La médaille de l’ordre national du mérite décernée aux Poulidor du tennis -Tsonga, Simon, Benneteau – est-elle méritée ? Mais nos sportifs exilés ne sont-ils pas une cible facile alors que l’on ne s’est pas encore vraiment attaqué à l’évasion fiscale ?
La promotion spéciale des jeux olympiques et para-olympiques dans l’ordre du mérite du 31 décembre fait quelques vagues. On y trouve, en effet, M. Benneteau, né Benneteau-Desgrois (Julien, Henry, Guy) et M. Gasquet (Richard, Gabriel, Cyr), médailles de bronze en tennis (double), M. Llodra (Michaël) et M. Tsonga (Jo-Wilfried, Evrard), médailles d'argent en tennis (double). A priori, pas de quoi fouetter un chat, puisque tous les médaillés des deux jeux ont eu droit à cette médaille supplémentaire.
Sauf que, les méritants joueurs de tennis sont, pour trois d’entre eux, des exilés fiscaux. Seuls LLodra réside en France, mais il avait aussi, naguère, succombé aux charmes helvètes.
Lors de la dernière Coupe Davis (2010), les membres d’Action discrète, sur Canal +, ont tourné en dérision le fait que les joueurs français vivent en Suisse pour des raisons fiscales.
La vidéo a bizarrement disparu sur Canal+ et la plupart des sites mais on la retrouve en cliquant sur les liens ci-dessus.
Nos champions tricolores – éternels espoirs toujours décevants – avaient déjà subi quelques moqueries quand leur équipe de coupe Davis avait choisi Monte-Carlo pour affronter les Etats-Unis. Et en 2010, « Action discrète » avaient déployé une belle banderole « Allez la Suisse » lors d’un affrontement avec l’Allemagne.
Et, au moment où le poivrov Depardieuvitch dérape dans la vodka en chantant les louanges de l’autocrate russe, cette distinction fait grincer les dents patriotiques. D’autant que nos vaillants Poulidor de la raquette donnent, comme le tovaritch Gégé, dans les comptes fantastiques. Ainsi, si l’on en croit L’équipe (« Mon fisc, ma bataille » 11/01/12), le gentil Gilles Simon aurait payé en 2006 « après dit-il [sa] 1ère saison pro », 75 % d’impôt en France. Il lance sans rire qu’il a payé les 45 % de la tranche la plus haute. Or, figurez-vous, sous Chirac, en 2006, le taux le plus élevé était de 48,09 % (pire que les socialos donc), mais pour la seule partie des revenus qui dépassaient 50 000 € (et déduction faite des abattements). Puis, assez hardiment, il additionne les impôts proprement dit avec les cotisations sociales et retraite. Pourquoi pas les assurances diverses qu’il souscrit ? ou même la TVA ?Il ne va quand même pas, comme l’admirateur du psychopathe qui dirige la Tchétchénie, jusqu’à 85 % !
De riches héritiers attirés par les helvètes
Mais nos petits princes de la balle jaune peuvent arguer du voisinage de riches héritiers comme des Peugeot, des Primat (héritiers Schlumberger), des Lescure (SEB), des Bich, sans oublier Philippe Hersant qui fait équipe avec Tapie pour racheter une partie du groupe dont il a hérité… On trouve même un ancien ministre de la République, Taittinger qui surveille son champagne de loin. Et on trouve en vrac une Bleustein-Blanchet, une Bouygues ou des Ducros, etc., dont aucun ne s’est décarcassé pour fonder une entreprise. Ils se sont juste donner la peine de naitre et d’hériter !
Cela n’absout pas l’exil fiscal de jeunes gens et jeunes filles – Amélie Mauresmo, par exemple – qui ont pu bénéficier de l’INSEP, de bourses et d’entraîneurs… On peut, comme le proposaient des députés UMP, envisager d’exclure des équipes nationales les joueurs qui ne paient pas d’impôts dans l’Union Européenne.
Mais l’exposition médiatique de ces sportifs ou vedettes (Delon, Aznavour…), ne doit pas masquer que ces tennismen, pilotes, golfeurs, etc. ne sont qu’une fraction des amoureux des alpages du canton de Vaud ou des perches du lac Léman et que l’évasion fiscale ne se limite pas à ces déserteurs. Un journaliste de la Croix a ainsi titré un livre consacré à cette évasion : Ces 600 milliards qui manquent à la France.
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