se retrouve à son tour en garde à vue, tout comme sa compagne, la pharmacienne, pourtant simple témoin.

Camarades syndiqués, j’ose à peine vous conter les mésaventures d’un syndicaliste (il est vrai CGT). Rocambolesque ! Un jeune homme complètement paniqué vient demander refuge dans l’immeuble de ce militant, marié à une conseillère municipale de la commune. A l’entrée de l’immeuble un homme, plutôt costaud, coiffé d’un bonnet en laine noire roulé sur les oreilles, d’un gros blouson noir, tape violemment sur la vitre pour qu’on lui ouvre. Son attitude est agressive et indique clairement qu’il veut s’en prendre au jeune. Comme il exhibe une carte avec une bande rouge et crie « Police, Police » on lui ouvre la porte. Il rentre dans le hall comme un fou, saute sur le jeune, le plaque violemment et se met à lui taper dessus à coups de matraque. Le jeune homme hurle en demandant toujours de l’aide. Tous les témoins de la scène demandent, en vain, en criant d’arrêter ces violences. Personne n’a pensé qu’un policier pouvait agir ainsi. Le jeune homme sera traîné au commissariat ainsi que l’affreux cégétiste qui avait réussi à bloquer le bras matraqueur. Lui et son épouse  seront remis en liberté le lendemain soir vers 20H30 et inculpés pour Avoir volontairement exercé des violences sur deux agents de la force publique, suivies d’une incapacité totale de travail de 8 jours et 10 jours.

Le jeune homme, un péruvien qui attendait tranquillement sa petite amie sur le trottoir devant l’agressivité de votre collègue de la BAC (dont il ignorait qu’il fût policier), avait pris peur (et permettez-moi de vous dire, camarades syndiqués, à juste titre). Et l’on voit bien, ici, comme avant, l’art de faire du chiffre : les bourges du 1er exemple, 3 gardes à vue, 3 résolutions d’enquêtes (rebellions). Même chose avec l’affreux cégétiste !

Les fans de « Riposte laïque » ne sont peut-être pas encore convaincus que ça n’arrive pas qu’aux basanés adeptes du minaret !

Alors, camarades syndiqués, abordons un autre volet de la politique du chiffre : le fichage ADN ! rassurez-vous, je ne vais pas chercher mes exemples chez les anarchos-autonomes de Tarnac, mais dans Ouest-France du 27/11/09.

Deux frangins de 9 et 11 ans se sont vu demander leur ADN pour avoir volé deux Tamagotchis (?) dans un hypermarché : vos collègues, camarades, semblaient ignorer que les mineurs de moins de 13 ans ne peuvent faire l’objet d’un tel prélèvement. Maud, une étudiante en psycho, qui a viré SDF, a été poursuivie pour port d’arme, car elle avait un opinel, elle refuse le prélèvement d’ADN, elle est condamnée à 300 € d’amende qu’elle paie ! Mais le délit étant continu – elle refuse à chaque nouvelle convocation – elle risque la prison ferme. Un sarthois qui accompagnait une personne au tribunal a, spontanément, remis son laguiole à l’entrée : grand mal lui prit, il a été également poursuivi pour port d’arme, avec prélèvement d’ADN.

Certes me direz-vous, camarades, dans un des derniers exemples, il y a surtout un acharnement de l’appareil judiciaire. Il faudrait certainement aussi consacrer des articles aux flagrants délires des tribunaux des flagrants délits ! Mais, camarades syndiqués, ces tribunaux ne sont-ils pas alimentés par vos collègues qui leur renvoient pour port d’armes des personnes qui, comme beaucoup, ont un opinel ou un laguiole dans la poche.

Croyez-bien, chers camarades, que je serai de tout cœur avec vous quand vous aurez vraiment fait la police… dans la police !

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commentaires

G
<br /> Excellent article sur l'excès de zèle policier remis au gout du jour depuis 2002 par le sinistre de l'intérieur de l'époque, un certain Joe Dalton.<br /> Mais aviez vous vraiment besoin, une fois de plus de faire de la pub à vos amis de "Riposte laïque" ??? Au moins, vous nous avez épargné une référence à Finkelkraut. Avez vous conscience, cependant<br /> que votre silence à l'égard de Zemmour est suspect ? Cdt ;-)<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Puis-je avouer que je n'ai jamais regardé l'émission où sévissent - le verbe est hardi et ne vient sous ma plume que par ouï dire - Zemmour et Naulleau ; je ne le lis pas non plus. D'où mon<br /> silence...<br /> <br /> <br />

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